Le premier conseil communautaire de l’année sera à marquer d’une pierre blanche, il aura inscrit une rupture dans le pacte de gouvernance conclu dès l’installation des hommes et des femmes qui le composent. Ainsi l’a décidé Philippe Gamen, le président de Grand Chambéry, parce qu’il se ne sent pas « en confiance » et aurait subi « trop de pressions » depuis plusieurs semaines. Pour avoir désigné quatre conseillers délégués sans en avoir référé à qui que ce soit. Dont Sylvie Koska.
Les belles promesses de juillet se sont donc évanouies avec le gros temps. La fraîcheur des débuts, l’euphorie d’une naissance de la nouvelle gouvernance n’auront donc pas résisté aux frimas. C’est le jeu de la politique qui ne se satisfera jamais d’alliances contre nature, explosant au gré du premier soubresaut venu, fut-il insignifiant.
Une des quatre conseillers délégués dans le viseur
Ici, il fallait voir, à travers la désignation de quatre conseillers délégués, le casus belli ayant conduit à cette rupture « des accords » , que Philippe Gamen actera, en début de séance, jeudi 11 février. On rembobine : Aurélie Le Meur, première vice-présidente, symbole de cette gouvernance nouvelle gavée de bons sentiments, prit la parole avant même d’entamer de longs débats financiers, notamment. Son laïus faisait écho à la lettre de Thierry Repentin envoyée aux élus, nous y reviendrons. « Ce temps d’information sur l’état de fonctionnement de la gouvernance de notre agglomération nous semble nécessaire. Nous nous étions accordés sur un modèle partagé. Ce n’était pas évident mais cela s’imposait » , introduisait Aurélie Le Meur. « Nous avions demandé de bâtir un exécutif partagé, avec 15 vice-présidents. A plusieurs reprises, on a interrogé le président pour la nomination indispensable de conseillers délégués à certaines délégations dans le respect des spécificités territoriales ». La déception n’en fut alors que plus grande lorsqu’elle se rendit compte, « il y a quelques jours » que les nominations avaient eu lieu en catimini, information apprise « de façon informelle ». « Les actes sont différents des mots », la vice-présidente dénonça « un fonctionnement solitaire ». Trois de ces quatre conseillers, Dominique Pommat, Marie Perrier et Eric Delhommeau, ne firent l’objet d’aucun débat particulier mais c’est bien Sylvie Koska qui cristallisa le courroux Lemeurien. En effet, élue minoritaire au sein du conseil municipal chambérien, cette dernière ne pouvait, selon de nombreux maires et élus communautaires, prétendre à une place au sein de l’exécutif. « Sans concertation préalable » crut bon d’ajouter la vice-présidente. Nomination dont s’était également ému, par courrier, Thierry Repentin qui s’indigna, jeudi soir, de la désignation « de gens que le suffrage universel a récusé. Plusieurs maires de l’agglomération m’ont dit que ce n’était pas normal ». Le maire de Chambéry rappela que Xavier Dullin avait refusé, voici six ans, l’intronisation d’un élu issu de la minorité de Cognin « afin de ne pas affaiblir l’agglo ». Thierry Repentin avait appris ces nominations via le site internet de la ville, puis dans celui de Grand Chambéry, tous deux gérés par les mêmes services, « ce qui jette une suspicion sur les relations de confiance que nous devons avoir. Nous ne reconnaîtrons pas cette conseillère déléguée ». « Sept mois après l’installation de ce conseil, la gouvernance n’est toujours pas finalisée » , conclut Aurélie Le Meur, garante d’une « représentation équilibrée pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Il n’y a pas de travail en confiance ».
« Oui, je romps les accords »
De confiance, il allait en être question, lorsque le président Gamen reprit le micro. « Je prends note que tout va mal, que rien n’avance, je souhaiterais tout de même savoir combien, parmi vous, partagent cette vision des choses. La nomination des conseillers délégués était à la discrétion du président. Il y a bien eu un accord, au début, j’avais fait un premier pas en nommant des vice-présidents qui n’avaient pas voté pour moi ». Notez l’emploi du prétérit. « En retour, je n’ai eu que des pressions politiques de groupe ». La nomination de Sylvie Koska, pour seconder Brigitte Bochaton, maire de Jacob-Bellecombette, laquelle a repris une compétence « gens du voyage » dont personne ne semblait vouloir, se justifiait, selon Philippe Gamen. « C’est une élue de Chambéry. Lui faire un procès est un peu fort. Avec ces mêmes règles, vous n’auriez vous-même pas été première vice-présidente ». Pour Brigitte Bochaton, les compétences de Sylvie Koska s’imposaient, ce qui ajouta à son incompréhension : « Je n’ai pas reçu de coups de fil pour m’aider à reprendre cette compétence » gens du voyage ». Avez-vous quelque chose à lui reprocher, concrètement ? Est-elle impliquée dans des affaires ? Je trouve tout ceci déshonorant«. Il faut revenir à début juillet, le 9 : Philippe Gamen, tout juste élu président de l’agglo par ses pairs, de peu devant Aurélie Le Meur (41 voix contre 39), intégra celle-ci dans l’exécutif, en qualité de première vice-présidente. Une cohabitation de deux sensibilités politiques opposées marquant le début d’une ère de convergences. Il présenta sa dauphinecomme étant celle honorant « toutes les bonnes volontés sans exclusion de sensibilités, qu’ils soient élus urbains ou ruraux, en donnant à la ville-centre toute sa place dans une majorité de projets à défaut d’être politiques ». Le début d’une belle histoire estivale. Aurélie Le Meur insistait, elle, sur la mise en place d’une nouvelle gouvernance afin de « porter un projet fédérateur pour redonner une dynamique au territoire que nous avons en commun. ». Elle appelait ses camarades à trouver une vision « la plus consensuelle possible associant l’ensemble des communes, prenant en considération leurs spécificités. » Nous nous interrogions alors : « Émerge une envie commune de travailler de concert. Pour un territoire qui semble assez sceptique aux alliances, ne serait-ce pas là le début d’un nouveau chapitre, à plus d’un titre ? » La réponse est arrivée au bout de sept mois d’une cohabitation inefficace. « Ces pressions ne me mettent pas en confiance » , se justifia Philippe Gamen, « oui, je romps les accords. Je ne suis pas en confiance, je prends ma part de responsabilité à 50% là-dedans ». Fin d’un doux songe d’été…
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3 commentaires
gerard Blanc
13/02/2021 à 11:58
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FredB
14/02/2021 à 10:37
La politique politicienne n'est pas morte loin de là, nous aurions pu le penser suite à la défaite méritée de la droite à Chambéry et tous les beaux discours sur "la politique autrement " de la campagne électorale. Las, c'etait sans compter sur le poids des habitudes de beaucoup, Thierry Repentin et ses élus issus de sa liste du 1er tour ont mis 6 mois pour casser le contrat de gouvernance qui les liait au reste de (feue?) la majorité municipale. Gamen et Dullin ont bien noté que TR avait pris le leadreschip à Chambéry, dès lors devant le refus de lutter sur le terrain politicien des élus "citoyens" Gamen et la droite se sont sentis pousser des ailes pour prendre le laed. à l'agglomération, c'est chose faite assortie d'un beau pied de nez avec la nomination de S Koska quand on sait ce qu'elle pensait et a fait de la démocratie participative pendant le précedent mandat.
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paul
15/02/2021 à 21:57
.... Le Pénitent ayant été privé du trône impérial par un tunnel et quelques éboulis , il cru pouvoir gouverner le Fils. Que néni ! de bois dur des montagnes le pantin se révéla. De rage il chargea Jeanne La Trépassée de s'en aller exprimer son courroux aux barons réunis...
7 ans la guerre durera, grands mal heurts, épidémies et impôts accableront le petit peuple de la verte contrée...
Les marionnettistes de la droite, défaits dans les urnes aux municipales mais miraculeusement sauvés par leur stratagème "Gamen" sorti du chapeau, ont-ils poussé cette fois le bouchon trop loin en emmêlant leurs grosses ficelles et en tentant de repêcher en catimini une battue du scrutin (S.Koska) ? Où leur "créature" (P.Gamen) leur échappe t-elle et prend-il la grosse tête, en se croyant assez fort tout seul pour oser trahir le pacte initial de gouvernance partagée ? En tout cas, c'est l'agglo qui se retrouve paralysée et déchirée par leurs manoeuvres pitoyables et déshonorantes. En pleine urgence écologique et sociale ! Vivement l'élection au suffrage universel direct de nos responsables d'agglo, après débats sur des projets définis à l'avance, pour respecter les électeurs.trices et la démocratie.