A Challes-les-Eaux, Thomas Caruso offre à la Savoie une « Comédie des Alpes »

Une nouvelle compagnie théâtrale a vu le jour en Savoie, et c’est l’effet confinement qui a sans doute provoqué l’envie de Thomas Caruso de revenir sur ses terres. Pour cet artiste multi-cartes, qui partage sa vie entre Toulouse, Paris et la Savoie, il était temps de parler de ceux qui l’ont vu grandir, et auxquels il est particulièrement attaché. C’est ainsi qu’il a écrit « Crétins des Alpes », une pièce de théâtre drôle avant tout, mêlant beaucoup d’autodérision et énormément… d’amour. 
Musicien, auteur, compositeur, interprète, Thomas Caruso est un artiste reconnu qui aime pourtant tourner la lumière des projecteurs vers les autres. Ces autres, ce sont notamment Tina Arena, Claudio Capeo, Tom Walker ou Hoshi. Côté théâtre, c’est avec les Chevaliers du Fiel que Thomas aime travailler, voilà qui donne déjà l’ampleur du « phénomène » Caruso. A la faveur du confinement, puisque toute activité musicale était à l’arrêt, l’artiste a fait émerger ce qui lui tenait à cœur depuis longtemps : parler de sa terre natale, la Savoie. Sans trop forcer le trait, il a créé un spectacle haut en couleurs, écrit et ciselé les réparties qui collent au mieux aux gens qu’il a côtoyé depuis toujours. Le spectacle, bientôt en filage pour les professionnels et livré aux spectateurs à la rentrée prochaine, promet d’être bourré d’humour et d’humanité. 

« Les gens en Savoie sont vrais, ils sont humains »

Sa mission de vie est artistique et Thomas Caruso est on-ne-peut-plus heureux d’être revenu en Savoie pour y semer, faire pousser et voir éclore sa dernière création. « Cela faisait longtemps que j’avais ce projet en tête », confie-t-il, « à force d’être avec les Chevaliers du Fiel, à Toulouse, où il y a un gros esprit chauvin, j’ai pu mesurer l’impact que peut avoir le fait de parler de son territoire, sur le territoire. J’ai cherché si quelqu’un avait déjà fait ça en Savoie, et je me suis dit, je vais le faire ! »  Après avoir grandi à Challes-les-Eaux, où il a toujours des amis d’enfance et sa famille, Thomas Caruso a quitté le nid familial assez jeune, pour poursuivre ses rêves de musique, de théâtre, et nourrir ses passions, faute d’opportunités d’études en la matière en Savoie, à cette période. « J’ai vécu à Toulouse, à Paris, mais je revenais toujours au moins une fois par mois chez moi. Et plus le temps passait, plus j’avais envie de rentrer, les gens me manquaient, leurs valeurs. »  Alors, quand la musique s’est tue, au premier, puis au second confinement, l’artiste s’est décidé à écrire. « En 2020, j’ai écrit beaucoup de pièces de théâtre », se souvient-il, « j’étais un peu fatigué de la musique. Comme j’écoute mon instinct, et qu’il y a eu une pause imposée, j’ai eu l’idée de cette pièce de théâtre. Mais c’est surtout au deuxième confinement que je me suis mis à l’écrire. » C’est ainsi qu’est née sa compagnie, « la Comédie des Alpes », puis qu’a commencé à s’écrire « Crétins des Alpes », entre fous rires, autodérision et une petite pointe d’inquiétude. « Cette expression me fait rire, je la trouve super drôle », confesse-t-il, « mon père n’était pas trop pour, mais cela donne le ton, l’autodérision commence dès le titre. J’étais plus inquiet de ne pas avoir assez de matière pour écrire un spectacle complet, mais en réalité, j’en ai beaucoup plus que prévu ! » Au gré de ses retours en terre familiale, Thomas a pris des notes dans son portable, dès qu’une phrase, une expression le faisait rire, observant amis, voisins, famille, lesquels ont été ses sources – intarissables – d’inspiration. « Les gens sont vrais en Savoie, et surtout, ils sont humains. » sourit-il. Fin connaisseur.

Une écriture pas à pas, puis de plus en plus fluide jusqu’à son incarnation en résidence 

Si l’écriture a démarré doucement, prenant chaque note une à une, et laissant la magie opérer, Thomas Caruso n’a pas mis finalement plus d’un mois et demi pour avoir sa pièce entièrement écrite sous les yeux. « C’est devenu évident et c’était très agréable à faire, j’ai beaucoup ri », se remémore-t-il, « je l’ai ensuite fait lire à deux ou trois » vrais « Savoyards, puis j’ai contacté la mairie de Challes. Ayant grandi ici, ça me semblait naturel de commencer par Challes pour présenter le spectacle. Tout le monde a été très accueillant. J’ai demandé à un de mes amis d’enfance de gérer la régie du spectacle, à un autre de s’occuper du graphisme, chacun a son domaine de compétences, j’ai le côté organisation et artistique. » Puis est venu le temps des auditions : recruter des comédiens, savoyards avant toute chose… à une exception près. 

« Je tenais vraiment à ce que mes comédiens le soient tous, pour que cela ait du sens, mais je voulais surtout des gens avec un bel état d’esprit », précise Thomas, « William Valet et Geoffrey Carlassare sont tous les deux Savoyards, Sophie Belvisi est Lyonnaise. Finalement, ensemble, les comédiens sont très efficaces, en 9 jours de résidence, nous avons eu le temps de cadrer l’aspect technique de la pièce. L’atmosphère est super, l’équipe aussi, ils sont très pro, très drôles, très humains, le trio fonctionne super bien. » Être en coulisses, pour sa première pièce montée en Savoie, c’est un petit plaisir que ne boude pas Thomas Caruso. Habitué à écrire des textes pour d’autres chanteurs que lui-même, même s’il se produit sur scène régulièrement, cette fois encore, il braque la lumière sur ses comédiens, voyant sa production naître sur les planches. « J’ai une idée très précise de ce que je veux, mais quand les comédiens font une proposition différente, je n’essaie pas de la modifier, ils ont une autre lecture de ce que j’imaginais. Cela donne des moments assez magiques » s’émerveille-t-il. 

Déclaration d’amour à la Savoie

Il est coutumier de dire que derrière chaque blague il y a un fond de vérité, c’est tout l’objet de la satire, par ailleurs. Mais ce qui est évident, à écouter Thomas Caruso parler de son spectacle comme de « sa » Savoie, c’est que ces blagues sont surtout le reflet d’une déclaration d’amour à sa terre natale. « Je suis très attaché dans l’affect à tout ce que je fais », reconnaît l’artiste, « et cet attachement est aussi à l’égard du territoire et des gens. Je me suis rendu compte de leur valeur en partant. Ma vie est géniale, je l’adore, mais les Savoyards me manquaient. Je le disais, les gens sont authentiques. Ici, on est pas séducteur, mais on est profond, humain. »  
Son spectacle « pas comme les autres, parce qu’il parle de nous autres » est donc un reflet de la Savoie qu’il chérit, des gens qu’il préfère au monde, et auxquels il décide de rendre hommage en les incarnant sur scène. « En écrivant, je me rappelais ce que nous faisons depuis toujours avec mes meilleurs amis, on se parle en savoyard, on a cette tendance. D’ailleurs, même à Paris maintenant les gens me parlent comme ça. Quand j’ai fait lire à mon meilleur ami le premier sketch du spectacle, il m’a dit qu’il l’imaginait très bien. »  Voilà un teasing qui donne envie d’aller voir cela de près, d’autant que le spectacle est « ouvert à tous, même aux non-Savoyards » plaisante Thomas. Déjà présente sur les réseaux sociaux, la Comédie des Alpes compte faire découvrir, teaser, donner envie de découvrir ce spectacle qui annonce la couleur d’une rentrée très fière d’être savoyarde.