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Damien Ancrenaz, premier homme du PS en Savoie

Par Laura Campisano • Publié le 12/03/21

Déjà connu sur la scène politique locale, notamment à Cognin où il est conseiller délégué à la communication numérique et à la relation avec la presse, Damien Ancrenaz vient de prendre la suite de Jean-Benoît Cerino au poste de 1er secrétaire fédéral du Parti socialiste de Savoie. Très tôt sensibilisé par les idées politiques, diplômé de sciences politiques Grenoble et de l’institut régional d’administration de Lyon, à 28 ans, l’homme est convaincu qu’il est possible de poursuivre la reconstruction de la gauche savoyarde.
Le ton est enjoué et l’enthousiasme communicatif chez Damien Ancrenaz, qui succède à Jean-Benoît Cerino, à la tête de la section savoyarde du Parti socialiste. Passionné par le débat d’idées, c’est pour cet enfant du pays, une  responsabilité qui l’honore et lui donne envie de s’investir pour « reconquérir un territoire plutôt à droite » , de re-créer du lien avec de nouveaux militants, d’avancer avec en tête la justice sociale et les enjeux écologiques, qu’il porte depuis toujours. Un parcours fait de rencontres, d’investissement et de convictions.

A l’origine de sa première carte au PS, à 18 ans : les idées politiques

« Je n’avais pas de modèle politique, à 18 ans, j’ai dû le construire par moi-même », se souvient Damien Ancrenaz, « et j’ai un souvenir très précis de la campagne présidentielle de 2007. C’est à ce moment que j’ai pris conscience que pour les idées, le meilleur endroit était un parti politique. » Le jeune collégien qu’il était a donc patiemment attendu ses 18 ans pour prendre sa carte au parti socialiste, et dès 2011, il a participé aux primaires citoyennes, en vue des élections présidentielles de 2012. Et c’est à partir de là que les choses commencent à s’enchaîner pour lui. Tenant le bureau de vote des primaires aux côtés de Sylvette Kreuter, Damien Ancrenaz l’accompagne à la fédération du PS, où il rencontre Quentin Delorme et Gaëtan Pauchet, alors animateur fédéral des jeunes socialistes de Savoie. Le courant passe bien, et les événements continuent à s’enchaîner pour le jeune homme qui sur invitation de Gaëtan Pauchet, fait ses premiers pas de secrétaire général des jeunes socialistes de Savoie. S’enchaînent les campagnes des présidentielles et législatives 2012, puis les galons successifs d’animateur fédéral et de président des jeunes socialistes de Savoie en 2014. En l’espace de 3 ans, Damien Ancrenaz a donc su gagner la confiance et prouver l’engagement qui était le sien, à 21 ans à peine. Travaillant parallèlement à ses études comme animateur de centre de loisirs à Cognin, il a pu tisser des liens avec les élus locaux, Florence Vallin-Balas, Franck Morat, lesquels deviendront respectivement maire et premier adjoint en 2014, puis maire et conseillère municipale en 2020. Et c’est en 2014, justement, que Florence Vallin-Balas a proposé à Damien Ancrenaz de la suivre sur sa liste aux municipales de Cognin. Depuis, conseiller municipal, puis actif dans la campagne de Franck Morat et aujourd’hui conseiller délégué, on ne l’arrête plus dans son ascension politique. Sur le terrain, Damien Ancrenaz s’illustre – entre autres – en 2015 avec un petit-déjeuner républicain, au lendemain des attentats qui ont frappé la France, réunissant dans les écoles de Cognin, élèves, parents, enseignants et élus, ou bien avec une souscription publique pour la rénovation des cloches de l’église locale, avant de reprendre la partie communication de la ville, en lançant page Facebook et site internet communaux.

Détermination politique et écologie chevillée au corps

Quand on l’interroge, sur les raisons de son choix pour le Parti socialiste, jadis si fort et en grande perte de vitesse depuis le départ de François Hollande de l’Elysée, Damien Ancrenaz ne cille pas. Il explique au contraire bien volontiers, « au départ, l’écologie est pour moi une évidence, il n’y a pas de débat, la droite également devrait être sensibilisé à ces questions », précise-t-il, « le déterminant politique pour moi a été de trouver l’écologie, c’est le fond de mon engagement. Je l’ai trouvé sur le terrain des valeurs de gauche, celles de l’égalité et de justice sociale. C’est pour cela que j’ai eu envie de me tourner vers ceux qui en avaient le plus besoin, car l’injustice, selon laquelle nous n’avons pas tous les mêmes chances, m’a toujours animé. »  Il en va de même aujourd’hui, plutôt que de se tourner vers Europe écologie les verts (EELV), cet enfant d’ingénieur SNCF et d’une enseignante estime que le Parti socialiste rassemble ce qui est pour lui déterminant ; « l’accès au logement et de vivre dignement de son travail. L’alerte sociale en plus de l’écologie, c’est cela qui doit être mis en avant. Parfois, on a des convictions sincères qui sont difficiles à mettre en œuvre, pour autant à Cognin, j’ai toujours tenu à ce que dominent ces convictions écologiques : nous avons supprimé les pesticides dans les usages publics, fait en sorte que dans les cantines municipales soit servi plus de 70% de bio, de qualité et local, par exemple. Mais les enjeux sont à tous les niveaux, l’isolation des logements, les transports urbains… » Tant de questions qui, cela se perçoit, passionnent ce socialiste convaincu. Le choix du relais était donc « naturel » pour Jean-Benoît Cerino « Damien est expérimenté, il est engagé et a envie de travailler, c’est très bien qu’il prenne le relais », a-t-il expliqué, d’autant que « ce n’est pas facile comme place, et j’en sais quelque chose », soupire celui qui a porté les couleurs du PS en Savoie durant deux mandats. Après les résultats catastrophiques du parti aux différentes échéances politiques, l’arrivée de Macron au pouvoir et l’hémorragie interne du parti lui-même, difficile de ne pas s’interroger. « Je suis arrivé à la fin de mon second mandat, le contrat était rempli, aujourd’hui, je ne sais pas si on peut dire que le PS a amorcé une » remontada «, mais en tous cas il faut y croire, et le rendre possible », souligne Jean-Benoît Cerino, « pour cela c’est bien qu’il y ait de nouvelles façons de le faire, une autre expérience, c’est enrichissant. » Pour Damien Ancrenaz, il s’agit donc d’un « passage de relais » en attendant le mouvement officiel des instances réunies en congrès, au cours duquel il devra se présenter, et/ou débattre démocratiquement avec d’éventuels candidats. Pour l’heure, le nouveau premier homme du PS en Savoie, c’est bien lui, et sa feuille de route est déjà bien remplie, au vu des échéances à venir. 

« La gauche est plurielle comme la droite, mais ça se voit moins » 

Alors comment relever le défi – d’envergure – qui attend le premier secrétaire du PS local, à quelques semaines des départementales et des régionales, sur un territoire plutôt penché à droite : trouver quelqu’un, une personnalité qui accroche les espoirs et les porte jusqu’à la réussite. « La gauche est plurielle, tout comme la droite, mais cela se voit moins car à droite, ils ont la culture du chef, même si les idées évoluent », détaille Damien Ancrenaz, « nous à gauche, nous avons une culture des idées, ce qui implique un combat des idées et des personnes. Alors qui portera nos couleurs ? A qui les français seront-ils prêts à faire confiance pour mener des idées ? Nous n’avons pas d’à priori même si notre famille politique a une envie réelle et sincère que ces idées soient portées par une personnalité socialiste, mais il faut trouver des figures qui rassemblent, au-delà du parti. En Savoie, c’est possible, pour les régionales et les départementales », avance-t-il. Alors que le Nord a réussi le pari de placer une candidate unique pour tous les partis de gauche plurielle, l’écologiste Karima Deli, comment réussir ce pari en Savoie ? « Nous ce que nous disons, c’est qu’au niveau régional, nous sommes davantage sollicités par les électeurs, qu’un rassemblement au premier tour est nécessaire avec une campagne responsable qui nous projette au second tour. Je me suis toujours battu pour le rassemblement. On le fait à Cognin, pour les départementales et pour les régionales. Dans les négociations, il ne faut pas que nos partenaires oublient qu’on ne part pas de zéro, il y a des conseillers sortants, il y a déjà une base au départ. Les électeurs ont élu des binômes de gauche face à une offre de droite. Il faut aussi avoir à l’esprit les différences selon les cantons, et le triptyque » solidarité, écologie et démocratie « citoyenne pour construire un projet social qui rassemble. N’oublions pas qu’il n’y a qu’un juge de paix : ce sont les électeurs. » 

« Les gens ont une envie de clarté, de savoir ce que les candidats représentent »

Le défi de rassembler la gauche plurielle est de taille, quand on peut voir les différents exemples de gouvernance, pas toujours si évidentes à manœuvrer sur le territoire chambérien. Pourtant Damien Ancrenaz y croit, et a la ferme intention d’aller au bout de cette ambition, de la porter loin et fort, d’autant qu’il en est convaincu, « localement notre présence est encore assez forte, nous ne sommes pas au plus haut, mais nous représentons quelque chose, cela se voit dans les exécutifs locaux à Cognin ou à Montmelian, je pense que nous avons encore une chance de représenter quelque chose, il y a une relève, mais très clairement, je pense que le virage écologiste est absolument nécessaire, il faut que ce soit acquis. » S’enrichir d’avis divergents, « aller plus loin ensemble » comme le dit l’adage, oui, car la pluralité de personnalités est une bonne chose, mais avec un bémol « ce que je refuse, c’est qu’on transforme notre réussite en compétition et qu’on se tire dans les pattes. L’alliance du PS et des verts dépasse dans les urnes, le RN et la droite. Il faut qu’on puisse s’appliquer à nous-mêmes ce qui est important : que chacun exprime ses besoins. On peut le faire, j’y crois. »  Pas de sans étiquette aux prochains scrutins, pas d’ambiguïté, mais une réponse aux exigences que les électeurs ont clairement exprimé aux derniers scrutins « les gens ont une envie quand ils ne connaissent pas personnellement le candidat qui se présente à eux : une envie de clarté, de savoir ce qu’il représente? Moi en tant que socialiste j’entends les besoins, et je veux proposer quelque chose de clair. » Trois axes de travail seront ainsi déclinés pour 2021, une réflexion d’abord, en proposant jusqu’à l’été des débats d’idées au niveau local, un axe élections pour se pencher en équipes sur les échéances à venir, et un pôle militant « la crise du Covid a mis un coup d’arrêt aux moments de convivialité qui nous permettaient de créer du lien », regrette Damien Ancrenaz, « il est temps que nous puissions nous retrouver de nouveau, que nous puissions recréer ce lien qui nous manque, ce côté sympa du militantisme, fondamental et que nous espérons retrouver très vite, même si au départ ce sera en petits comités » A la fois humble et audacieux, à la fois motivé sur les problématiques et ambitieux pour l’avenir, ces nouvelles responsabilités – bénévoles – ancrent un peu plus encore la conviction du nouveau premier homme du PS de Savoie « il faut que le PS prenne sa part dans la reconstruction de la gauche. » Affaire à suivre. 

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2 commentaires

Unknown

13/03/2021 à 18:44

Excellent article qui aborde le sujet au delà du factuel.

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michel dupraz

15/03/2021 à 21:20

Et sinon, il fait quoi dans la vie ce jeune homme ? Encore un politicien en herbe qui veut vivre de la politique toute sa vie en grappillant un mandat par-ci un mandat par-là.

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