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Dernier tour de vis avant réouverture totale, espère Emmanuel Macron

Par Jérôme Bois • Publié le 31/03/21

Hôpitaux en surchauffe, épidémie qui progresse, la troisième vague est bel et bien là, au point d’inciter un président très critiqué pour sa gestion de la crise à resserrer la vis, ce qu’il s’était refusé à faire en janvier. Emmanuel Macron s’est donc adressé aux Français, rompant avec le traditionnel rendez-vous du jeudi avec son premier ministre Jean Castex. C’est dire si l’heure est grave… Sera-ce le dernier tour de vis comme le président de la République le promet désormais ? 
On serre les rangs une dernière fois et, promis, ce sera la dernière. Avec plus de 4 millions de personnes touchées par le coronavirus, « 100 000 familles endeuillées, un an d’actes héroïques » , la situation est grave. Encore et toujours. Sempiternellement, même. « Nous allons tenir, encore » , disait Emmanuel Macron, nous remémorant ainsi le discours de guerre qu’il nous tint voici un an. « J’appelle à la mobilisation de chacun en ce mois d’avril où beaucoup se joue ». 

Vigilance renforcée partout

Trois grands principes ont guidé les autorités jusqu’ici, poursuivait Emmanuel Macron : la sécurité, l’équilibre, entre les gens et les territoires, et la responsabilité, l’appel au civisme de chacun, mis à mal au gré de clichés et vidéos partagées çà et là. « Nous avons tous consenti des efforts importants et le virus continue de circuler ». Il a loué les quelques jours de liberté gagnées grâce au non-reconfinement, en comparaison avec nos proches voisins qui n’ont pas hésité à confiner une troisième fois. Insuffisant. « Ces dernières semaines, nous faisons face à une nouvelle donne. Avec la vaccination, qui devrait nous permettre de sortir de cette crise et la propagation dans toute l’Europe d’une nouvelle forme du virus. Aucune région en France n’est épargnée ». Plus contagieux, plus meurtrier, aussi. Les plus jeunes sont ainsi maintenant atteints. 44% des personnes en réanimation ont moins de 65 ans, rappelait-il. Les mesures prises sur 19 départements, si elles ont été bénéfiques, ont été des efforts trop limités encore face à une situation incontrôlable. « Nous devons donc nous fixer un nouveau cap. Il ne faut pas céder à la panique ». Il évoquait le contrôle de la situation à l’hôpital, le refus de céder au déni… « Nous devons pour les mois à venir fournir un effort supplémentaire ». Le mot était lâché : effort.Un effort des soignants, d’abord, ils apprécieront sans doute les renforts promis ; « Le nombre de lits en réanimation porté à 7 000 ira jusqu’à 10 000 grâce à la mobilisation de tous ». Puis un effort de tous ; dès samedi 3 avril, les règles en vigueur dans les départements en vigilance renforcée seront étendues à tout le territoire métropolitain. « Chacun devra veiller à limiter les contacts, les rencontres, le couvre-feu sera maintenu partout à 19h, le télétravail sera systématisé. Les commerces seront fermés selon la liste définie dans les 19 départements concernés ». Les commerces essentiels resteront ouverts, les rassemblement de plus de six personnes proscrits, tout comme la consommation d’alcool sur la voie publique (lire notre article du 26 mars sur les restrictions en Savoie, elle aussi en vigilance renforcée jusqu’ici). Les déplacements interrégionaux seront interdits sauf motifs impérieux. Une tolérance sera autorisée pour le weekend de Pâques pour ceux qui souhaiteront partir. Ces mesures demeureront en vigueur jusqu’au 2 mai et concerneront donc 67 millions de Français et plus seulement 23.

L’école en distanciel

L’attestation ne sera pas de retour, c’est une grande tendance, hormis pour les déplacements allant au-delà de 10 kilomètres. Les contrôles, les sanctions seront renforcés « mais nous faisons le choix de la confiance, et de la respiration ». Un effort pendant les fêtes sera demandé pour éviter au maximum les rassemblements familiaux et religieux. 
Concernant l’école, rouverte tôt après le confinement, en mai 2020, « un choix fait en confiance car nos enfants ont besoin d’apprendre et d’être ensemble » , et compte tenu de la circulation du virus, les décisions seront tranchées : crèches, écoles, collèges et lycées seront fermés durant trois semaines, dès mardi 6 avril. Le calendrier scolaire sera adapté. « La semaine prochaine, en écoles, collèges et lycées, les cours se feront à la maison. Le 12 avril, la France entière sera placée en vacances de printemps. La rentrée du 26 avril sera physique pour les primaires et maternelles, à distance pour les autres ». Les collégiens, lycéens reprendront le 3 mai. Les étudiants pourront encore se rendre une journée par semaine en cours, en présentiel.Tous les dispositifs d’aides aux travailleurs seront maintenus, le chômage partiel sera préconisé pour ceux qui ne pourront télé-travailler. 

Vacciner, vacciner, vacciner…

Grâce à la vaccination, « la sortie de crise se dessine » , a estimé le président. « 8,5 millions de personnes ont reçu la première dose, 3 millions la deuxième. Le vaccin est efficace » , a-t-il garanti. Et l’Europe se fera forte selon le président, de devenir le premier producteur de vaccins au monde. « Il faudra ensuite vacciner au plus vite ceux qui en ont besoin, j’assume cet ordre, c’est ainsi que nous pourrons soulager rapidement l’hôpital ». Vacciner, vacciner, vacciner, a-t-il martelé. Ce sera la seule porte de sortie possible. « J’ai demande à l’assurance-maladie de mobiliser ses effectifs pour obtenir un rendez-vous » , en réponse aux nombreux couacs enregistrés jusque-là. Dès demain, les personnes de plus de 70 ans pourront donc prendre rendez-vous, dès le 16 avril, les personnes entre 60 et 70 ans, puis entre 50 et 60 le 15 mai et mi-juin, pour tous les Français. « Nous tiendrons l’objectif que je nous ai fixé : à la fin de l’été, l’ensemble des Français de plus de 18 ans qui le souhaitent, aura été vacciné ». La tenaille de la vaccination et des efforts d’avril vont « nous permettre de rouvrir progressivement le pays. De retrouver l’art de vivre à la française, les restaurants, les cafés… » Mi-mai, les lieux de culture, les terrasses, rouvriront progressivement, les sports la culture, les loisirs également pour l’été. Avec le souci, toujours de s’adapter à la réalité.Emmanuel Macron a admis les erreurs commises, les manquements, « nous avons appris à chaque fois, cependant » , précise-t-il. Pour le président de la République, ce tour de vis devra être le dernier. Si tout va bien, mais ça, depuis un an, nous avons appris à en douter.

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