article

La Ravoire : la condition animale sur le bureau du maire

Par Jérôme Bois • Publié le 12/04/21

Dans le programme municipal du groupe Ecoexistons La Ravoire figurait ce point, important, celui des ateliers thématiques, ces mêmes ateliers que nous évoquions fin janvier, destinés à poser sur la table des négociations des propositions concrètes sur des sujets préalablement préparés. Le premier a vu le jour, s’est conclu par un dossier de dix propositions sur la condition animale, qui a été déposé sur le bureau du maire, vendredi 9 avril. L’écoute du maire a été bonne, selon ses membres.
La signature de la charte « Une ville pour les animaux » n’était donc qu’un marqueur dans le temps, le groupe Ecoexistons La Ravoire ne comptait pas s’en tenir uniquement à la date du 4 mars 2020 pour manifester son intérêt pour la cause animale. 

Quid des cirques avec animaux dans la commune et dans l’agglo ?
Dans ces colonnes, le 27 janvier dernier, nous avions présenté le principe des ateliers participatifs et thématiques que le groupe souhaite décliner sur les thèmes touchant au plus près la vie quotidienne des Ravoiriens. Et comme un symbole, c’est la condition animale qui fut le premier à être traité avec pour aboutissement la remise d’un dossier de dix propositions à Alexandre Gennaro, le 9 avril. Ce principe figurait dans le programme de campagne. « L’idée » , expose Pauline Di Nicolantonio, animatrice pour Ecoexistons, « était de créer un groupe de travail spécifique car la problématique liée aux animaux est prégnante et la ville a de vraies prérogatives en la matière. Nous avons été agréablement surpris par les contributions et les contributeurs eux-mêmes » , parmi lesquels quatre personnes extérieures à Ecoexistons. « Notre première action a donc été de soumettre nos propositions au maire ». Ça s’est passé vendredi 9 avril, à charge pour ce dernier d’en prendre connaissance en profondeur et d’éventuellement faire cas de ces suggestions. Les retours des membres de cette petite délégation ont été cependant enthousiastes : « Nous avons reçu un très bon accueil, M. Gennaro semblait vraiment intéressé et n’a fermé la porte à aucune de nos propositions », assure l’animatrice. « Il était plus enclin à suivre certains sujets plus que d’autres, comme la question des animaux de compagnie et celle de mesures impliquant les citoyens. Il s’engagerait ainsi à soutenir toute initiative émanant des gens ». Le maire fut moins emballé par les repas végétariens à la cantine (lire ci-après) : « Son engagement portait sur du 100% bio ou local ou responsable d’ici à la fin du mandat. Pourtant, selon nous, l’un peut aller de pair avec l’autre ». 

« 89% des Français jugent la cause animale importante… »

« 10 mesures pour faire de La Ravoire une ville modèle pour les animaux » est donc le dossier de 16 pages où s’inscrivent les propositions concrètes nées de ce premier atelier. « Nous avons rapidement constaté que la condition animale était un axe souvent peu traité au niveau municipal alors que des mesures simples et très concrètes ayant un impact considérable pourraient être prises par le Maire. Ces mesures peuvent contribuer de manière significative à améliorer le quotidien de centaines d’animaux présents sur la commune. Il devenait donc urgent d’agir » , introduit le document. « La question animale est un sujet éthique. Mais c’est aussi un sujet politique : depuis une dizaine d’années maintenant, les citoyens se sont saisi.es de cet enjeu. Ainsi, 89% des Français jugent la cause animale importante (IFOP 2019 – AnimalPolitique) et 68% considèrent que les politiques ne défendent pas suffisamment bien les animaux (IFOP 2021 – 30 millions d’Amis) ». Il n’en fallait pas plus pour motiver le groupe, la cause animale étant devenue ces dernières années une urgence absolue, en témoignent quelques chiffres alarmants : 100 000 abandons chaque année en France, 250 000 animaux euthanasiés pour raisons financières, 1 200 animaux en captivité dans les cirques – et nous verrons que ce point revient dans les propositions -, une espèce sur trois menacée de disparition… Et c’est peu dire que les animaux ne sont pas au cœur, d’ordinaire, des projets électoraux. « Nos mesures sont de fait transposables à toutes les municipalités, soit 99% de notre document, et d’autres sont plus spécifiques, comme les corridors de faune », précise Pauline Di Nicolantonio. « La Ligue de protection des oiseaux (LPO) nous a dit que l’urbanisation de la commune fait qu’il y a peu de passages à La Ravoire ». Par contre, les chats errants sont un sujet commun à tous, une trentaine de chats divagueraient à La Ravoire, selon Ecoexistons.

Animaux de compagnie, de divertissement ou d’élevage

La première mesure concerne les animaux de compagnie avec dans un premier temps l’instauration d’une « vraie politique de prise en charge des chats libres ». Stérilisation systématique, sensibilisation de la population et des agents municipaux, autorisation accordées aux associations de nourrir ces chats et mise en place d’une vraie politique de prise en charge à l’échelle de Grand Chambéry. Vient ensuite la lutte contre les abandons par l’aide aux personnes précaires propriétaires d’animaux de compagnie, par la mise en place d’une campagne de sensibilisation auprès des Ravoiriens et la distribution d’une plaquette explicative des bons gestes à adopter au moment de l’adoption. Les animaux dits de divertissement font l’objet d’une attention particulière, du fait de l’actualité de la chasse et des cirques. Ecoexistons souhaite donc faire interdire la chasse sur le territoire municipal et de motiver une démarche d’interdiction des méthodes les plus cruelles à l’échelle nationale. Et dans la mesure où, en plus de l’impopularité galopante de la chasse, les cirques sont eux aussi pointés du doigt à 72% par les Français, du fait de la présence de nombreux animaux, vivant dans des conditions extrêmes. Ainsi, le maire est appelé à interdire les cirques avec animaux sur le territoire de la commune, comme l’a fait Renaud Beretti à Aix, et d’initier, avec le conseil municipal, l’adoption d’un vœu pour les interdire en France. 

La petite délégation portant la cause animale en mairie.
Suivent les animaux d’élevage au sujet desquels Ecoexistons prônent des mesures assez radicales comme l’exclusion des cantines de tout produit issu de l’élevage intensif ou en faveur de la « végétalisation des assiettes » via le recours « à l’option végétarienne quotidienne ». Préserver les zones agricoles, limiter l’urbanisation galopante, améliorer le bâti existant, réaliser un atlas de la biodiversité communale, mise en place de corridors à faune, attribuer une délégation à la cause animale à l’un des conseillers municipaux et inclure la protection animale à la politique de la ville comptent parmi les mesures phares à instaurer. Qu’en pensera Alexandre Gennaro ? « S’il venait à refuser, nous aurons une attitude plus militante pour informer les gens, c’est un sujet transpartisan, qui dépasse même le cadre de la commune » , insiste Pauline Di Nicolantonio, « une médiatisation de la problématique peut la faire basculer dans le bon sens ». Et rendre cette cause aussi évidente que la mobilité ou l’urbanisme. « Il pourrait aussi nous inclure dans le processus d’appel d’offre pour la restauration scolaire, dans trois ans » , conclut Pauline Di Nicolantonio, ce qui donnerait une vraie crédibilité à ce groupe de travail et à son utilité. La parole est au maire, désormais.

Le Roc Noir a été évoqué, lors de cette entrevue du 9 avril, selon le principe de préservation des espaces agricoles et naturels de la commune. Le maire se serait engagé à prendre en compte tout projet citoyen alors que les promoteurs « ne cessent de frapper à sa porte », à indiqué l’animatrice d’Ecoexistons.

Tous les commentaires

0 commentaire

Commenter