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Chambéry : vers deux années de grande prudence sur le front budgétaire

Par Laura Campisano • Publié le 25/02/21

Alors que démarraient les travaux du stade de Chambéry pour une durée de 18 mois, l’équipe municipale avait la tâche ardue, lundi 22 février, de tenter de se projeter dans un avenir incertain. Tel sera par ailleurs, et nous l’avons souligné à Aix-les-Bains, le lot des collectivités locales, devant s’adapter sans cesse aux injonctions nationales dues à la crise sanitaire qui n’en finit pas. Ainsi quand dans un rapport d’orientations budgétaires prudent, la majorité a esquissé les contours de l’évolution des investissements et des finances de la commune, la minorité s’est quant à elle insurgée contre sa « léthargie » et son « absence d’ambition. »
Peut-on véritablement faire comme d’habitude, un rapport d’orientations budgétaires solide pour sa commune en 2021 ? Avec la crise qui paralyse l’avenir, décider d’investir 25, 6 millions d’euros par an à Chambéry ressemblait à une gageure. D’autant que Thierry Repentin, prenant la parole à la suite des explications de Pierre Brun, n’a pas manqué de préciser qu’il ne s’agissait « que d’un rapport dont on prend acte ce soir. Les orientations changent aussi avec la présence des partenaires et les règles du jeu édictées par l’Etat au travers de la Loi de Finances. ». Un scénario de référence et 4 autres scenarii ont ainsi été exposés ; le premier emporte largement l’assentiment de la majorité au vu de sa faisabilité mais confronté au rejet assez clair du « bloc » de la minorité.

2021 – 2022 : deux exercices avec peu de marges de manœuvre en investissements

L’annonce du chiffre de 25 millions d’euros d’investissements n’a pas semblé ravir l’ensemble des élus. Pourtant, Pierre Brun dans une approche qui se voulait pédagogue, a voulu démontrer qu’en raison de la situation traversée en 2020, par l’ensemble des collectivités dont Chambéry, « le but est d’aller chercher des recettes et des cofinancements, pour tout les projets » reconnaissant par ailleurs que l’objet de la mandature « n’était pas le développement de grands projets » et que la majorité était davantage encline à « rester sur un scénario prudent, proche du scénario de référence. » Pourquoi un tel choix ? « Il permet de faire des investissements pour un montant qui n’est pas ridicule, tout en préservant les ratios financiers et les marges. » Pour Pierre Brun, pas de surprise : 2021 et 2022 seront deux exercices avec peu de marges de manœuvre en investissements compte tenu d’abord des dépenses obligatoires, des engagements juridiques déjà en cours, à l’instar du stade, de Vetrotex et de Vert-Bois, sans compter les projets qui seront arbitrés en 2021. « Grâce au cabinet d’audit, (qui a réalisé ces 5 scenarii, NDLR) nous savons maintenant l’impact des choix qui pourraient être faits », a-t-il fait valoir, « 2023 nous laissera plus de liberté et d’espace pour développer un certain nombre de projets. » Vœu ou projection ? Toujours est-il que pour l’heure, le temps n’est pas aux dépenses somptuaires mais plutôt à la réserve. Du moins est-ce l’idée de la majorité, qui n’a pas manqué de provoquer l’agacement des élus de la minorité particulièrement remontés ce 22 février. 

De grandes orientations communales articulées autour de quatre grands thèmes

Après avoir exposé les cinq scenarii envisagés, ce sont les grandes orientations communales qui ont été énoncées pour l’exercice en cours. Quatre grandes thématiques ont ainsi été détaillées : la transition écologique et solidaire, la priorité à la jeunesse et à l’éducation, les services publics de qualité et le dynamisme dans tous les quartiers et Chambéry ville citoyenne. Au titre du thème de la transition écologique et solidaire, 500 000 euros seront affectés, avec le concours de l’agence de l’eau à hauteur de 80%, à la rénovation des cours d’école notamment, ainsi qu’à la végétalisation des cours, qui entre également dans la thématique de la priorité à la jeunesse et à l’éducation. On se souvient du début de l’été 2019, invivable dans les écoles savoyardes, qui avaient amené les collectivités à prendre des dispositions. Une réalité du réchauffement climatique et du manque criant de végétation dans les écoles et dans les villes en particulier. Suivent 30% de repas bio dans les restaurants scolaires, le recrutement d’Atsem, déjà débuté en janvier 2021 ainsi qu’un programme d’éducation artistique qui amènera à la nomination d’un chargé de projet culturel. Dans le cadre de la citoyenneté, les états généraux seront organisés et un budget participatif d’un montant de 300 000 euros pourra être affecté à un projet en concertation avec les habitants. De même, les adjoints de quartier, une police municipale de proximité et une nouvelle dynamique pour les marchés de plein vent, ainsi que le soutien aux commerçants seront des points importants de la mise en œuvre des projets municipaux. Intéressant, mais pas assez pour la minorité qui a pris la parole après l’exposé détaillé de Pierre Brun. C’est Philippe Cordier qui a dégainé le premier, fustigeant ce rapports d’orientations budgétaires « à l’image des premiers mois de ce mandat, sans ambition, sans envie. Trente pages de retour sur le passé et de généralités macro-économiques, 10 pages d’hypothèses techniques et comptables, 4 petites pages sur l’avenir, sans relief ». Pour le conseiller municipal d’opposition, « la rénovation thermique des bâtiments n’est pas la préoccupation principale des chambériens aujourd’hui » regrettant qu’il n’y ait « rien sur l’indispensable dispositif permettant aux acteurs locaux, associations sportives et culturelles de sortir de la crise qui les aura durement touchés » ni « rien de concret sur le soutien aux commerçants. » Pour l’opposition, l’attitude de la majorité vise à « court-circuiter et marginaliser le conseil municipal » qui est la seule « instance qui a la légitimité des urnes », « négligée au profit d’un processus de décision en catimini, dont quelques échos nous parviennent de temps à autre par voie de presse et au mieux agrémenté par un vernis de concertation. » Sur la culture, Alexandra Turnar a elle aussi évoqué sa surprise quant à l’absence d’orientations précises sur le sujet, faisant fi des annonces, insuffisantes selon l’ancienne adjointe en charge de ces questions, ainsi que de la lettre ouverte de Thierry Repentin à l’adresse de la ministre de la culture pour la réouverture en phase test des équipements culturels de la ville. 

Une stabilisation des effectifs municipaux, mais pas « d’embauche envisagée »

Il a enfin été rappelé l’impact qu’avait eu la crise sanitaire sur les ressources humaines de la commune, avant d’aborder les projections envisagées pour l’avenir à court et moyen terme. Durant l’année 2020, si le télétravail a été largement développé, aucun chômage partiel n’a été mis en place, tandis que 453 agents ont bénéficié d’une prime « Covid ». Aussi pour 2021, la majorité a exposé vouloir mettre l’accent sur la formation des agents à de nouveaux métiers, accompagner les mobilités et les projets de reconversion. Si l’apprentissage et l’insertion professionnelle mis en avant, laisseront une place de choix à la jeunesse, Pierre Brun a été clair, « l’idée est le redéploiement, il n’est pas question d’embaucher. Nous souhaitons développer tout le potentiel de la collectivité au travers de la formation, du développement du télétravail mais aussi travailler sur l’égalité homme-femme », a-t-il souligné. Objectif : construire « le service public de demain, moderniser l’action publique, impliquer et protéger tous les agents et favoriser l’accès à tous au numérique. » Des projets vertueux, qu’il va sans doute falloir affiner, et surtout préciser, pour obtenir – si possible- l’assentiment de la minorité, qui ne fera aucun cadeau à l’équipe municipale, et un peu plus de marge de manœuvre, dans un contexte encore totalement incertain, au niveau national. 

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2 commentaires

gerard Blanc

26/02/2021 à 16:20

1 parking de 500 places livré à la Cassine, un autre de 500 places en travaux à Ravet, une super-gare achévée, un centre nautique tout neuf, un nouveau stade avec parking lancé, 2 super programmes immobiliers à La Cassine et Vetrotex, ... il est bien temps maintenant d'arrêter de dépenser des millions dans le béton et le bitume des gros équipements et de consacrer argent, énergie et intelligence collective à de "petits" projets humains de proximité dans les quartiers pour tisser et recoudre les liens sociaux, remettre de la nature dans le minéral, apaiser et laisser respirer la ville en réduisant les pollutions. Bref, investir dans la qualité de la vie de tous..

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Corneto

31/03/2021 à 18:38

Vetrotex 10 ans que ça dure, la Cassine un beau voeux pieux qui verra surement jamais le jour, l'Avenue des Ducs toujours aussi moche, grise et peu pratique, la zone de Bissy toujours aussi peu fonctionnelle et immonde, toujours le même marasme au faubourg Montmelian, l'avenue de Lyon toujours autant triste et encombrée, et pour finir des abords de VRU et des entrées de villes digne d'un pays de l'Est ou de l'Apocalypse. Et surtout verdir et naturaliser tout cela ! Il a du boulot sur la planche en terme d'urbanisme, allez faut y aller maintenant, l'avenir n'attend pas, en revanche il peut se faire et de produire ailleurs ! Allez là, fini le blabla, faut y aller là !

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