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Aix-les-Bains : que faire du chemin des Biâtres ? Aux habitants de se déterminer.
Par Jérôme Bois • Publié le 31/03/21
Les riverains du chemin des Biâtres et du passage à niveau du boulevard Pierpont-Morgan auront leur mot à dire. Secteur résidentiel par excellence, le quartier de Choudy souffrait de voir les flux de véhicules s’intensifier sur ses principaux axes et sur les réseaux secondaires. Avec, d’un côté la fermeture du chemin des Biâtres et de l’autre, l’expérimentation faite sur le PN n°13 depuis juillet 2019, les réflexions n’ont cessé sur les bons usages dans ce quartier. Aujourd’hui, la parole est aux habitants. Enjeu de la concertation, définir comment préserver les espaces résidentiels, comment se déplacer et avec quels modes.
Le 5 avril, la première phase de cette concertation auprès des habitants du quartier de Choudy sera lancée ; 117 foyers seront d’abord visités avant l’opération de boîtage du 19 avril à début mai. Une concertation à nulle autre pareille puisqu’elle concernera l’intégralité des habitants de Choudy. Pourquoi ce quartier en particulier ? Parce qu’il a subi des transformations majeures « en termes d’infrastructures et d’aménagements » ces dernières années et parce qu’il est le passage obligé pour se rendre au lac du Bourget. La création du bassin des Biâtres*, d’abord, que Dominique Dord définissait comme le « grand trou de 30m de profondeur ». Puis la fermeture du passage à niveau du boulevard Pierpont-Morgan, à titre expérimental, décidée dans l’optique d’une éventuelle voie verte conduisant jusqu’au lac. C’était en juillet 2019.
Une concertation sans précédent
Nous sommes en 2021 et il était temps de savoir ce à quoi ont conduit ces diverses décisions en matières d’habitudes et de mobilités. « Nous voulons connaître les nouveaux usages, savoir comment a changé la vie des gens, comment on a pu les embêter parce que ces décisions ont pu ne pas plaire à tout le monde » , convenait Thibaut Guigue, adjoint en charge du développement durable, de la citoyenneté et de la modernisation des services. Deux cabinets ont été sollicités, Arter et l’Atelier du Territoire. Il leur appartiendra de comprendre les flux de circulation, dans un premier temps, et d’affiner leur étude avec la concertation. « Les habitants résident majoritairement dans une zone pavillonnaire, ils sont donc plus sensibles au trafic » , indique Adrien Balocco, sociologue expert en démocratie participative. Cette première phase de l’enquête sera « exhaustive » , « tout le monde sera interrogé » , insiste Adrien Balocco. « C’est de l’ultra-proximité » , appuie Renaud Beretti, il sera donc difficile de se prétendre exclu de la concertation, ce qui semble réjouir le maire aixois : « Nous avions fait une grande campagne d’information sur l’extension du parking du cimetière mais de nombreuses personnes s’étonnaient encore après coup de n’avoir été associés à la démarche. Là, ce que nous faisons, c’est de la dentellerie, qui nous permettra d’aller toucher tous les gens ». Les riverains auront à répondre à quatre types de questions, sur les anciens usages, sur leurs souhaits, les aspects à éviter et sur les espaces publics. « Nous faisons en sorte que toutes les conditions soient les plus favorables possibles à la démocratie » , confie Adrien Balocco, « de manière à ce que les habitants puissent peu à peu se projeter à mesure que les questions seront plus complexes et plus précises ». Après cette concertation, il sera temps d’analyser les retours et d’effectuer un diagnostic précis sur les besoins et les ressentis, jusqu’à fin juin. La deuxième phase en découlera naturellement, celle de la proposition et l’évaluation de scenarii de plan de circulation, menée de fin juin à fin juillet. « Notre souhait » , rappelle Thibaut Guigue, « était de pouvoir réaliser cette enquête plus rapidement mais il fallait pouvoir la mener durant des journées » normales «, en termes d’horaires, de télétravail » , la crise étant passée par là. En définitive, la période du printemps 2021 était la plus opportune.Renaud Beretti saluait, quant à lui, une démarche « innovante, où se mêlent circulation et approche sociologique avec pour objectif de rendre à ce quartier son caractère résidentiel » , un aspect perturbé par « la stratégie de l’évitement » , qui consiste à se détourner des axes majeurs pour emprunter les itinéraires secondaires.
« On peut pourrir la vie des gens, en changeant le sens de circulation d’une rue ! »
Le chemin des Biâtres, aujourd’hui fermé, rouvrira, donc, mais sous quelle forme ? « On nous a proposé un peu de tout, jusqu’ici » , résume le maire, « voie à sens unique – mais dans quel sens ? – voie verte, à double-sens de circulation… C’est un chemin maraîcher, au départ, et peu de monde vivant dans le secteur ne l’a vu ouvert ». Son adjoint insiste à quel point « on peut pourrir la vie des gens en ne changeant que le sens de circulation d’une rue ! » , c’est pourquoi les retours des riverains seront quintessentiels. Le lien avec la possible réouverture du passage à niveau n°13 du boulevard Pierpont-Morgan est tout trouvé car dans les deux situations, une vieille ritournelle réapparaît, celle de « relier la ville avec le lac. C’est un vieux sujet », que Renaud Beretti ne peut que bien connaître, « les deux pôles de la villes – centre-ville et bord de lac – sont aujourd’hui construits, on ne fera pas de nouvelles routes mais on peut faire des pistes cyclables à double-sens. On note que le développement de la pratique du vélo à Aix est supérieure à la moyenne nationale et même à la moyenne allemande, pourtant à la pointe sur ce sujet ». Conclusion, il ne faudra pas se louper car le cycliste est exigeant. « On veut créer une liaison verte, c’est clair » , martèle-t-il. « La décision sur le PN pourra être prise avant juillet, les points noirs sur ce secteur sont identifiés. Sur le chemin des Biâtres, il doit y avoir des discussions plus élargies ». A l’issue de ces deux phases, « les travaux pourront débuter rapidement ». Dans l’hypothèse d’un projet complexe, on peut imaginer le démarrage à dans un an, fin d’année pour un projet plus light…
* Le bassin des Biâtres, en service, est destiné à absorber des flux d’eaux pluviales que la station d’épuration aixoise n’était plus en mesure de traiter. Pour mémoire, 600 000 m3 d’eau finissaient dans le lac, ce bassin en stockera 80%, limitant ainsi le ruissellement. Un outil à 10 millions d’euros, chantier le plus grand mené par Grand-Lac depuis la renaturation du Tillet (7 millions) et qui avait conduit au blocage du chemin des Biâtres.
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