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Saint-Baldoph : Valentin Hachet, la jeunesse au service de l’esprit de village

Par Jérôme Bois • Publié le 02/02/21

Une présence discrète en queue de liste en 2014, la vingtaine tout juste franchie, un concours de circonstances lui permettant d’entrer au conseil municipal de Christophe Richel puis, six ans plus tard, voici Valentin Hachet promu premier adjoint de sa commune, « son village »… une trajectoire qu’il était loin d’avoir planifiée. Rencontre avec l’un de ces jeunes élus pour qui la politique reste une affaire de bien commun et de services rendus.

Dominer la cluse de Chambéry depuis la terrasse de la mairie, la chance de Saint-Baldoph…
C’est avec l’assurance d’un élu chevronné que Valentin Hachet nous reçoit. La mairie est déserte, il nous fait la visite, rapide, nous parle des caractéristiques du village, de ce qui l’attire dans cette petite entité du piémont, commune étalée sur 624 hectares certes, mais dont la moitié est recouverte de forêt et le quart de terres viticoles. « C’est magnifique, connecté à Chambéry, un mix idéal entre ruralité et vie urbaine » , s’enflamme le jeune élu de 27 ans. Riche par ailleurs d’un tissu associatif épais, Saint-Baldoph baigne dans une douce quiétude. Tout concorde à entretenir un esprit village pour lequel il s’investit sans relâche.

De colistier à premier adjoint

Son aventure politique à Saint-Baldoph remonte à 2014. Inscrit en école d’ingénieur dans le Nord, déjà intéressé par la vie politique locale, Valentin est de ces jeunes pour qui la fonction élective conserve une noblesse, une aura qui tend à s’étioler dès lors que l’ego prend le pas sur la conviction. Ses convictions à lui sont claires, le bien commun, ça lui parle, garantir le bien-être de ses administrés, ça lui parle. Ainsi, lorsqu’il se retrouve happé par la chose publique, en 2014, en queue de liste de l’équipe conduite par Christophe Richel, il met un pied dans un milieu encore inconnu. Élu avec 56,93% des suffrages dès le premier tour (854 voix), le succès est total. Il faudra toutefois un concours de circonstances pour voir le cadet de l’équipe débouler au conseil municipal. « J’étais un peu triste de me retrouver 19e alors que l’on venait de passer 18 élus » , consent-il. Une démission plus tard, il prend ses marques, patiemment. « Pendant 2 ou 3 ans, j’ai observé, je travaillais un peu sur la communication autour du village. Je n’étais alors qu’étudiant ». Passé dans la vie professionnelle, il s’installe à Saint-Baldoph, ce sera comme une voie royale ouverte devant lui. « Il n’y avait pas d’adjoint à la sécurité alors le maire m’a mis sur le sujet ». Désigné correspondant défense, en lien avec les anciens combattants, le voici affublé d’une double mission dont il s’empare avec appétit. « Nous avons été les troisièmes en Savoie à mettre en place la participation citoyenne » , avec une vingtaine de bénévoles mobilisés. La version publique des voisins vigilants, organisée avec le concours de la gendarmerie. « Le nombre de délits et de cambriolages a baissé (- 66%). Simplement parce que nous avons remis du lien avec les habitants. Cette opération permet de prévenir, en même temps que les quartiers se remettent à vivre ». Une réussite, pas la seule. « Sur le thème de la défense, nous avons organisé le centenaire de la Grande guerre, en 2018, un travail de plusieurs mois avec les scolaires sur la réalisation d’un film et d’un livre-mémoire, le type d’événements qu’on a envie de promouvoir » , le type d’événements qui crée des vocations. Pour la petite histoire dans la grande, l’initiative aura eu les honneurs du journal télévisé de TF1, présenté par Jacques Legros.  

Trouver le temps

Ce goût des autres va le poursuivre jusqu’en 2020. « Christophe Richel repart, ça me tentait bien, je m’étais installé, je comptais bien y rester ». Avec la même réussite (60,92% mais seulement 647 voix). Beaucoup d’anciens partaient, des places se libéraient, les délégations allaient être remaniées, tout concordait à offrir à Valentin la possibilité de s’épanouir davantage. « J’ai aidé le maire à piloter sa campagne » , ce qui convainc ce dernier de faire appel à lui… en qualité de premier adjoint. Sur des délégations nouvelles : la petite enfance, thématique sur laquelle il suppléait déjà l’adjointe lors du précédent mandat, la vie locale (qui va de la vie associative aux projets transverses) et bien sûr, la sécurité. Le grand écart en 6 ans, entre une présence timide et discrète sur une liste et un rôle pivot auprès du maire pour finir. Il trouve néanmoins le temps de répondre à ses prérogatives municipales tout en travaillant dans l’immobilier, en Haute-Savoie, dans le civil. « Les municipalités, les séances du conseil, les commissions, c’est le soir, deux à trois fois par semaine, c’est donc gérable. Le weekend, je reçois mes administrés sur rendez-vous, je réponds aux mails et au téléphone entre midi et 14h, c’est passionnant ». Et prenant. L’alchimie fonctionne malgré tout. Sa compagne pourra même se satisfaire de le voir religieusement rentrer manger avec elle tous les soirs, « un rituel » , sourit-il. Une façon de ne pas se laisser déborder et de garder les pieds bien enracinés sur cette terre d’adoption : « Pour le moment, agir sur des choses concrètes du quotidien me plaît, je me sens utile ». Engagé sur de nombreux projets à titre personnel, il suit aussi ceux qui prennent forme en dehors de ses délégations. Valentin Hachet, comme tout le village, espère l’arrivée d’un marché composé de producteurs locaux, sur une fin d’après-midi jusqu’au soir au Pré Martin, au moins une fois par mois. En vue également, la plaine sportive, avec une première phase impliquant la création d’un parking avant celle des équipements sportifs à proprement parler. « Nous voulons booster l’espace en faveur des associations et l’adapter aussi à un public familial, en faire un lieu de détente, de promenade, de pique-nique ». La première phase est inscrite au budget 2021. Cette année coïncidera avec la réhabilitation de la bibliothèque, bientôt dotée d’un espace d’accueil plus adapté, d’une cafétéria et l’ajout de postes informatiques et qui rejoint, ce début d’année le bouquet des bibliothèques*. Enfin, la commune va signer une convention avec l’Amej, le centre d’animation socioculturel de La Ravoire. Des locaux seront ainsi mis à disposition pour son activité de centre social, « l’un des grands enjeux du canton ».C’est la richesse des petites communes de pouvoir agir rapidement et concrètement sur le quotidien des gens. S’il se refuse à imaginer la suite de sa carrière politique, Valentin Hachet profite déjà de la chance qui lui est offerte d’en être devenu un acteur majeur.
* Le « bouquet des bibliothèques » rassemble les bibliothèques de Barberaz, La Motte-Servolex, Challes-les-Eaux, La Ravoire et Chambéry (Georges-Brassens et médiathèque Rousseau). Elle permet d’emprunter librement dans chacun de ces sept lieux.

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