James Amé ou James 2 Aix expose jusqu’à fin avril chez Berecllo, à Aix-les-Bains, une exposition étonnante, Goldorak sous toutes ses coutures (ou presque). Peint, repeint, brut, redessiné, le héros de notre enfance se décline sous bien des formes et des couleurs. Samedi 29 mai, James effectuera une performance live, sur l’une des vitrines du lunetier aixois. Parce que Goldorak est immortel.
Qu’elle a été dure, cette entrevue, avec l’artiste James 2 Aix… Qu’il a été dur d’apprendre la fin de ce dessin animé japonais étiré sur 74 épisodes, parce que dans l’euphorie du moment, l’artiste s’est laissé aller à quelques indiscrétions sur une série dont on s’est tous empiffré durant sa jeunesse… Impitoyable loi du spoiler, nous voici dans un état de détresse. Parce que Goldorak n’est pas qu’un shonen parmi d’autres, il est une institution ici ou là-bas, un fragment de notre passé, l’implacable justicier pourfendeur des forces de Vega, cassant du Golgoth à tour de bras (et d’épisodes) pour notre plus grand bonheur. Le vrai héros de notre enfance, c’est bien lui. Et on ne joue pas avec nos icônes de jeunesse. Sauf James.
Manipuler Goldo et ses amis
Dites-vous qu’à 50 ans révolus, un artiste aixois s’est mis en tête de jouer avec ce personnage et de le ressusciter à sa manière, façon street art, façon pop art, peu lui importe, « ça m’a replongé dans les personnages, surtout les gentils » , sourit-il. Effectivement, sur les murs s’affichent Alcor, Actarus, Venusia, Phénicia, Rigel… et bien sûr, le robot surarmé dont les sbires de Vega voulaient s’emparer avant que le héros n’en prenne les commandes, pour s’enfuir de sa planète en passe d’être détruite. Goldorak est une mythologie, « il y a de la matière » , abonde James, il n’avait plus qu’à trouver son style, sa façon de s’emparer de ce pan de la pop culture. « Je ne voulais pas faire de copier-coller mais aller plus loin » , confie l’artiste, « en art aborigène, en polygon art, en sculpture… Par exemple, j’ai créé un moule à Pâques, je voulais réaliser des bustes en chocolat, je me suis amusé pendant un mois… » Et puis de là, il fabrique une série de bustes qu’il présente sortant d’une bombe de grapheur, au-dessus d’un disque vinyle, « pour lui donner un côté street art, ou vintage »… Bref, James prend son pied à manipuler l’immense Goldo, il en fait son totem, quoi de plus normal qu’il en découle une exposition. Lui, le peintre en décors, passionné d’animation japonaise. Souvenez-vous, en décembre dernier, avec Matt B, il avait créé un Totoro grandeur nature sur un mur nu de la villa Carmen. Lorsqu’il rencontre Florian Louveau, président de l’association des commerçants d’Aix et lunetier, avenue du Petit-Port, le contact se crée, c’est son échoppe qui tiendra lieu de résidence éphémère de l’artiste ; elle débutera début mai et jusqu’à fin juin. « Je voulais faire quelque chose d’indépendant » , détaille le lunetier, gérant de l’ancien Optic 2000 devenu Berecllo. « Un lieu où je peux vendre les lunettes mais aussi un lieu d’exposition ». C’est au cours de l’opération Has’Art’dez-vous que les deux hommes font connaissance, l’alchimie s’opère. En conséquence de quoi, Florian envisage de réaliser une paire de lunettes estampillée Goldorak (il a déjà créé une paire estampillée Musilac) tandis que ses locaux reçoivent une partie des productions de James, depuis le 16 avril, dont celle à venir, un Goldo réalisé en performance live qu’il effectuera le 29 mai. « Je pense que l’œuvre pourra y rester jusqu’à la fin » , comprenez, jusqu’à ce que l’activité cesse ou jusqu’à la fin des temps, peu importe… Goldorak est immortel.
L’univers du manga
Pour James, Goldorak n’a étrangement pas été une évidence. « C’est un peu revenu d’actualité il y a 5 ans » , lorsque la perspective d’un film d’animation était sur toutes les lèvres des fans. « Je ne suis pas le fan absolu » , nuance-t-il, il a juste… été marqué au fer rouge. Pour preuve que l’esprit Goldorak est vivace, la RTBF s’était interrogée, en février dernier ; et si 2021 était l’année Goldorak ? « Pourtant, je peignais d’autres choses avant. Mais la mixité des personnages, les couleurs, les formes, le réalisme de l’ensemble m’ont fait repartir sur ce cycle ». S’il a été séduit par le caractère animal des ennemis de Goldorak – les fameux Golgoths – James a privilégié les « bons ». Et puis comme James est atypique, le voici engagé dans une tout autre aventure, en parallèle, celle qui consiste à effectuer un buste en bleu, le bleu Klein, « presque pétant, fluo » , d’Yves Klein. « On ne peut pas le reproduire car la recette est secrètement détenue par un seul et unique fournisseur ». Et lorsqu’il apprend qu’un fournisseur aixois s’approvisionne précisément chez ce producteur, il saute sur l’occasion. Ensuite ? « Je changerai de thème. Ce n’est pas mon métier au départ, je ne fais pas cela pour en vivre. Je pense toutefois partir sur un autre manga, j’aime cet univers ». Amateur de street art, de graff’, il est même parvenu à recevoir l’autorisation de réaliser une fresque sur l’un des murs de sa maison aixoise par la mairie et l’architecte des bâtiments de France. Parce que James est comme ça, atypique.
Performance live le samedi 29 mai, de 9h à 12h à Berecllo, 20 avenue du Petit-Port. Les enfants seront également invités à dessiner des effigies de Goldorak.
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