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Chambéry : la ville fait le pari de l’investissement et affiche ses grandes ambitions pour 2021

Par Laura Campisano • Publié le 15/04/21

Le budget primitif 2021 a été voté, lundi 12 avril, en séance du conseil municipal, passage obligé à cette époque de l’année et le point de départ véritable, pour les nouvelles majorités, des affaires courantes. Un budget que Thierry Repentin a qualifié d’ambitieux en dépit d’un coût de la crise assez élevé. 25 millions d’euros seront débloqués chaque année pour les investissements, et une fois débarrassée des décisions prises sous la mandature précédente, les prochains budgets seront moins contraints, a promis le maire. 

Thierry Repentin
La crise sanitaire n’en finit plus d’étaler son emprise sur nos existences, son coût augmente à mesure que s’enchaînent les confinement ou que s’intensifient les tours de vis. 2,7 millions d’euros, voici ce qu’aurait coûté la crise à la ville de Chambéry en 2020, Pierre Brun suggéra un montant à peine en deçà, de l’ordre de 2,2 millions pour 2021 lors de la présentation du budget primitif, lundi 12 avril, sans savoir encore si la sortie de crise allait être pour bientôt. Les marges de manœuvre, dans ces conditions, sont plutôt restreintes, « des recettes n’arriveront pas et de nouvelles dépenses vont arriver. Aussi, nous pourrons via des décisions modificatives revenir sur ce budget en cours d’année » , introduisait Thierry Repentin. En d’autres termes, ce BP a été complexe à bâtir et beaucoup de flou enveloppe les éléments financiers présentés. Toutefois, son ambition est indéniable.Ce que l’on retiendra de ce premier vote du budget, c’est que de débat il ne fut pas trop question, la mise sur la table des prévisions 2021 occasionnant surtout des échanges entre initiés, Benoît Perrotton d’un côté, Pierre Brun de l’autre. En somme, l’ancien adjoint aux finances et le tout frais conseiller municipal délégué au pilotage financier. Des échanges courtois entre deux cuistots du chiffre, un affrontement à pas feutrés. Il était difficile de reprocher quoi que ce soit à ce tout premier BP de la mandature compte tenu du contexte, mais rappelons-nous, on a vu des élus d’opposition plus agressifs à Aix, par exemple, ou encore à La Ravoire, ce qui montre que le contexte est une donnée à géométrie variable suivant là où l’on se trouve. La minorité n’a pas mordu comme elle le fit sur l’avenant au contrat de DSP avec Q Park.

Un programme d’investissement ambitieux

Ce qui apparaît néanmoins, c’est l’effort consenti dans l’investissement. Avec 25,7 millions d’euros engagés cette année, il sera largement supérieur aux précédents budgets, hormis celui de 2019 (28,42), année où Malraux a nécessité de gros travaux de rénovation. Idéalement, cette majorité souhaiterait tenir le rythme de 25 millions d’euros chaque année jusqu’en 2026. De gros programmes vont être lancés, sur l’imperméabilisation et la déminéralisation des cours des écoles du Biollay, de Chantemerle, du Pré-de-l’âne, Pasteur et de Chambéry-le-Vieux ou sur la rénovation thermique des bâtiments communaux, l’aménagement du quartier Vétrotex va se poursuivre tandis qu’une étude va être lancée pour la restauration du théâtre Charles-Dullin. Des postes d’Atsem seront créés, la médiation nocturne sera renforcée sur le faubourg Montmélian, Covet et Curial et la ville fait le pari de l’insertion de jeunes apprentis au sein de ses services. Ajoutons à ce florilège une augmentation de 68 000 euros du montant réservé aux associations (un peu plus de 8 millions d’euros)*, cette majorité affiche des ambitions fortes pour 2021. C’était la partie ambitieuse de ce BP car tout n’est pas rose par ailleurs, au pays de la finance à l’ère du Covid. 

Pierre Brun
La ville, on l’a vu, a payé – et va continuer à le faire – un lourd tribu à la crise. Dans le détail, le secteur de la petite-enfance a perdu 574 000 euros de participation de la Caf, les recettes du stationnement sur voirie ont chuté de 400 000 euros et les dépenses directes liées à la crise Covid se montent à 150 000 euros. Des recettes en moins (1,364 millions), des dépenses en plus (950 000), qui ont éreinté l’épargne nette, négative pour 2021 (-900 000 euros). « Nous avons été prudents pour le budget 2021 » , confiait Thierry Repentin, « car nous sommes en transition entre deux mandats, nous sommes aujourd’hui encore contraints par de grosses dépenses engagées par la mandature précédente, lourdes d’engagement budgétaire ». Mention à la réhabilitation de l’école Vert-Bois (800 000 euros inscrits au budget cette année), au stade (7,6 millions budgétés), au parking Ravet, évidemment, et à la reprise de l’entrée Nord de la ville (2,05 millions d’euros d’inscrits). « En 2023, 2024 et 2025, nous le serons moins » prophétisait le maire. 

Céder, emprunter, rechercher

La ville s’était longtemps appuyé sur la vente de biens communaux pour alimenter ses recettes, largement nourries par les impôts et taxes (58%) et les dotations et participations diverses (25%). Toutefois, « nous aurons des projections plus prudentes sur ces cessions car tout ce qui était attractif et vendable est déjà parti ». En outre, « la fiscalité ne sera pas augmentée**, la masse salariale des 1 414 agents sera maintenue ». Comment s’y prendre, dès lors ? « Nous avons recherché de nouveaux partenariats financiers et avons procédé à une gestion plus rigoureuse ». Ainsi, 3,837 millions d’euros de subventions supplémentaires sont venues irriguer le financement du stade tandis que celui de la refonte de l’école Vert-Bois bénéficiera de 520 000 euros en plus : « Je ne remets nullement ces projets en cause », a certifié le maire, « je dis qu’il faut être plus performant sur leur financement ». Les recherches ne sont pas closes, ces aides pourraient encore augmenter. Prudence toujours et encore avec la demande de subventions au plan de Relance, évaluée à 500 000 euros pour 13 dossiers déposés quand Philippe Cordier s’étonnait de cette retenue « exagérée au regard des 100 milliards mis sur la table ». Il semble que les fonds attribués au préfet de Savoie atteindraient plus les 4 millions d’euros pour l’ensemble du département « mais tout ce que nous pourrons récupérer, nous le ferons, nous défendrons chaque dossier » , a promis Thierry Repentin.La cession de biens, la recherche de subventions mais pas seulement puisque la ville se tournera aussi vers l’emprunt pour équilibrer ce budget de 130,8 millions d’euros, un recours à hauteur de 11,7 millions d’euros, choix contesté par l’opposition qui avait bien lu que le choix était celui de la poursuite du désendettement. « La dette sera accrue de 700 000 euros et l’épargne nette sera négative, c’est donc la négation d’un bon budget » , contesta Benoît Perrotton. Si effectivement, à l’inverse de ce qui avait été promis, la mairie ne parviendra pas à se désendetter, l’encours de la dette sera quant à lui stabilisé à 103 millions d’euros, comme en 2020. Devant l’ensemble de ces éléments, Philippe Cordier se montra assez alarmiste, bien plus en tout cas que son collègue : « Vous ne maîtrisez pas les dépenses de fonctionnement (car la masse salariale sera en légère augmentation d’1,65%, NDLR) et nous allons revenir en arrière en matière de gestion de la dette » , fit remarquer l’élu En Marche. « Votre incapacité à faire des choix, le retour aux dérives d’avant 2014 – car les dettes d’aujourd’hui seront les impôts de demain – nous conduisent à voter contre ce budget ». Avec 35 voix pour, ce budget, premier gros test financier de cette nouvelle majorité, oscillant entre ambition et prudence, était voté.

* Dès lundi 12 avril, 65% des subventions aux associations ont été versés, les 35% restants le seront à la fin de l’été.
** 40,46% sur le foncier bâti, 50,11 sur le foncier non bâti.

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