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Chambéry : le centre social des Combes dans l’œil du cyclone
Par Jérôme Bois • Publié le 03/02/21
Que se passe-t-il au centre social et culturel des Combes ? Pourquoi cette agitation dans les rues des Hauts de Chambéry autour de cette structure ? Les langues se délient, les accusations prennent corps et tous les regards se tournent vers le directeur du centre, Guillaume Holsteyn, au sujet duquel une procédure de rupture conventionnelle a été engagée après que le conseil d’administration a refusé de lui imputer une faute grave. En attendant, la sphère sociale vacille pour la troisième fois, sur les Hauts, après la mort des centres des Châtaigniers et de Pugnet.
Un trou financier « jamais connu en 50 ans d’existence »
« Il nous avait vendu un véritable réseau national »
Pourquoi un tel gouffre financier ? « Il a négligé la demande des subventions et les bilans des actions du centre. Nous recevons une partie des subventions lorsque l’on met une action en œuvre, le reste arrivant après divulgation du bilan de l’action » , bilan préparé par les animateurs, dans ce cas non transmis par le directeur. Parmi les dysfonctionnements observés, le logement de fonction que Guillaume Holsteyn n’aurait pas occupé mais qu’il aurait proposé à l’un de ses collaborateurs. « Non, c’est une interprétation » , reprend Marie-Jeanne Tivollier, « il n’y a pas de logement de fonction ». Selon Farid Rezzak, « un animateur du CSC a bénéficié gratuitement d’un ancien logement mais c’est assez flou : il existe deux versions à ce sujet, le directeur lui aurait fait bénéficier du logement ou un ancien élu de la précédente majorité lui aurait donné les clés ». Aujourd’hui, la municipalité travaille « à trouver un autre logement à cet agent » , dans des conditions normales.
Et maintenant, revenir aux missions essentielles du centre social
De la négligence, l’association « Dépanniers », qu’il co-présidait, en aurait également fait les frais puisqu’impliqué dès la création de la structure le 7 mai, lors du premier confinement de mars, l’ex directeur n’aurait en définitive… jamais déposé ses statuts en Préfecture de Savoie, à la grande surprise des autres membres, parmi lesquels des élus de Demain Chambéry. Or, « Dépanniers » , qui disposait de toutes les autorisations requises, a alimenté de nombreuses polémiques, au sein du quartier puisque de nombreux repas n’auraient pas été facturés et « des gens se sont retrouvés avec des paniers repas alors qu’ils n’avaient rien demandé » , souffle Driss Bourida, « je l’avais du reste dénoncé » , ajoute-il. Ces informations sont cependant difficiles à confirmer : « Les statuts de l’association devaient être déposés, ils ne l’ont jamais été. Et nous n’avons pas de compte bancaire » , résume Irwin Roussel, trésorier de Dépanniers. « La mission du CSC était de facturer et d’établir les listes des personnes bénéficiaires avec les services de l’Etat et des assistantes sociales ». « S’il s’agissait d’une action louable » , reconnaît Aloïs Chassot, « il ne fait aucun doute que cette association avait des visées politiques, pendant la campagne, nous avions eu ce genres d’échos ». Des échos faisant état d’un vif soutien du directeur à la candidature de Thierry Repentin. Depuis octobre 2020, le CA se réunit très régulièrement pour tenter de trouver une sortie honorable à cette situation, un expert comptable a même été nommé. Quant au centre à proprement parler, il se trouve être le troisième à connaître une situation calamiteuse après les centres des Châtaigniers et de Pugnet**. « S‘il faut le municipaliser, ce sera une transition et pas du » quoi qu’il en coûte «. Nous n’avons pas le droit d’avoir un centre social qui se casse la figure » , tranche Farid Rezzak. Se pose alors la question du modèle de ces centres sociaux, un point sur lequel Aloïs Chassot souhaite appuyer : « Nous avions commencé à réfléchir durant la campagne sur un nouveau mode de gouvernance, les cas des Châtaigniers et de Pugnet nous avaient faits tiquer. Une ville finance un centre social et n’est pas impliquée dans sa gestion. Pour nous, il était très difficile d’avoir accès aux comptes, sauf que comme nous avions plutôt tendance à lui faire confiance, nous lui avions laissé du temps. En début de mandat, je pense que les choses auraient été différentes ». Pour Driss Bourida, « le sujet doit être désormais traité techniquement, pour le quartier, les centres sociaux ne fonctionnent pas et les gens n’en peuvent plus. La Caf apporte beaucoup d’argent dans le financement des centres sociaux, elle a un cadre juridique ». Peut-on alors changer de modèle ? Difficile à dire « mais il faut agir vite, revenir à l’essentiel des missions du centre me semble la bonne solution car ce qui se passe aujourd’hui fragilise une nouvelle fois le quartier ». « Il ne peut pas y avoir un centre social comme seul pilier de l’action sociale sur les Hauts » , abonde Farid Rezzak, « nous voulons qu’il se recentre pleinement en tant que centre social ».C’est une sorte de boule puante dont se serait bien passée le conseil municipale, concerné à plus d’un titre puisque la compagne du directeur Guillaume Holsteyn est membre de cette assemblée, en qualité d’adjointe.
Contacté, Guillaume Holsteyn n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.
* Suite à la mise à disposition des locaux de Pugnet à l’association Al Andalous, dont l’activité principale est l’enseignement de l’arabe et d’étude sur l’islam. Une mise à disposition qui n’a, semble-t-il, fait l’objet d’aucune convention passée avec la mairie, ce que nous a affirmé Aloïs Chassot. « Nous avions adressé un courrier à la mairie, suite à cette démission et autour de l’attribution de ces locaux à l’association, afin d’y voir plus clair. Nous l’avions fait cet automne, nous n’avons jamais eu de réponse ». Le 1er décembre dernier, une perquisition, autorisée sur ordonnance du tribunal judiciaire de Paris, avait été menée au domicile de son président, Farid Slim pour « apologie de terrorisme ». Une perquisition qui avait suscité « l’incrédulité » des membres de l’association.
** Un collectif s’est formé afin de reprendre les activités du centre social de Pugnet, jusqu’ici sous la tutelle du CSC.
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1 commentaire
Unknown
03/02/2021 à 21:45
Juste une précision : l'association Posse 33 a repris une partie des activités de l'ancienne structure et anime depuis 2 ans, avec les moyens qu'on lui a attribué, l'animation de la vie sociale sur les Châtaigniers. En lisant l'article, on pourrait penser qu'il ne se passe plus rien aux Châtaigniers ce qui n'est pas juste.