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Aix-les-Bains : la brigade de sûreté nocturne, nouvel outil d’une palette sécuritaire complète

Par Jérôme Bois • Publié le 07/05/21

Renaud Beretti n’a jamais caché ses penchants pour le « tout sécurité », déjà lorsqu’il était le premier adjoint de Dominique Dord, il n’avait pas hésité à engager la ville dans le processus de vidéoprotection. Ses détracteurs s’en donnaient à cœur joie, lui attribuant des sobriquets hauts en couleur. Devenu maire, cette obsession ne l’a jamais quitté, à ceci près qu’elle ne fait plus autant débat. Avec la création d’une brigade de sûreté nocturne, déjà opérationnelle depuis le 4 mai, le maire aixois a franchi une nouvelle étape pour une ville qui « mérite » sa tranquillité.
« Une étape de plus dans la politique de sécurité et de tranquillité publiques et un engagement de campagne ». En quelques mots, Renaud Beretti justifie la création et l’effectivité de la brigade de sûreté nocturne : rien qui n’ait été annoncé, il s’agit bien de la poursuite d’un long processus entamé lorsqu’il était encore le bras droit de Dominique Dord, son « monsieur sécurité ». 

« Aix-les-Bains le mérite »

A l’époque, ses contempteurs l’affublaient de sobriquets assez peu flatteurs, certains lui donnant même du « Monsieur Beretta ». Le « premier flic » de la ville avait ses détracteurs.Dans une cité réputée pour sa qualité de vie et sa relative quiétude, les engagements en vidéo et en armement des policiers détonnaient. Accroché à cette ambition, il parvint néanmoins à imposer ses convictions, même si Dominique Dord se montrait plus mesuré en matière de sécurité. « Il y avait à l’époque beaucoup d’opposition, on me reprochait par exemple de stigmatiser les quartiers » , se souvient Renaud Beretti. « Dominique me tempérait » mais lui accordait une bonne marge de manoeuvre. Durant la campagne des municipales 2020, il en fait son cheval de bataille, et pourtant, « ces questions ne reviennent pas seulement en période d’élections, lorsqu’on n’en parlera plus, c’est qu’on aura résolu toutes ces problématiques » , assène-t-il.Cette politique s’est bâtie par étapes, elle a commencé par la vidéoprotection, ou vidéosurveillance, qui prévoyait à l’origine la pose de 10 nouvelles caméras chaque année. « Depuis que je suis maire, j’ai fait le choix de doubler ce nombre » , indique-t-il. Aix-les-Bains, avec 230 caméras, est ainsi devenue la reine savoyarde du 7e art, si l’on ose dire. « Nous en avons installé dans tous les espaces publics, au niveau des accès aux établissements scolaires » , une toile d’araignée complétée par un centre de visionnage, ou CSU, actif en journée, qui bascule pendant la nuit sur le commissariat de police nationale. Peu à peu, ces dispositifs entrent dans le quotidien des gens : « J’observe que les habitants acceptent, on m’en demande toujours plus ». Là où on réclamait jadis plus d’arrêts de bus dans les quartiers, ce sont aujourd’hui les caméras que l’on s’arracherait volontiers. Au sein d’une ville ancrée à droite, ses convictions ne choquent guère : « Quand un maire de droite fait son boulot, les gens le sentent, je revendique mes appartenances et mes idées à la droite, à mon sens, Aix-les-Bains le mérite ».Avec ce déploiement agressif, « il y a toujours quelqu’un pour suivre en direct ce qu’il se passe dans les rues ». A l’instar du CSU de Chambéry, élargi à certaines communes de l’intercommunalité, Aix travaille avec des communes déjà équipées afin de rendre le sien intercommunal. Si tel était le cas auparavant, la vidéo ne semble plus aujourd’hui faire débat. Mais ce n’était qu’un début…

« La tranquillité de nos concitoyens, ce sont d’abord des moyens humains »

Ainsi, en novembre dernier est apparu le système d’alerte silencieuse My Keeper ; une fois déclenché, il permet d’alerter en direct les forces de l’ordre lors d’agressions, d’alertes terroristes, de danger imminent, « comme nous l’avions constaté en mars dernier » *. Ecoles publiques, privées, collèges, lycées, espaces accueillant du public, la caserne des pompiers en sont pourvus. Et puis a été décidée l’augmentation des effectifs de la police municipale, passant de 8 à 13 éléments. Une annonce à l’origine d’une belle foire d’empoigne lors de deux séances animées du conseil municipal, en février (le DOB) et en mars (le vote du budget 2021). 

Le maire en compagnie des agents de la BSN.
La hausse de la masse salariale avait été décriée mais là encore, « il s’agissait d’un engagement ancien ». Malgré les remontrances des oppositions, Renaud Beretti n’avait pas varié d’un iota, Jean-Marc Vial, son adjoint en charge de la sécurité, non plus : « La sécurité et la tranquillité, ce ne sont pas seulement les agents en tenue, ce sont 25 agents, dont 12 en tenue, des recrutements en cours pour la création de la brigade de nuit. La tranquillité de nos citoyens, ce sont des moyens humains d’abord » , expliquait-il, le 29 mars dernier, à l’occasion du vote du budget 2021. Ce recrutement induisait donc la création de la brigade de sûreté nocturne (BSN), composée de trois agents « déjà expérimentés appuyés par un chef de police et bientôt d’un agent maître-chien ». Cette toute nouvelle BSN a effectué ses premiers pas mardi 4 mai. Après quelques semaines à prendre le pouls des quartiers et des secteurs-clés, à établir des contacts, les voici sur le pont, de 17h à 3h du matin, sous la forme de patrouilles classiques, « à l’intuition ». « Il devront » , détaille le maire, « cibler les points de deal, de rassemblements, en lien, toujours avec la police nationale. Ils auront accès aux fréquences radio de la PN, sont armés, formés, entraînés ». Une vraie force « coup de poing » pour une ville qui a vu sa quiétude perturbée par des excès de fièvre inhabituels, comme les rodéos et les concours de vitesse sur certains grands axes. Sans parler de « l’explosion » de joie liée au déconfinement à venir. « Aix est une ville à forte activité culturelle, c’est difficile pour un maire de garantir calme et bien-être à ceux qui y vivent, et sécurité à ceux qui viennent s’amuser ».

Une posture pleinement assumée

En un an, on recensait 1 620 infractions, 190 mises en fourrière, sans parler des rodéos, en vogue depuis quelques mois sur la cité thermale (en juin, sur le petit Port, puis en septembre 2020, sur la pelouse du golf…). Cette brigade aura fort à faire. « Ils devront se montrer, ça aura un effet dissuasif. On connaît tous les nuits aixoises, les abords de boîtes de nuit, il faut se montrer pour faire baisser toute agitation, les vitesses excessives… Ils seront amenés à être plus discrets, parfois ». Cette étape supplémentaire dans la course à la sécurisation des rues pourrait sembler la lubie d’un seul homme mais Renaud Beretti l’affirme, il répond à une demande croissante. « Franchement oui, je reçois énormément d’appels à plus d’effectifs, à plus de caméras. Mais on sait que l’Etat a des difficultés à nous fournir plus d’agents. Il y a une vraie demande de tranquillité et de sécurité face aux phénomènes de société qui ont envahi les rues ». Alors certes, Franklin-Roosevelt et Marlioz sont dans le viseur de cette BSN, cependant, l’horizon s’est élargi, le maire constate « une prolifération de ces phénomènes dans des lieux plutôt inattendus, comme Puer, le boulevard Lepic, la résidence Joseph-Fontanet ». Le déploiement des dispositifs de vidéo a contraint les bandes et les contrevenants à bouger, « beaucoup de ces individus viennent de l’extérieur, de Chambéry notamment ». Alors il assume cette posture, « oui, et totalement, surtout dans une ville à taille humaine. Garantir la sécurité, la propreté des espaces, le fleurissement, les services publics pour tous, des activités de sport, de loisir, voilà quels sont les ingrédients du bien-vivre. Le maire doit être en première ligne. A ce titre, je n’oppose pas l’Etat à l’action que nous menons, j’espère cependant que le législateur fera évoluer les statuts de la police municipale pour les rapprocher de ceux de la police nationale dans le travail au quotidien. Le judiciaire et l’ordre appartiennent aux missions de l’Etat, le reste doit être partagé ». Armer la police municipale allait « dans ce sens » , consent-il.Aix-les-Bains, ville ultra-sécurisée ? Il semble que ce soit le souhait des Aixois.

* Le 19 mars dernier, un individu, manifestement ivre, avait pénétré dans un établissement scolaire de la ville pour tenter d’agresser des enseignants : les forces de police ont pu intervenir et l’individu a pu être maîtrisé.

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