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Dans le bassin chambérien, l’habitat intergénérationnel se porte bien

Par Laura Campisano • Publié le 20/04/21

La solitude a été un marqueur fort durant l’année qui vient de s’écouler, puisque contraints à l’isolement, certains ont souffert encore plus durement des différentes phases de confinement. Si l’on a coutume de penser que la solitude marque davantage les seniors, les derniers mois nous ont démontré avec force que les étudiants, les plus jeunes d’entre nous, souffraient encore plus d’un isolement forcé. Aussi, penser à l’habitat intergénérationnel n’est-il pas incongru. En Savoie, ce concept n’est pas nouveau au contraire, puisqu’il existe depuis 2007 sur le territoire de Grand Chambéry, via le projet « 1 toit 2 générations ». Le 12 avril dernier, un nouveau gap a été franchi avec la signature d’une convention entre la ville de Chambéry et l’association régie Coup de pouce. 
Il n’a pas fallu attendre la crise sanitaire de 2020 pour prendre conscience de la croissance constante de la solitude chez de nombreux français, même s’il est vrai que les confinements ont accentué davantage la tendance et ont permis d’en prendre conscience. Sur le territoire de Grand Chambéry, un travail de fond s’est engagé depuis 2007, soit près de 13 ans de cohabitations intergénérationnelles à Cognin, Saint-Alban-Leysse et Chambéry avec trois objectifs : lutter contre l’isolement et la solitude des deux parties, faciliter le lien social entre générations ainsi que le logement des jeunes. Et ça fonctionne, plutôt bien.

Moins de 30 et plus de 60 ans, l’alchimie possible 

La régie Coup de pouce peut s’enorgueillir d’avoir réussi l’une de ses nombreuses missions, puisqu’en faisant partie des 40 associations en France promouvant la cohabitation intergénérationnelle, elle a signé sa première convention avec le centre communal d’action sociale (CCAS) de Chambéry, le 12 avril dernier. Un premier pas pour une cohabitation en résidence autonome « Ma Joie » proposant à deux jeunes de moins de 30 ans d’y habiter. « Les deux critères principaux d’une colocation solidaire intergénérationnelle, sont que les jeunes aient moins de 30 ans, quelle que soit leur situation, pas uniquement des étudiants », précise Alexandre, de la régie Coup de pouce à Chambéry, « et que les hébergeurs aient plus de 60 ans, là aussi quelle que soit leur situation. C’est un beau partage, avec un objectif de lien social très fort. » En mai 2020, Edifim lançait sa première résidence intergénérationnelle en Savoie, aux portes du centre-ville de Chambéry, qui devrait être livrée au dernier trimestre 2021. Intitulée « En aparté », la résidence s’étend sur 2 056 m², avec une salle commune en son centre, de 83 m², donnant sur un espace extérieur. Objectif : créer du lien, partager des expériences entre les générations. L’idée a le vent en poupe.

Des projets fleurissent sur le bassin chambérien 

En septembre de la même année, le quartier du Biollay à Chambéry a également vu une cohabitation solidaire se nouer, sous l’égide de régie Coup de pouce, tout comme Cognin, sur le territoire de l’agglomération. « Il s’agit de deux colocations de deux jeunes, qui mettent à disposition leur temps », explique Alexandre, « tous les jeunes qui appellent ont compris la cohabitation intergénérationnelle, ils connaissent les conditions de mise en place de cet hébergement. » Ces conditions tiennent principalement à la présence des jeunes quatre soirs par semaine, quatre nuits par semaine ainsi que deux weekends par mois. De leur côté, les hébergeurs doivent leur assurer un logement sain et salubre, meublé et exclusif. « On sent l’engagement de ces jeunes, c’est rassurant », sourit Alexandre, qui les accompagne dans leur recherche de la coloc’ idéale. Un autre projet est également en cours avec « 1 toit 2 générations », à l’entrée de Bassens, avec la création d’une maison intergénérationnelle « le Tiss’âge » portée par la fédération Habitat et Humanisme, avec 33 logements du T1 au T4, afin d’accueillir des seniors de plus de 60 ans sans besoin de médicalisation à domicile, des familles aux revenus modestes et des jeunes en insertion. Colocations seniors-jeunes sont au programme, ainsi que des échanges de bons procédés comme des gardes d’enfants, services du quotidien ou courses rapides.Les bailleurs sociaux jouent le jeu également, aux côtés du CCAS de Chambéry qui accompagne ces démarches de mieux-vivre ensemble. « C’est me semble-t-il très important de favoriser l’entraide entre les générations dans ce contexte », expose Christelle Favetta-Sieyès, adjointe en charge de la cohésion et de la justice sociale, et vice-présidente du CCAS, « cette convention n’est qu’un début car je crois en ces dispositifs solidaires. »  

Des cohabitations en suspens en raison de la crise sanitaire

Toutefois, la crise que nous connaissons a mis un bémol à la dynamique pourtant bien ancrée sur le territoire. « Nous subissons les affres du confinement en Savoie », regrette Alexandre, « les cohabitations ont cessé, pour différentes raisons entre le premier et le deuxième confinement. Beaucoup ont peur, les jeunes sont stigmatisés. Nous avons beaucoup de chance sur Chambéry, car une vraie solidarité s’est mise en place, et même si les gens n’osent pas aller jusqu’à l’hébergement, ils nous contactent parce qu’ils veulent aider. » La peur des familles, d’un côté comme de l’autre des générations, a certainement été l’un des facteurs les plus marquant de la « suspension » des hébergements. Si cela commence à reprendre, que les demandes de nouveau affluent auprès de la Régie, les candidatures sont d’ores et déjà acceptées pour intégrer la résidence autonome « Ma Joie », à Chambéry, où deux jeunes pourraient rapidement être accueillis dans le cadre du protocole. 

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