article
Crise sanitaire en Savoie : de nouvelles mesures chocs pour éviter le précipice
Par Jérôme Bois • Publié le 26/03/21
La situation sanitaire du département est, on le sait, à la limite du supportable, notamment pour les services hospitaliers, le durcissement des mesures visant à lutter contre la propagation du virus devenait inéluctable. Ainsi, le Préfet de Savoie s’est exprimé, vendredi 26 mars, et effectivement, le département est passé en vigilance renforcée comme 15 autres, dont la Haute-Savoie et l’Isère*. De nouvelles mesures chocs ont donc dû être prises, elles s’appliqueront dès le 27 mars.
Pascal Bolot, Préfet de Savoie, a donc pris la parole dans la foulée de l’annonce du passage du département en vigilance renforcée, avec le souci de ne pas le voir basculer en état d’alerte comme le Rhône, par exemple. Il a ainsi souhaité « faire un point sur l’épidémie en Savoie et faire connaître un certain nombre de mesures prises à partir de demain ». Demain, soit samedi 27 mars, et nous le verrons, ces nouvelles décisions d’urgence sont assez drastiques. Mais d’abord, parlons chiffres.
Le taux d’incidence s’envole
En Savoie, la période est critique ; pas autant qu’elle ne le fut en octobre-novembre, lorsque le département pointait en tête de tous les indicateurs de prolifération du virus, mais suffisamment pour inquiéter les pouvoirs publics. « Les indicateurs se sont détériorés, le taux d’incidence est de 288 pour 100 000 habitants, le taux à progressé de 30% en 10 jour, le taux de positivité est à plus de 8,6% » a indiqué Pascal Bolot. Si les variants sud-africains et brésiliens ont fait leur apparition sur les deux Savoie, « le variant anglais est prépondérant dans 3 cas sur 4 ». «On estime » , a poursuivi le Préfet, « dans notre département 200 nouveaux cas positifs tous les jours, le virage est important. Fin octobre, on atteignait les 1 200… A l’hôpital, aujourd’hui, nous sommes remontés à 17 ou 18 personnes en réanimation. Il ne reste que peu de marge, le service est dans une situation de haute tension ». En conséquence de quoi, « nous sommes amenés à prendre des décisions supplémentaires, elles concernent un certain nombre de secteurs d’activité. Ce sont des mesures de freinage » , qui se veulent « les plus adaptées possible à la situation afin de permettre à nos concitoyens de vivre relativement normalement ». Des mesures qui s’appliqueront dès le samedi 27 mars.
Les galeries marchandes de 10 000 m² et plus fermeront
La plus spectaculaire sera la fermeture des centres commerciaux de plus de 10 000 m² (hors supermarchés d’alimentation). Ainsi cinq établissements sont concernés ; le centre Chamnord, Carrefour Bassens, Géant Albertville, Leclerc Drumettaz et Castorama Chambéry (qui fermera totalement puisque le magasin ne dispose pas de galerie marchande). Les galeries marchandes et les commerces non essentiels seront donc fermés. Chaque établissement a été alerté voici 48h « pour leur permettre de prendre leurs dispositions ».
Par ailleurs, la consommation d’alcool sur la voie publique sera interdite à Chambéry et Aix-les-Bains. « Les maires ont été contactés. Les contrevenants seront verbalisés à hauteur de 135 euros ». Cette mesure vise à limiter les rassemblements, tels qu’on a pu les voir fleurir çà et là, et peu propices au respect des gestes barrière.Autre interdiction majeure, les livraisons après 22h, « afin d’éviter les moments de convivialité qui dureraient trop longtemps » a expliqué le Préfet. Les braderies, brocantes, marchés non alimentaires, feront l’objet d’une interdiction, mais une tolérance sera acceptée, ce weekend, compte tenu de la difficulté à prévenir tous les intéressés à temps. La musique amplifiée sera proscrite (concerts improvisés, regroupements etc.) sur la voie publique, tout comme les manifestations improvisées. « Certaines organisations déclarent que tout se déroule dans les bonnes conditions sanitaires et au bout d’une paire d’heures, les organisateurs disparaissent, ça devient du grand n’importe quoi, comme on a pu le voir la semaine dernière » , référence au rassemblement devant Malraux, mais on pourrait évoquer le fameux carnaval annécien. Le couvre-feu s’appliquera toujours, il a été allongé jusqu’à 19h la semaine passée, pour être raccord avec le passage à l’heure d’été. Et dans le secteur marchand, privé, les services de l’Etat, « nous avons augmenté la cadence en matière de télétravail » s’est réjoui Pascal Bolot. Aucune date de sortie de ces mesures n’a été envisagée, seul l’abaissement des indicateurs en permettra la levée.
Booster la vaccination
« J’ai donné des instructions très fermes aux services de police et de gendarmerie, je souhaite que ces mesures soient comprises par nos concitoyens. Un contrôle strict sera effectué ». L’enjeu sera d’éviter d’entrer « dans le club des départements en alerte » , a appuyé le Préfet. Il est à noter que les départements alpins se trouvent tous dans une situation complexe. En conséquence de quoi « nous amplifierons les mesures TAP » tester alerter protéger «, une opération de dépistage ciblé sera effectuée samedi 27 mars au matin à Chambéry, avec les médiateurs Covid, afin d’inciter les gens à connaître leur statut viral ». Il reste en effet près des 3/4 de la population non vaccinés, a-t-il insisté, « il est donc important de connaître leur statut ». Pascal Bolot a salué le secours « des grandes villes et des établissements de coopération intercommunale, des médecins et infirmiers, des SDIS pour que l’on puisse couvrir le département avec nos 6 centres de vaccination, notamment et avec les centres qui fonctionnent un à deux jours par semaine. Nous allons amplifier ce travail ». En termes d’approvisionnement, en 10 jours, « nous sommes passés de 7 à 12 000 doses par semaine » , s’est félicité le Préfet, d’autres paliers seront franchis par la suite, « il ne sera pas question de garder des doses au frigo ». « Nous allons donc passer la surmultipliée ».En définitive, le Préfet a souhaité faire « appel à la responsabilité individuelle et collective, il y a des montées de sève partout, nous sommes au printemps, on voit bien que l’épidémie est encore vivace, il faut continuer l’application des gestes barrière. C’est long, fastidieux, il y a une lassitude générale, mais il faut continuer à avoir un comportement individuel citoyen et respectueux ».Le 1er avril, un nouveau point sera fait sur le processus de vaccination.
* L‘Ain, les Alpes de Haute Provence, les Ardennes, l’Indre et Loire, l’Isère, le Jura, le Loir et Cher, la Loire, la Lozère, la Marne, la Meuse, l’Orne, la Savoie, la Haute-Savoie et le Vaucluse et l’Yonne sont dans la charrette des départements en vigilance renforcée.
Tous les commentaires
0 commentaire
Commenter