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Chambéry : « Manon Werner band », hors de contrôle

Par Jérôme Bois • Publié le 13/02/21

A l’heure des clopinettes et des bouts de ficelle pour survivre ou exister, certains artistes se sont rappelés au bon souvenir de leurs fans via des live concerts quand d’autres ont tout simplement cessé toute activité. Il reste ces spécimens rares, ceux qui ont poursuivi leurs objectifs (presque) comme si de rien n’était. Manon Werner et son groupe n’ont pas cessé de se projeter,  en dépit de l’annulation de leurs concerts, et ont réalisé un clip, plus d’un an après la sortie d’Inside, leur EP. A deux semaines du lancement officiel d' «Out of control », retour sur une génèse à peine contrariée.

(@Reynald Reyland photographe)
On n’irait pas jusqu’à avoir l’audace de dire que les confinements successifs leur ont été indolores. Comme tout le monde, Manon Werner et sa bande ont « eu les ailes coupées » , fauchés en plein vol par un virus du genre récalcitrant, jugez plutôt : deux dates au Brin de Zinc et au Jazz club de Savoie et fermez le ban. Exit, donc, le weekend du blues, le Prix des neiges au parc des expositions, Musiques en fête, le concert du nouvel an au Phare, une prestation à Arcachon… Bref, une débandade dont on ne sait quand on en sortira. La trajectoire du « Manon Werner band » était pourtant rectiligne : enregistrement d’un EP de trois titres fin 2018, premières dates un an plus tard… Forts d’une ambition sans limite, les six membres avaient pris la vague. La suite, on la connaît, la vague n’était pas celle que l’on croyait.Pour qui connaît l’intéressée, Manon Werner est un phénomène. Une tête bien faite qu’on jurerait trop pleine. Véritable touche-à-tout, nourrie de toutes les musiques et boulimique de projets. A tel point qu’au fil du temps, avec le contexte sanitaire, un tri a été nécessaire. Un duo de reprises des années 50 à nos jours, ManMax, des prestations solo pour Zicomatic, son chœur avec une dizaine d’adolescents (pour les 12/17 ans) et R’Blues, pour occupations, la chanteuse a dû mettre le reste – les cours de chants, Melomann’ – en sourdine sous peine de surmenage. Elle s’est donc recentrée sur l’essentiel et notamment sur son band, qu’elle souhaite faire grandir plus encore. Et finalement, plutôt que céder au fatalisme, elle a chamboulé ses plans et avancé. Il faut dire que jouer dans des foyers d’accueil n’avait rien de déshonorant, au contraire, mais « faire, avec mon guitariste, un live masqué, ce n’est pas quelque chose de très agréable ». Restait donc son groupe.

Un missile dans la sinistrose

« Manon Werner band » est un ensemble de six musiciens (un guitariste, un batteur, un bassiste, un clavier et un saxophoniste, en plus de sa voix) qui mêle compositions et reprises. Un groupe baptisé du nom de Manon, ce qu’elle ne désirait pas, au départ, « mais les hommes du groupe voulaient en bénéficier » , notoriété oblige. « Et puis l’EP était sorti sous mon nom » , sourit l’intéressée. Après avoir récolté les moyens de le financer, la voici à deux semaines de présenter son premier clip, « Out of control », morceau le plus rock tiré de l’EP « Inside ». « C’est un EP qui parle de mes sentiments. Le message d’Out of control est, en gros » aidez-moi, de n’importe quelle manière avant que je n’explose« . Une déclaration d’amour à son hypersensibilité. » Il parle des conflits intérieurs que nous avons et qui nous font devenir fous« . Elle s’y met en scène avec délice, passant de la verve animale sur scène à l’atonie totale, cloîtrée dans une cellule psychiatrique, comme pour mieux » voir ce qui se passe dans ma tête« . Energique et volontairement rock, » Out of control » est un missile en plein dans la sinistrose, un bras d’honneur à l’abattement.Le clip était « prévu courant 2021 car nous avions beaucoup de dates à assumer avant. Finalement, il arrive plus tôt, on reste dans l’actualité« . Cette adaptabilité les a maintenus à flots. Pour parvenir à ses fins, Manon avait lancé une cagnotte en ligne, close depuis décembre 2020, et une fois la somme obtenue, direction la Haute-Savoie, quelque part entre Marignier et La Roche-sur-Foron pour enregistrer, avec Blue Hats productions. » Les séquences dans la cellule psy ont été réalisées dans la benne d’un camion qui, un jour, s’est affaissée à cause de la pluie« , pour l’anecdote. Le groupe souhaitait » quelque chose de différent« , et sans céder à la crise, il a déjà tiré son épingle du jeu. » C’est notre premier clip professionnel, quelque chose qu’on souhaitait absolument faire et que l’on veut désormais faire tourner un maximum« , confie-t-elle, comme un marchepied pour chercher de la reconnaissance en dehors des frontières savoyardes. » Nous avions déjà fait le choix de sortir l’EP en « physique », pour inciter les gens à venir le découvrir en live« , pour ceux qui ont eu cette chance, l’énergie est la même, comme le teaser vous en convaincra. En attendant un prompt retour à la normale parce que » nous sommes là pour être en contact direct avec le public, discuter et boire un coup après le concert avec lui« , déclarait-elle sur sa page perso. » Et pendant le concert, nous sommes là pour vibrer tous ensemble et ne faire qu’une seule et même énergie. Nous sommes juste la face émergée de l’iceberg«.Le 26 février, c’est une étape capitale que vont accomplir ces six camarades de jeu. A découvrir sur les réseaux sociaux et sur Youtube, dès 16h. Soyez prêts. Et un peu patients.

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1 commentaire

Unknown

18/09/2021 à 17:24

SUPER

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