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Albertville : le maire sommé par le tribunal administratif d’approuver le permis de construire d’une école privée financée par Millî Görüs
Par Jérôme Bois • Publié le 09/04/21
C’est un cri du cœur qu’a lancé Frédéric Burnier-Framboret dans les colonnes du Figaro, le 8 avril. Car face à la promesse de construction d’une école privée hors contrat alimentée par des fonds étatiques turcs, et confronté au spectre de désertification des écoles alentours, le voici contraint d’écrire son désarroi en même temps que d’accepter le permis de construire qu’il avait préalablement rejeté pour des raisons urbanistiques. Une décision du tribunal administratif de Grenoble logique, attendue, mais qui ne manque pas de soulever de nombreuses interrogations, notamment sur la conservation du bien-vivre ensemble dans un quartier prioritaire d’Albertville.
« Le 7 avril, le tribunal administratif de Grenoblem’a condamné à signer un arrêté accordant le permis de construire d’une école privée portée par l’association Confédération islamique Millî Görüs (CIMG). Cette association est celle qui, actuellement, construit la mosquée de Strasbourg et qui fait partie des trois organisations ayant refusé de signer la charte des principes pour l’islam de France ». C’est ainsi que débute cette tribune du maire d’Albertville, écrite au Figaro dans son édition du 8 avril. Une décision de justice qui tombe sous le sens, avec laquelle Frédéric Burnier-Framboret se dit « en accord » puisque « l’Etat a raison sur le principe ». Le problème est ailleurs.
La crainte de fermetures de classes voire d’une école entière
L’affaire est d’ores et déjà en train de faire grand bruit du côté de la confluence de l’Arly et de l’Isère, le maire albertvillois s’en amuserait presque si la cause, au bout du tunnel, n’était pas la fermeture de classes voire celle d’une école entière. « Tous les exemplaires du Figaro ont dû partir, à cette heure » , sourit-il. Albertville sous le feu des projecteurs… En effet, le hashtag #albertville figure même en bonne position des tendances sur Twitter, l’heure est donc à la méfiance, le danger étant de partir dans une croisade anti-islam ou antiturque alors que le nœud du problème est ailleurs. Lorsque le permis de construire d’une école de 16 classes et 400 élèves potentiels avait été déposé en mairie, début 2020, par l’association CIMG (confédération islamique Millî Görüs), Frédéric Burnier-Framboret l’avait d’abord rejeté « pour des motifs urbanistiques » , seul levier disponible pour empêcher l’érection d’un tel établissement, représentant le quart des effectifs scolaires de la ville, en plein cœur d’un quartier prioritaire de surcroît. « L’association a ensuite déposé un recours et le tribunal administratif m’a contraint d’accorder ce permis de construire. Dans cet intervalle, je voulais montrer le problème que j’avais en tant que maire à devoir approuver un tel permis, le danger pour la conservation du bien-vivre ensemble » , nous explique-t-il. Du reste, sa tribune le mentionne bien, « cette nouvelle école, de par son ampleur, aura des conséquences immédiates dramatiques : la fermeture de plusieurs classes, voire à terme d’une école publique, ainsi que la polarisation d’un quartier pour lequel je travaille depuis mon élection en 2017, afin d’y instaurer un vivre ensemble solidaire et harmonieux ». Trois écoles publiques sont implantées à proximité de ce futur mastodonte, les groupes scolaires Pasteur, du Champs-de-Mars et du Val-des-Roses, « en pleine réhabilitation grâce notamment à l’investissement de l’Etat » , insiste le maire. « En somme, une école privée hors contrat va se construire aux dépens de notre école laïque et c’est inacceptable » Comme souligné dans son texte, « ce projet d’école privée est en contradiction totale avec les objectifs de la convention de renouvellement urbain signée par les collectivités locales avec l’État en 2019. Cette convention prévoit, pour tout projet, l’adhésion aux valeurs de la République et la nécessaire collaboration des établissements scolaires publics » .
L’opacité faite CIMG
Mais voilà, quel que soit le culte enseigné en son sein, « elle appartient au secteur privé, nous, maires, n’avons pas les moyens d’agir ». Le site Dômes et Minarets a effectué un recensement des 120 écoles musulmanes en France, celle-ci figure déjà au palmarès bien que non bâtie. Et les projets se multiplient. Rien de déraisonnable par ailleurs sauf ici. « C’est l’ampleur du projet qui me dérange, partout en France, il en existe mais de plus petites ». Le porteur du projet, ne nous le cachons pas interpelle également : Millî Görüs (que l’on pourrait traduire par « vision nationale »), qui fait partie des trois organisationsayant refusé de signer la charte des principes pour l’islam de France*, est l’une des principales composantes de l’islam turc, avec Ditib : ces deux fédérations se distinguent par leur alignement au pouvoir turc, détaille le journal La Croix. Récemment, son nom est apparu à Strasbourg, lorsque la nouvelle majorité a validé l’octroi d’une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction d’une mosquée**. « D’après ce que j’ai pu lire, la CIMG serait un peu le bras armé d’Erdogan » , souffle le maire, un pouvoir « qui a pour ambition de ne pas permettre l’intégration des jeunes, au risque de la communautariser ». Ou quand « le représentant d’un pays étranger devient l’aménageur et l’hôte de la cité laïque et républicaine sur son propre territoire ». Ainsi, « la crainte clairement exprimée [des] dirigeants est l’assimilation de la jeunesse turque aux valeurs républicaines de la France ; ils militent en faveur d’une partition territoriale qui polarise la vision de la société entre un » nous « et un » eux «. J’ai rencontré deux fois le président national du CIMG France, Fatih Sarikir » , poursuit Frédéric Burnier-Framboret dans sa tribune au Figaro, « lors de l’instruction du permis de construire et pendant le recours judiciaire. Celui-ci, défendant son projet démesuré, m’a expliqué la chance qu’avait Albertville d’avoir été choisie pour ce projet, et m’a également promis que ses portes seraient ouvertes pour les services de la ville et les habitants d’Albertville… »
Certes, la communauté turque est de taille, dans la cité savoyarde, « elle s’y est implanté via la construction, les chantiers en stations de ski. Ils sont majoritairement basés sur Albertville aujourd’hui ». A tel point qu’en 2014, une mosquée turque avait vu le jour, portant déjà le sceau de CIMG, « elle ne comprend que 200 adhérents, ce qui n’est pas démesuré, c’est une population bien intégrée dans l’ensemble. Mais cette école, là, elle n’aidera pas l’intégration des jeunes turcs en France ». En définitive, que réclame le maire albertvillois à travers cette tribune ? Obtenir les moyens, en tant qu’élu, d’empêcher « qu’une puissance étrangère prive un jeune de la possibilité de s’intégrer. De permettre aux maires et aux préfets d’avoir une vigilance particulière sur comment ces projets sont financés ». Car « si l’on veut que nos enfants aient la tête bien faite et soient libres de penser par eux-mêmes » , un arsenal légal sera nécessaire. C’est pourquoi il sera reçu par le cabinet de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, mardi 13 avril. « Nous avons l’Etat français, qui finance des projets ambitieux de réaménagement urbain et d’intégration, mais qui ne donne pas aux maires des moyens législatifs efficaces pour contrer et empêcher ce type d’implantations qui lui sont clairement en opposition et qui mettent en péril les fondements de notre société par l’éducation de nos enfants », écrit-il en conclusion. « Entre les deux, des élus locaux en première ligne et au plus près des réalités mais démunis en pareille situation. Il est urgent que le Parlement adopte des dispositions législatives adaptées pour permettre aux maires de contrer l’installation d’associations ou des entreprises pilotées par des puissances étrangères qui favorisent une cristallisation identitaire au cœur de nos territoires ». Sera-t-il entendu ?
* Millî Görüs, par la voie de son président national, s’était exprimé, mardi 6 avril, entre autres sur la signature de cette fameuse charte. « Notre réticence à la signer résulte du fait qu’à nos yeux, elle ne respecte pas la séparation essentielle entre la dimension étatique et religieuse. Cette séparation, entérinée par la loi de 1905, est pourtant l’un des biens les plus précieux de notre République. Nous pensons […] que certains passages de la charte pourraient donner aux musulmans – et c’est ce que nous sommes en train de vivre –, le sentiment qu’ils auraient, plus que les autres, l’obligation d’exprimer leur respect pour les lois et les principes de la République. Or, la République est une et indivisible, assure l’égalité devant la loi de tous ses citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion ». (Source : actu.fr)
** A la suite de quoi Gérald Darmanin avait tweeté « La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique. Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée » .
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1 commentaire
Unknown
10/04/2021 à 22:58
Franchement l état français a vraiment perdu toute honneur . Heureusement qu'il vont revenir sur cette décision vraiment absurde