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Savoie / Haute-Savoie : être « jeune élu », ça ne s’improvise pas
Par Jérôme Bois • Publié le 06/01/21
Sollicités pour leur fougue, leur dynamisme, leurs idées nouvelles, pour un renouvellement des cadres ou pour faire le nombre et atteindre un quota de jeunisme, les jeunes futurs élus sont des spécimens recherchés à défaut d’être toujours considérés. Trois élus, jeunes, savoyards, se sont servis de leur expérience pour créer la fédération des jeunes élus de Savoie Mont-Blanc, une initiative née à Aix-les-Bains qui vise à rassembler ces novices, à décrypter leurs problématiques, à leur faire bénéficier d’un réseau de contacts et de connaissances sur les sujets majeurs des deux Savoie. Cette fédération, si récente soit-elle, a déjà attiré de nombreux curieux, désireux de faire connaître leur témoignage et de s’impliquer dans l’aide apportée à ces élus lancés dans le grand bain.
« Les jeunes démocratisent la politique »
Six ans plus tard, accompagné de Pierre-Louis Balthazard, tout frais conseiller municipal, ancien président des Amis du jardin vagabond, il matérialise ce vieux souhait, impliquant Florent Benoît, maire de Vulbens, dans la partie. « Nous nous adressons à ceux qui n’ont pas de réseaux, qui ont eu du mal à entrer dans leurs fonctions, surtout en 2020 avec la crise sanitaire, qui se posent des questions sur leurs interlocuteurs, sur les codes à connaître » , avancent-ils en préambule. « Ils ne savent pas forcément comment fonctionne la vie publique ». « Nous sommes partis d’une problématique, chaque élu doit bénéficier d’un réseau personnel et politique et souvent, dans les petites communes, ces jeunes élus sont les parents pauvres, moins informés, moins au fait des usages. L’idée est de permettre à chacun de faire remonter ses problématiques et d’avoir une tribune pour le faire » , précise Nicolas Poilleux, « car les jeunes démocratisent la politique ». La plateforme sera donc savoyarde et exclusivement. « Les jeunes ont besoin d’être fédérés, notamment autour de problématiques locales et nous, nous avons besoin de pouvoir repérer les talents ». Rien de comparable n’existait alors, sinon en Normandie, où a été créée l’association des jeunes élus de France, qui a rapidement pris contact avec nos Savoyards, l’été dernier. « Nous voulons rester Savoie Mont-Blanc » , tranche le jeune Aixois, « sans étiquette politique ».
« J’ai été choisi pour ma capacité de travail »
Organisée autour de deux présidents, Pierre-Louis Balthazard et Florent Benoît, la fédération, si elle n’a pas été officiellement lancée, s’est déjà faite connaître puisque de nombreux élus ont pris attache : « Les jeunes n’ont pas vocation à être des potiches » , souligne le jeune maire (30 ans) de Vulbens, après un mandat de conseiller municipal, « ni pour entrer dans des cases. Nous avons des idées ». Parfois attirés par la lumière des projecteurs, plus par ego que par conviction (parfois, donc), ces jeunes peuvent rapidement se brûler les ailes, rattrapés à un échelon où la faute et la méconnaissance des sujets ne sont pas tolérées, mais Florent Benoît refuse d’en faire une généralité : « Le bling-bling, ça dure deux minutes, il faut travailler, avec les autres, avec les services et dans mon cas, savoir animer une équipe ».
Former les élus, une première étape essentielle
De son côté, au Bourget-du-Lac, Emilie Acquistapace, 32 ans, a également rapidement trouvé ses marques. « Nicolas Mercat a été désigné tête d’une liste composée aussi d’élus expérimentés, comme Edouard Simonian et Roland Meunier. Nous avons mis en place un système de binômes pour accompagner les élus dans leurs fonctions » , une situation qui a facilité la tâche de celle qui est devenue première adjointe. Les bonnes pratiques parlons-en : « C’est l’un des objectifs de la fédération » , suggère Emilie Acquistapace, « partager ce que sont les bonnes pratiques pour aller au-delà de ce qu’offrent les seules équipes de campagne ». En somme, pouvoir sortir de la zone de confort offerte par le cocon municipal. Le code général des collectivités territoriales (CGCT) indique dans son article L-2123-12 que « les membres d’un conseil municipal ont droit à une formation adaptée à leurs fonctions » , dont les frais sont à la charge de la commune. Elles sont nombreuses, tournent autour des problématiques rencontrées par tout élu sur sa commune, telles que les fondamentaux à l’urbanisme, les relations entre les élus et l’administration, la communication dans les petites communes, les responsabilités des élus locaux… Encore faut-il le savoir et c’est pourquoi la fédération se propose de faire le lien avec les associations des maires, la fédération des élus de Savoie et même avec les entreprises jusqu’à devenir centre de formation. Une plateforme internet devrait rapidement voir le jour afin de recenser les principales ressources à destination de ces élus et de proposer des ateliers thématiques sur le Lyon-Turin ou la digitalisation des territoires, notamment, des sujets en lien avec la diversité sociologique des deux Savoie. d’où la volonté assumée de « rester Savoie Mont-Blanc ». « Il y a tellement de choses importantes, qu’il ne faut surtout pas que l’âge justifie qu’on les prenne à la légère. L’association doit servir à former sur ces sujets » , poursuit l’élue bourgetaine.
Chercher du sens
Fédération des jeunes élus Savoie Mont-Blanc, 18 – 40 ans : adhésion 15 euros. 80 avenue du Petit-Port, Aix-les-Bains.
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