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Centre social des Combes : et maintenant, un signalement et une plainte au Procureur de Chambéry

Par Laura Campisano • Publié le 17/03/21

Il fallait s’y attendre : après l’annonce de la liquidation judiciaire du Centre social des Combes, le collectif d’habitants, qui s’était déjà mobilisé et avait manifesté son désarroi face aux révélations quasi hebdomadaires liées au CSC, ils montent au créneau, avec un dépôt de plainte – qui sera effectif vendredi 26 mars – entre les mains du Procureur de la République de Chambéry. En parallèle, un signalement a déjà été effectué auprès du parquet par Michel Dantin, l’ancien maire de la cité des Ducs ayant fait part de ses doutes, à la lumière des révélations que l’on connaît. 
Le collectif d’habitants pour le CSC des Combes passe à l’action, une fois encore. C’est l’incompréhension, l’injustice de la situation, qui a guidé leur volonté d’agir, en justice cette fois. La rupture conventionnelle de Guillaume Holsteyn, la révélation des sommes pharaoniques de passif pour un centre social de quartier, qui aura vécu 49 ans sans encombres, et la liquidation sans sommation, sans passer par la case redressement, la coupe était pleine et le cœur lourd. Une action menée avec l’appui de Chambéry Cap à gauche et le soutien d’Aloïs Chassot, qui, bien que non signataire de la plainte, « y souscrit totalement, pour faire la lumière sur cette affaire ». 

« Une plainte contre X, car ce n’est pas à nous de déterminer les responsabilités » 

Créée le 20 février 2021, la page Facebook du Collectif, animée par Mohamed Hamoudi compte déjà 254 abonnés et ne désemplit pas. Après une pétition, remise en mairie de Chambéry, et devant l’absence d’action en justice des membres du Conseil d’administration du CSC, de la ville et de la Caf, ils ont décidé de déposer une plainte. Contre X, et les mots ont leur importance. « Nous déposons une plainte contre X », explique Mohamed Hamoudi, « parce que ce n’est pas à nous de déterminer les responsabilités dans cette affaire. Nous avions quatre exigences et aucune d’elle n’a été remplie : que toute la vérité soit faite sur les causes du désastre financier annoncé, que les responsables de cette situation rendent des comptes, que le rapport d’audit commandé par la municipalité soit rendu public et qu’un plan de sauvegarde des emplois soit mis en place afin de continuer l’ensemble des activités sociales et culturelles appréciées et nécessaires pour la population de ce quartier populaire. » De fait, l’annonce d’une liquidation judiciaire, alors même qu’après la révélation de la synthèse de l’audit, ils avaient demandé de passer d’abord par un redressement judiciaire, a été une douche froide. Au cours de la réunion publique du 8 mars, la question d’une plainte du CA a été posée, restée lettre morte. Cela, Mohamed Hamoudi ne le comprend pas. « On liquide le centre social, treize salariés se retrouvent sur le carreau, sans travail, psychologiquement, c’est très difficile pour eux », reprend-il, « nous en avons rencontré 10 sur les 13, certains d’entre eux souhaitaient passer par la case redressement. Et le résultat, c’est que le CA a décidé de la liquidation. Ce qui m’interpelle, c’est qu’on dise quelque chose et qu’on fasse l’inverse. Personne ne comprend ces décisions sur le quartier. »  « Je vis très mal la situation des Combes », renchérit Guy Fajeau, « par rapport aux habitants et surtout aux salariés. Je ne comprends pas la position du CA. Je suis révolté et déterminé à me battre. On a essayé de nous dissuader de déposer plainte contre X, mais plutôt de le faire nominativement contre le directeur, parce que contre X, cela risquait d’impliquer davantage de personnes. Mais tant mieux ! Nous voulons que toute la lumière soit faite, qu’il y ait une ouverture d’information judiciaire pour cela, pour comprendre la responsabilité personnelle de l’ancien directeur, et les autres responsabilités. » Pour l’heure, des permanences seront tenues devant le CSC jeudi 18 au matin à 10h30, vendredi 19 sur le marché du Biollay, et samedi devant le CSC, afin que ceux qui le souhaitent, viennent s’associer à ce dépôt de plainte en y apposant leur signature. Probable également, que leur voix soit également entendue à l’assemblée générale quotidienne menée par le collectif des intermittents du spectacle qui occupent Malraux, depuis lundi soir. « Le centre social est aussi culturel », explique Guy Fajeau, « il ne faut pas oublier que de nombreux intermittents venaient se produire dans la structure, vu l’état de la culture aujourd’hui, nous réfléchissons à attirer l’attention sur la situation du CSC, en effet. »

Dans l’opposition, signalement et soutien de la démarche des habitants

Si la majorité n’a pas fait connaître d’intention particulière à déposer une plainte ou à s’associer à la démarche des habitants, l’opposition municipale, elle, a d’ores et déjà effectué un signalement entre les mains du Procureur Pierre-Yves Michau par le biais de Michel Dantin. « Ce n’est pas une plainte en tant que telle, c’est un signalement », précise Aloïs Chassot, « il a fait part de ses doutes, mises en lumière par les récentes révélations. » Concernant la plainte du collectif, le conseiller municipal salue l’action menée par les habitants : « Je trouve ça bien que les habitants se mobilisent, vis-à-vis des zones d’ombres du CSC, par rapport à l’audit dont on nous a dit qu’il serait rendu public mais dont on n’a encore que les grandes lignes. Il faut que la lumière soit faite sur tout cela. La rupture conventionnelle ne passe pas, avec les grosses sommes qui ont été révélées, c’est incompréhensible. On a vraiment l’impression que le CA et la mairie veulent tourner la page. Si les éléments n’étaient pas sortis et que les habitants ne s’étaient pas mobilisés, le problème était réglé et on passait à autre chose. La liquidation, c’est le CA qui fait ce choix, c’est un choix volontaire. Je rejoins Guy Fajeau et le collectif d’habitants, ce n’est pas possible qu’on en reste là. Nous voulons la totale transparence sur l’audit, et sur ce qui a pu se passer au CSC. Les gens ont envie que les responsables paient pour leurs actes. C’est fou qu’en 49 ans il n’y ait jamais eu de problème et qu’en un an, tout ce soit effondré. » Mais Aloïs Chassot ne sera pas pour autant signataire de la plainte collective. « Je n’habite pas le quartier, il n’est pas question de faire de la récupération politique. Si j’y habitais, ok, mais en tous les cas, j’y souscris totalement. » Pas question de récupération politique non plus pour Guy Fajeau, « ce qui nous guide, ce sont les exigences du collectif d’habitants qui ne sont pas satisfaites. » « L’objectif premier c’est que le centre social et culturel ne disparaisse pas », abonde Mohamed Hamoudi, « quatre des salariés sont mis à disposition pour continuer l’animation dans le quartier, mais les petites structures ne pourront pas le faire, ça ne s’improvise pas, seules une ou deux le feront. Ce qui nous met en colère, c’est que la municipalité ne mette pas d’argent là-dessus, ils ont dit » hors de question « pour une municipalisation, mais la mise à disposition, c’est une forme de municipalisation ! » Déterminés, à ne pas rester sans bouger face à la déliquescence de ce qui cimentait la vie de leur quartier, les membres du collectif entendent poursuivre leurs actions jusqu’au 6 avril, date de l’audience de liquidation au Tribunal de commerce de Chambéry.

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