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Démocratie, amabilités et échanges polis en conseil municipal de Chambéry
Par Laura Campisano • Publié le 22/02/21
Séance du conseil municipal avec quelques points importants à l’ordre du jour à Chambéry, ce lundi 22 février. Mais avant même de les avoir abordés, la minorité a décidé de faire part de son bilan des sept premiers mois du mandat de Thierry Repentin. C’est Aloïs Chassot qui a dégainé le premier et les ripostes n’ont pas tardé à fuser, de part et d’autre du conseil. En cause, un déni de démocratie reproché aux uns et une majorité qui fait bloc opposée aux autres.
Tout avait commencé par des remarques liminaires même si au vu de l’ordre du jour, il était prévisible que la minorité monte au créneau sur les questions d’augmentation de tarifs, de parking, d’énergie, en marge du débat d’orientation budgétaire. Mais les passes d’armes n’ont pas attendu le débat et les invectives de la minorité ont fait réagir, avec un flegme désormais habituel, plus d’un élu de la majorité.
« Nous vous avons laissé le temps… » Aloïs Chassot ironise sur les premiers mois de la majorité
Aloïs Chassot a donc souhaité, au nom de la minorité municipale dont il fait partie, dresser un bilan d’étape de l’action de l’équipe Repentin-Le Meur, non sans une pointe d’ironie. Comme nous l’avions souligné dans un article du 18 novembre, il n’y a pas d’état de grâce pour cette majorité, à peine installée, elle avait dû prendre le relais sur la crise sanitaire et parer au plus urgent, vu la période. Pourtant, non sans une pointe d’ironie, le conseiller municipal Chassot n’a pas hésité à lancer « nous vous avons laissé le temps » qui n’aura échappé à aucun observateur attentif. Quels griefs avait-il à apporter ? « L’appauvrissement du débat démocratique », d’abord, en décidant de n’organiser « que » 5 conseils municipaux par an, contre 10 dans la mandature précédente. « Peut-être que nos questions ou nos remarques vous gênent », a-t-il asséné, dans une plaidoirie préparée soigneusement.
Autre grief ? « Notre groupe a été écarté de la photo officielle, et rien n’a encore été fait pour y remédier. C’est peut-être un détail pour vous mais ça a du sens pour nous. Nos courriers restés sans réponses, sans même d’accusé de réception. » Mais cela ne s’arrête pas là, « nous vous demandons ici officiellement le rapport de l’audit financier sur le Centre social et culturel des Combes. », « pas de prise en considération des habitants au conseil municipal qui était pourtant une promesse de campagne » , Ravet, le stade, le bassin de stockage. On aurait pu être tenté de dire qu’il y avait tout de même une crise sanitaire en plus de tout le reste, mais Aloïs Chassot n’a pas trouvé l’excuse valable. « Il est temps de sortir de la léthargie » a-t-il lancé à l’endroit du maire. « Monsieur le Maire, acceptez le débat au lieu de le fuir » a renchérit plus tard Philippe Cordier, « vous devez sortir votre majorité de la léthargie, de son immobilisme, à son attentisme » allant jusqu’à la métaphore filée sur le « hollandisme » en tant que virus, espérant que Chambéry ne se transforme pas en « cluster » …
Echange d’amabilités sur le dernier conseil communautaire
Tour à tour, chacun des membres de la minorité a dégainé une allocution écrite, déclamée à différents moments du conseil, alors même que les points à l’ordre du jour n’ont pas tous été égrainés. Car s’il est un point qui a cristallisé – et planté le décor de ce conseil – c’est la dernière séance du conseil communautaire dont nous vous avions fait part le 11 février dernier. « Quant aux propos que vous avez tenus Monsieur le Maire, à l’encontre d’une élue de notre groupe, ils sont inacceptables. Vous avez dit, je le rappelle, que vous ne reconnaissiez pas Sylvie Koska comme conseillère déléguée ». « Ce n’est pas contre Madame Koska elle-même », a rétorqué Thierry Repentin, à la fin de cette tribune, non sans avoir rappelé que rien ne l’obligeait à proposer la candidature de l’élue au bureau de l’agglo Grand Chambéry « je comprends cette technique pour exister sur le débat, » a-t-il ironisé, lui aussi, répondant point par point aux critiques qui lui étaient adressées « Vous avez toujours une expression très mesurée, tout comme votre édito dans le magazine municipal était très mesuré. Je regrette que vous n’ayez pas accepté cette main tendue, vous avez choisi ce mode d’opposition. La minorité, sous votre mandature, aurait sans doute aimé avoir une telle place de tribune. Le débat a lieu, personne ne vous prive de parole. » C’était sans compter sur l’intéressée elle-même dénonçant « les propos sectaires et discriminants » du maire à son endroit. « Nous ne sommes pas vos vassaux, nous ne vous appartenons pas » a lancé Sylvie Koska, « comment ne pouvez-vous pas reconnaître la décision du président de l’agglomération ? C’est la preuve que nous respectons la démocratie et la parole du plus grand nombre. » Puis, s’adressant à la première adjointe « Vous, Madame Le Meur, vous êtes devenue ce que vous détestiez. » avant de conclure, « nous sommes légitimes autant que vous, cela s’appelle la démocratie. » « Chaque élu est légitime dans cette assemblée » a rétorqué du tac-au-tac Thierry Repentin, relevant comme il l’avait déjà fait à l’agglo, que cette décision de Philippe Gamen était inédite (lire notre article du 22 février), puisque même Xavier Dullin, « avait fait ce qu’il fallait pour qu’une personne battue aux élections à Cognin ne siège pas. »
« Les paroles ne sont pas suivies d’actes »
Grand reproche fait à la majorité ce 22 février. « Rendez-vous manqué avec l’avenir », « aucune ambition, aucune envie », « les paroles ne sont pas suivis d’actes » Une séance agitée, assaisonnée d’allocutions sur tous les sujets. Une attaque en règle, et une défense solide, à l’image d’un match de finale de Ligue des champions, où les deux équipes sont à couteaux tirés. « Vous reprochez au règlement intérieur de ne pas faire de place aux minorités, pourtant vous pouvez proposer des délibérations, vous avez une tribune dans le magazine de la ville et deux vice-présidents de commission. J’aimerais donc savoir où sont les reculs » a fait valoir Aurélie Le Meur, relevant que de donner la parole aux habitants était toujours d’actualité. « Nous le souhaitons toujours, mais cela prend du temps », a-t-elle temporisé, « nous sommes toujours autant convaincus par rapport à la mise en œuvre de la démocratie mais il faut la co-construire. » Quant à Ravet, « nous avons toujours la même idée sur le fond, nous avons dû nous adapter à la situation que vous nous avez laissée » .
Au fur et à mesure du conseil municipal, encore trois heures après le début des « débats », coups francs, corners et penaltys ont ainsi été tentés par les élus de la minorité, se plaignant de n’avoir pas accès aux documents en temps et en heure :« On ne peut pas fonctionner comme ça » s’est encore insurgé Aloïs Chassot, « pourquoi vous ne voulez pas répondre aux questions ? » « Ça n’est pas vous qui décidez de l’ordre du jour, vous posez beaucoup de questions, qui n’ont rien à voir avec le débat. » a rétorqué Thierry Repentin. Quand aux alentours de 21h45, a enfin été évoqué le point de la tarification du stationnement, devant entrer en vigueur le 1er mars 2021…« du coup, on peut poser des questions ou ça vous dérange ? Vous voulez peut-être qu’on vous les envoie avant ? » a lancé Aloïs Chassot. Nouvelle prise de parole de Walter Sartori, préparée à l’avance sur l’absence de concertation des Chambériens sur l’augmentation des tarifs de stationnement en surface et en parkings souterrains. « Ne dit-on pas que vous voulez renouer le dialogue avec les Chambériens, de rebâtir la démocratie locale ? Il serait préférable de mettre en accord vos paroles et vos actes. »Le peu de spectateurs du conseil en direct a peut-être compris, qu’une véritable tactique de jeu avait été dévoilée depuis le début du mandat du côté minorité : ne rien laisser passer, ne pas baisser la garde. Et voter contre le débat d’orientation budgétaire, non plus. N’est-ce pas là, finalement, une totale démonstration d’expression de démocratie locale ?
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