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La Ravoire : un DOB des plus enrichissants en attendant l’analyse détaillée du budget 2021

Par Jérôme Bois • Publié le 26/02/21

Comme Aix-les-Bains et Chambéry, la commune de La Ravoire a rendu sa copie provisoire en matière budgétaire. Les orientations suggérées, bien que sujettes à modification, ne sont pas particulièrement optimistes. Le compte administratif et le budget 2021 seront soumis au vote du conseil municipal le 22 mars prochain. En attendant, l’analyse des projections pour l’année en cours draine son lot d’incertitudes mais a occasionné un débat plutôt enrichissant. Pour une toute première séance filmée.
C’est un sale boulot que de devoir présenter un budget un tant soit peu ambitieux en période de crise, La Ravoire ne faisant pas exception. Ça l’est d’autant plus quand il s’agit du tout premier budget à proposer de cette mandature et de la toute première séance filmée. « Nous sommes dans l’incertitude pour beaucoup de choses » , introduisait Jean-Louis Lanfant, adjoint aux finances. La ville est en effet engagée dans diverses opérations entamées précédemment, qu’il lui faut poursuivre, et tant pis pour la crise. 

1 million d’euros d’emprunt pour la première tranche du stade

Parmi les engagements les plus importants, citons la Zac Valmar, qui ira jusqu’en 2025, l’acquisition de tènements immobiliers via l’Etablissement public foncier de la Savoie, portant jusqu’en 2027, celle d’espaces commerciaux au rez-de-chaussée des bâtiments Sollar, qui, dans le cas où ils ne seraient pas vendus, coûterait 1,81 million d’euros à l’horizon 2027, le versement de 800 000 euros à la fin de la Zac en 2025, si son bilan est négatif, correspondant au terrain sur lequel a été construit le parking… Il y en a d’autres, de moindre importance mais tous ces engagements-là seront à honorer alors qu’en face, les recettes à prévoir demeurent incertaines. La dette par habitant rapportée à la population Insee de la commune (9 108 habitants, chiffre depuis ramené depuis à 9 060) s’élève à 950 euros, un chiffre raisonnable. 
Sur le projet de budget pour 2021, dans la mesure où on ne connaît pas encore les bases de la fiscalité, les dotations de l’Etat ou les diverses participations des organismes partenaires, tout reste flou autour des recettes de fonctionnement. Les élus auront à se prononcer, le mois prochain, sur une revalorisation des bases de la taxe foncière (0,1% au titre de l’inflation, 2% aux titres des livraisons de nouveaux ensembles immobiliers), des estimations jugées « raisonnables ». Côté dépenses de fonctionnement, « l’orientation qui est faite depuis plusieurs années est de continuer ». Les subventions « seront sanctuarisées » mais pas augmentées, la masse salariale est abondée correctement, sur la base du tableau des emplois. Sans recours à l’emprunt l’an dernier, les frais financiers diminueront en conséquence. « On pourra alors dégager près 1 million d’euros d’économie ». 

Jean-Louis Lanfant
Les grands postes de dépenses d’investissement concerneront la première tranche du stade de rugby (qui justifiera un emprunt d’un million d’euros) ainsi que la rénovation du Tennis club, les travaux obligatoires de remise aux normes des bâtiments scolaires, la sécurisation du parking silo (40 000 euros), la réinstallation du CCAS (60 000 euros) et la végétalisation de la place de la mairie (80 000 euros), dans les grandes lignes..

Le paquet sur les écoles

Le débat pouvait commencer une fois les lignes comptables exposées. Le groupe « Ecoexistons à La Ravoire » profita de ce micro tendu pour demander des éclaircissements et du détail sur les engagements pluriannuels (d’une hauteur de 500 000 euros) et pour connaître les priorités de la communes « en termes d’investissements » , soulignait Viviane Coquillaux. Un état des lieux a été réalisé sur l’état des routes, des bâtiments et de tout le patrimoine communal. Une prévision – sur au moins 10 ans – a été envisagée « sur l’entretien des bâtiments et des routes » , détaillait Fabien Grillot, adjoint aux travaux et à la voirie. « Par exemple, pour les routes, on a fait un travail qui nous amène à 45 ans ». « L’idée » , reprit le maire, « est d’avoir une idée du travail à réaliser sur plusieurs années, les bâtiments vieillissent, il est important d’anticiper les rénovations et les entretiens des équipements communaux. Ça nous permettra de faire des choix de priorisation comme la rénovation énergétique des bâtiments. Il y aura peut-être des bâtiments à remplacer, pas à rénover… C’est un travail complexe ». Les écoles représentent une part essentielle de ce budget d’investissement, Alexandre Gennaro résumait ainsi la situation : « Sur cette année 2021, on est sur 300 000 euros de remise aux normes des établissements scolaires, sur de la sécurisation pompier, terroriste, sur la qualité de l’air, des choses qui traînent depuis deux ou trois ans dans certains cas. On a fait ce choix dans un premier temps, tel que la réglementation nous l’impose et dans un second temps, on travaillera sur des investissements de confort comme les cours ou un préau. Ces 300 000 euros, c’est 25% du budget. On marque une volonté d’investir dans les écoles ».

Que faire de ce parking Silo ?

Yannick Boireaud s’interrogeait, lui, sur « comment rentabiliser le parking silo » et sur son fonctionnement dans les années à venir. Les premiers investissements portant sur sa sécurisation se chiffrent à 80 000 euros, la part région (40 000 euros, demande de subvention validée par le conseil) se fait encore attendre. Une fois cette part perçue, la vidéo-protection sera déployée sur l’intégralité du silo. La deuxième étape concernera le contrôle d’accès, ce qui ne peut se faire sans l’installation de la vidéo. Le tout portera à 200 000 euros d’investissement environ. « Ce parking a coûté énormément d’argent (4 millions d’euros, NDLR), il faut maintenant l’utiliser au maximum ». Il faut dire que les 209 places du parking restent encore sous-exploitées, Frédéric Bret soutenait, en juin 2019, lors de son inauguration, que « sa rentabilité devrait se vérifier au rythme du développement de Valmar ». « Mais à qui s’adresse ce parking » , reprenait l’élu d’Ecoexistons ? « Quelle sera la stratégie globale ? » « C’est ce que nous sommes en train de quantifier aujourd’hui. C’est utile de prévoir une petite étude de marché » sur son utilisation. La question a été posée en comité de quartier, également, « il y a des pistes » , conclut le maire. 

Emilie Dohrmann

Sur les mobilités douces, autre demande de groupe minoritaire, un travail d’identification des maillons manquants et des secteurs à enjeux est en cours, avec Grand Chambéry, rien ne pouvant malgré tout être inscrit dans la colonne « investissements ». Emilie Dohrmann, adjointe au développement urbain et aux mobilités, précisait que « l’accompagnement des déplacements piétons et vélos » était bien un enjeu de cette mandature. Marie-Hélène Mennessier, troisième contributrice d’Ecoexistons, souhaitait, elle, intervenir sur le volet social de ces orientations, à travers les suggestions suivantes : le déménagement du CCAS dans des locaux plus adaptés, la révision des conditions d’octroi des subventions aux associations à vocation sociale, le renforcement des places de garde dans les structures petite enfance et la création d’un lieu d’accueil parents-enfants, « des projets auxquels nous nous associerons » , rappelait-elle. L’opération de déménagement du CCAS sera éclatée sur 2021 et 2022 (lire plus bas), il permettra aux personnels de travailler dans de meilleures conditions que « dans les locaux peu chaleureux et fonctionnels d’aujourd’hui ». Ce qui explique la somme (60 000 euros) pour le moment modeste inscrite à ce budget. 

Un peu d’enflammade sur la fin

Frédéric Bret poursuivit le débat d’une façon plus offensive : « J’aurais aimé davantage de détails pour voir la consistance de l’action qui va être faite. Par exemple, on ne retrouve pas de ligne autour du renouvellement du marché de la restauration scolaire, reconduit d’une année pour se laisser choix de quelque chose d’autre ». L’ancien maire se faisait taquin : « Les chiffres présentés sans plus de détail ont néanmoins un mérite, celui de poser de vrais débats, notamment celui de la dette (950 euros par habitant). J’aime à entendre qu’on est dans la strate, ça avait été le débat à feu et à sang durant la campagne. Les autres grands chapitres sont là, sans trop de détail ». Puis, il s’adressa directement à son ancien adjoint aux finances, Jean-Louis Lanfant, et c’est le terrain de rugby qui en était la raison : « La réalité est celle d’emprunter. J’avais le souvenir, et j’avais été régulièrement attaqué sur le sujet, que quand on engageait une action, il fallait mettre le financement en face. Alors j’aimerais savoir ce que l’on va financer avec un million d’euros pour la première tranche du terrain de rugby ». Une telle somme ne peut permettre, selon lui, d’avoir « un terrain en tant que tel ou des vestiaires en dur ». Même question autour des 60 000 euros pour le relogement du CCAS, « où est-ce que l’on va avec une telle somme ? » En réponse de quoi son successeur préféra mettre en avant la pertinence des doléances d’Ecoexistons au détriment de ces attaques émanant de « Notre parti La Ravoire ». « Jamais notre DOB n’a été aussi détaillé que cela, même quand vous étiez maire » , réagit Alexandre Gennaro. « Aujourd’hui, les conseilleurs ne sont pas les payeurs » , ironisa-t-il, « un million d’euros, ce n’est pas pour faire un terrain de rugby, évidemment, il sera fait en deux fois, ça avait été dit en commission ». 

Frédéric Bret
L’adjoint aux finances précisa, en réponse aux interrogations de Frédéric Bret sur l’inscription échelonnée de ces deux investissements au budget, les notions d’autorisation de programme et de crédit de paiement. « Vous aurez à voter, le 22 mars – outre le compte de gestion, administratif, le budget, les taux etc. – la création de deux autorisations de programme, le stade pour trois millions d’euros (1 + 2 millions sur 2021 et 2022) et le déménagement du CCAS. Pour chacun de ces projets, seuls les crédits de paiement doivent figurer au budget. Il en sera de même pour la réinstallation du CCAS, estimé à 160 000 euros, soit l’autorisation de programme à voter le 22 mars, dont deux crédits de paiement, 60 000 sur cette année, et 100 000 pour 2022. C’est la nouveauté du budget 2021. Je ne veux pas polémiquer ce soir, cette technique-là, si les deux maires que j’ai connus lors du précédent mandat avaient été plus attentifs aux conseils de leur adjoint aux finances, on aurait pu le mettre en place depuis longtemps ». La dette accentua d’un cran l’antagonisme latent entre l’ex et le nouveau maire : « J’ai trouvé dans les cartons » , relatait Alexandre Gennaro, « un marché qui était lancé de rénovation de performance énergétique de l’éclairage public pour 1,5 million d’euros, financé intégralement par de l’emprunt, somme qu’il aurait fallu ajouter, au 31 décembre 2020, un emprunt d’équilibre de 630 000 euros et un troisième, sur la bibliothèque. Si on cumule ce que vous aviez prévu de faire, c’était plus de 1 150 euros de dette par habitant, je n’ai donc pas de leçon à recevoir de vous ». Réplique immédiate : « Si nous listons l’ensemble de vos projets, regardez la dette en face et on discutera. Vous n’acceptez pas la critique. Et arrêtez de croire que vous allez systématiquement être dans la correction de ce que j’ai fait, arrêtez, vous avez gagné. Je demande quels vont être vos projets, prenez vos responsabilités et arrêtez de refaire l’histoire ! » Une histoire, commune, qui a la vie dure et qui ne manque pas d’épicer plus que de raison ces séances du conseil.Le débat a donc eu le mérite d’exister, de manière plutôt apaisée malgré tout, le budget passera de nouveau sur le grill le 22 mars prochain. De façon tout aussi sereine ?

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Le Dahu

27/02/2021 à 15:10

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