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Le grand Passage à Aix-les-Bains : ni SDF ni marginaux, « ce sont des gens qui ont eu un parcours de vie difficile »

Par Jérôme Bois • Publié le 15/01/21

Notre article sur les marginaux dont les agissements étaient dénoncés par les riverains du grand Passage, rue Boyd, a suscité bien des réactions ; des Aixois résidant près du square Alfred-Boucher et de l’esplanade Léon-Grosse, ont fait connaître leur désarroi face à une situation ancienne. Pour les mêmes raisons. Reste à savoir qui sont ces gens, assez peu nombreux finalement, et loin d’être les grands délinquants décrits par nombre de ces résidents. 
On sentait le dépit en même temps qu’un sentiment de ras-le-bol dans les innombrables commentaires ayant alimenté le sujet sur ces marginaux du grand Passage, dont nous évoquions les agissements le 29 décembre 2020. La Riviera des Alpes connaît aussi ses petits tourments. « Le problème est le même place Clémenceau » , « idem rue de Genève, mais il ne faut rien dire, c’est devenu la norme » , sans oublier les tacles adressés aux autorités « qui se déplacent mais ne peuvent rien faire ». Désabusés, certains allaient jusqu’à comparer le grand Passage avec « la cour des miracles » ce qui rend moins hommage à Victor Hugo et à la diversité qu’à un grand laisser-aller quand il n’y a plus de règles. « Pour avoir vécu dans l’immeuble d’en face » , se souvient Melissa, « oui c’est l’enfer. Et circuler le matin, à 6h, pour aller au boulot, entre les cadavres de bières et les poivrots, c’était sympa aussi ». En matière de magie, du reste, on attendra car « il n’y a pas de solutions miraculeuses » , rappelait un Aixois. Pas même l’étrange suggestion consistant à « mettre les systèmes d’arrosage en route » , soit dit en passant.

« Ni SDF ni marginaux »

Oui, c’est un drôle de manège qui se joue quotidiennement et depuis longtemps au-delà des portes de ce passage. Un manège tantôt agressant pour ceux qui vivent à proximité, inoffensif, la plupart du temps. « Je passe devant eux en journée » , détaille une habitante, « lorsqu’ils sont moins alcoolisés, ils ont toujours été sympa… Je ne les ai jamais vus agressifs mais je n’habite pas à côté non plus et ne subis pas à longueur de journée les incivilités décrites ». Selon elle, les cameras ne seront pas « la solution miracle. Elles rassureront le passant » , tout au plus. En effet, avait promis le maire Renaud Beretti, une caméra sera installée, prochainement. 

Le grand Passage (Google streetview)
La réalité est bien celle-ci, ils ne sont généralement pas agressifs, ne sont ni sans domicile fixe ni marginaux. « L’ensemble du groupe de 5 à 6 personnes auquel nous avons à faire est logé. Un seul, se présentant comme étant à la rue est en réalité logé chez une dame » , explique Abdelaziz Albahraoui, chef de service à la Sasson. Ils sont tous connus des services et l’un d’eux a même un emploi, en insertion. « Nous avons dénombré une personne présentant des troubles psychologiques. C’est un groupe constitué, ils se connaissent tous mais n’ont sont pas intimement lié, ce groupe est fragile, lié par l’isolement et la consommation d’alcool. Ce sont des amitiés de circonstance ». A dire vrai, pour la Sasson, ce groupe de personnes est « anecdotique ». « Ce sont des gens qui ont eu un parcours de vie difficile, qui ont connu la rue mais qui ne sont ni SDF ni marginaux ». Et ils ne sont pas davantage « méchants » , agressifs, comme on pourrait l’imaginer, ils détonnent, simplement, dans un environnement plutôt placide, celui du centre-ville d’Aix-les-Bains. « Ils sont forcément plus visibles à Aix qu’ailleurs ». Aux dires d’Abdelaziz Albahraoui, cela faisait un moment « qu’on n’avait plus eu de nouvelles d’eux square Alfred-Boucher ». Leur retour s’est fait parce que les animations de Noël se sont mises en sourdine, en cette fin d’année. 

Unique solution pour la police, « les harceler »

La Sasson intervient auprès d’eux, régulièrement, pour « faire de l’info » , tout comme la police municipale le fait. « Nous gardons le lien avec eux » , ajoute le chef de service, « ils sont généralement abordables et nous ne les avons vus impliqués dans aucune bagarre ». La police nationale, elle, intervient, lorsque l’exige la situation. « Nous faisons de la répression, de la verbalisation mais ça n’a pas grand intérêt, ils ne sont de toute façon pas solvables. Nous intervenons à la demande des habitants et au bout d’un moment, ces gens s’en vont ailleurs » , résume le commandant Borel. En cas d’ivresse, « on les place en cellule de dégrisement, ils ressortent le lendemain ». Unique solution pour les autorités afin de les contraindre à baisser le volume, « les harceler, entre guillemets ». L’alcool, le bruit, les actes d’incivilité pour cause d’ivresse, la manche, pas réellement agressive, c’est à peu près tout ce qui est à mettre à leur débit. Pas de prostitution, donc, ni de trafic de stupéfiants, « peu de vols » , selon la police. « Nous faisons ce qui est possible, parfois, on ne peut pas intervenir en cas d’incident, lorsqu’il n’y a qu’un seul équipage de disponible » , souffle le commandant Borel. Entre « de la petite délinquance » et le ras-le-bol de riverains aixois, peu de solutions subsistent, sinon l’espoir de voir ces gens se réinsérer au sein d’une société qui avance sans attendre ceux laissés sur le bas côté.

Tous les commentaires

3 commentaires

Unknown

15/01/2021 à 17:44

Effectivement c'est une situation très compliquée et difficile à vivre !
de ce fait je suis partie d' AIX LES BAINS je me suis retirée à la campagne!!!

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Unknown

15/01/2021 à 19:56

Et bien, vous avez bien fait, mais attention à la campagne il y a les coqs et le cloches

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Unknown

24/06/2021 à 13:50

Bonjour,
Comment pouvons-nous agir ? En effet en tant que riverains nous nous sentons démuni à les voir squatter tous les jours place clemenceau, à boire, se droguer, se bagarrer, accoster les riverains...

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fadila

24/06/2023 à 10:39

pourquoi les gens son hord il son pas la brille ?

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