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Aix-les-Bains : le grand retour… de l’emprunt et de la dette dans le débat d’orientations budgétaires
Par Jérôme Bois • Publié le 24/02/21
Lundi 22 février, le rapport d’orientations budgétaires a été débattu, à Aix, et c’est peu dire que ce débat n’a pas été un long fleuve tranquille pour la majorité, contrainte par un contexte étouffant. Alors oui, les choix qui ont été faits n’emportent pas l’adhésion de tous et le maire a dû les défendre envers et contre tout.
Si vous vous intéressez de près à la situation budgétaire de votre commune, vous n’échapperez pas au « contexte » , à la fois sanitaire et économique, social et financier. Les finances de la cité thermale sont « fragilisées » , les recettes du casino sont en berne, « il reste trop d’incertitudes sur la reprise de l’activité touristique et thermale » , rappelait Renaud Beretti. Certes, ville moyenne privilégiée, selon ses dires, certes, elle n’actionnera pas le levier fiscal, mais les choix seront contraints. Pour mémoire et c’est l’usage, chaque année à la même époque, il convient de rappeler qu’un débat d’orientations budgétaires (DOB) fixe, comme son nom l’indique, une orientation. Les chiffres présentés restent provisoires, les plus proches possibles de la réalité. Le mois prochain, le budget, ferme et définitif, sera soumis au vote.
Des oppositions très dubitatives
Les remarques, lundi 22 février, n’ont pourtant pas traîné puisqu’en pleine séance nous parvenait un communiqué d’Aix Naturellement : ce rapport d’orientations budgétaires soulève « de vives inquiétudes » , titrait le communiqué. « Le budget, tel qu’il sera proposé fin mars 2021, n’est qu’un agrégat de mesures non chiffrées. Sans annonce de cap, sans perspective pour la ville, ces mesures s’avèrent ne présenter aucune cohérence. Le groupe Aix Naturellement ! relève notamment que le document ne fait rien apparaître en matière de politique de développement durable, rien sur les économies d’énergie et rien sur le développement des mobilités douces par exemple ». Marina Ferrari faisant en outre remarquer en séance que l’augmentation des dépenses de personnel cohabitait mal avec la baisse des recettes. De même que les dépenses de communication, un reproche dont elle s’est fait une spécialité. André Gimenez regrettait, lui « un document assez pauvre » , présentant trop « peu de mesures sociales ». « La pérennité des investissements est garantie par le recours à l’emprunt et la vente de biens communaux » , fit-il. Enfin, Dominique Fié cherchait en vain des orientations dans ce fameux rapport de 34 pages remis aux différents élus. « La situation est certes fragilisée mais moins que celle de beaucoup de concitoyens ». Le lancement de grands travaux et d’études ne caractérise pas, selon lui, « un budget ambitieux en investissement ». Côté social, « rien de nouveau, nous n’avons pas vu passer d’augmentation de la subvention versée au CCAS » tandis qu’il réclamait l’abandon de gros investissements tels « les parkings sous la place du marché et des anciens thermes ». L’un des premiers indicateurs dont l’évolution traduit assez bien quelle période nous vivons, est l’épargne brute, en forte baisse (3,7 millions d’euros) par rapport aux deux exercices précédents, notamment (6,1 en 2018 et 6,4 en 2019), une baisse due « à la chute des recettes. Les communes qui s’appuient sur la taxe foncière et la taxe d’habitation se maintiennent, généralement, celles dont les recettes dépendent davantage de l’activité touristique connaissent des fortunes diverses » , expliquait Michel Klopfer, dont la présentation liminaire des finances municipales et de leur évolution sur les six dernières années, se voulait pédagogique avant tout.
L’encours de la dette en hausse, la capacité de désendettement s’allonge
Ainsi, en 2020, les recettes de la commune ont souffert des exonérations du stationnement durant les deux périodes de confinement et de la baisse des recettes du casino. Pendant ce temps, les dépenses ont été alourdies par les primes accordées aux agents et surtout les mesures Covid. Les dépenses d’investissement se sont maintenues à un niveau honorable en dépit de l’arrêt des chantiers durant trois mois en 2020. Idéalement, l’épargne brute « doit représenter la moitié du financement de ces investissements, c’est l’indicateur à surveiller comme le lait sur le feu » , détaillait Michel Klopfer, du cabinet éponyme, mais cette épargne en baisse, la capacité à investir diminue et la ville doit trouver des « artifices » comme l’endettement. L’encours de la dette devrait ainsi passer à 37,5 millions d’euros en 2020, un niveau plus bas qu’en 2014, au moment où Dominique Dord entamait le grand chantier du désendettement de la commune. La capacité de désendettement qui s’élevait à 5 ans en 2019 devrait atteindre les 10 ans en 2020. En 2020, « Aix s’est réendettée ». On comprend donc mieux à quel point la commune est fragilisée par la crise, par ses interventions directes de soutien à l’activité économique. « Nous cherchons de nouvelles formes de financements » , convenait Marie-Pierre Montoro-Sadoux, première adjointe, en charge des finances, « par la cession de biens et le recours à l’emprunt ». Elle rappelle que « la ville a été bien présente » , qu’aucun secteur d’investissement n’a été oublié, de l’urgence climatique via, par exemple, la rénovation énergétique des bâtiments, à la mobilité. « Le parking des Prés Riants de 350 places comportera un pôle mobilité, c’est bien la preuve que nous en tenons compte » , martelait-elle. Renaud Beretti saluait, lui, « un débat serein et constructif » , dans une « situation anormale » , dans un mandat « qui ne s’écoule pas démocratiquement comme il devrait ». Le maire a promis que l’investissement s’effectuerait « pas à pas » , sans grands effets d’annonce. Il prit en exemple les travaux sur la voirie, soumis à des aléas de pentes, d’étroitesse… De la dentelle fine, ce qui n’a pas été de nature à rassurer les minorités.Si la présentation introductive de Michel Klopfer a eu le mérite de désépaissir ce brumeux domaine de la comptabilité, elle n’a pas pour autant réjoui l’ancienne première adjointe, Marina Ferrari : « La nouvelle recette budgétaire de Renaud Beretti » , écrivait-elle dans son communiqué, « donne des ressources allégées, des dépenses de plus en plus salées, le tout arrosé d’une bonne dose d’emprunt. Sans doute est-ce en raison de cette tension extrême sur les capacités budgétaires de la ville, que Renaud Beretti a jugé utile que le cabinet d’audit accompagnant la commune soit présent en début de conseil, sans que nous n’ayons été prévenus, pour faire avaler la pilule aux aixois ». Un cabinet dont la présence sera désormais annuelle, en préambule des futurs DOB.Qu’il sera difficile, pour les communes, de bâtir un budget solide dans ce contexte si instable…
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