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Contrat passé avec Q Park : « ce sont les Chambériens qui surpaieront l’addition », s’indigne l’opposition
Par Jérôme Bois • Publié le 13/04/21
Comme si le vote d’un budget de crise, de transition, de combat ne suffisait pas, un autre thème, presque aussi vieux que nous, a resurgi des profondeurs. On plaisante à peine, la négociation avec Q Park ne pouvait que faire renaître ces grands débats façon attaque-défense, durant lesquels une minorité s’ingénie à rivaliser de synonymes et d’hypertrophie verbale pour qualifier un accord qui devait sceller le dossier du parking Ravet. Avec gourmandise, Aloïs Chassot et les siens se sont emparés de la délibération n°18, celle que nous vous présentions le 7 avril, lors de la dernière séance du conseil municipal, lundi 12 avril. Fin du débat désormais ? Non, le début « de la facture » pour les Chambériens, selon l’opposition.
Cuisine de chiffres
Benoît Perrotton mit du cœur à l’ouvrage, en qualité d’ancien adjoint aux finances, à déconstruire cet avenant pour, in fine, dénoncer un contrat « flou, dont on ne sait rien » et jugé au bénéfice de Q Park à défaut d’être à celui des Chambériens. Il dénonçait une délibération « qui a déterminé le budget principal de la ville » , par son ampleur financière, « donnant lieu à une épargne nette négative, issue de votre négociation avec Q Park » , ampleur dont il allait faire la démonstration ensuite. « En premier lieu, la perte de recettes 2020 par rapport à 2019, liée à la crise Covid, détaillée par le délégataire s’élève à 859 000 euros. Comment les indemnisez-vous ? » Par la suppression de la taxe foncière et de la taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères, en 2020 et 2021. Et par le paiement de la moitié, en 2022.
« Cet avenant prouve que vous avez menti »
En définitive, « vous avez reconsidéré le contrat avec un bonus de près de 10 millions d’euros en faveur de Q Park, jamais personne n’aurait revalorisé à un tel niveau un contrat de DSP ; je dirais que ce dossier est à l’image de l’exploitation que vous avez fait du parking Ravet pour remporter la mairie, c’est flou, c’est incohérent, c’est incompréhensible ». Ce sont « les Chambériens et les automobilistes qui surpaieront l’addition ».
Martin Noblecourt, adjoint en charge de l’administration générale et de la commande publique, partageait bien les réticences affichées par l’ancien adjoint aux finances, ce contrat ayant toujours été décrit comme un pesant « héritage » , il justifia ces compensations par la négociation « d’un package global avec coût Covid, coût Ravet et taxe d’aménagement face un autre package de compensation ». Il regretta « des projections, des conjectures sur plusieurs décennies: nous étions pris par un contrat en place, un contrat à vie, quasiment. A partir de là, on a essayé de se garantir d’un enrichissement supplémentaire de Q Park, c’est une clause de protection. L’idée est de coller au niveau de rémunération du délégataire, telle que prévu au contrat originel. Ce sera revisité annuellement en comité de suivi ». Des clauses de revoyure « prévues par vous à l’origine. Si ça venait à ne pas suffire, nous en serions collectivement responsables, vous et nous ». C’est ensuite Aloïs Chassot qui prit le relais, dans un style bien moins comptable que fantassin, celui qu’on lui connaît : « Cette délibération n’est pas la fin du feuilleton mais bien le début, le début de la facture pour les Chambériens. Vous aviez dit le 19 octobre que ce n’est pas au contribuable de régler la note, pas un centime ne sera demandé au budget et aux Chambériens. Cette délibération nous montre donc que vous avez menti ». L’impact est selon lui, « au-delà des montant affiché. Vous saviez dès juillet combien l’arrêt du chantier allait coûter : cher, très cher. Ce soir, nous apprenons que ce sont plusieurs dizaines de millions d’euros qui iront dans les poches de Q Park. C’est cet avenant qui rend le contrat de DSP toxique ». Il s’attaqua même à Marielle Thievenaz, à qui il demanda « la justification de la disparition miraculeuse des recours pour un parking qui n’a pas bougé d’un iota ». Membre du collectif du Faubourg Nezin, la néo-élue fut en effet à l’origine de nombreux recours déposés pour empêcher la construction du parking.
« Vous avez monté un beau scenario »
* Retrouvez les éléments financiers et les conditions de cette négociation dans notre article du 7 avril.
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