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Régionales 2021 : Laurent Wauquiez, celui qui voulait se rapprocher de ses électeurs

Par Laura Campisano • Publié le 29/05/21

Opération séduction pour le Président de la région Aura, candidat à sa succession, qui se soumet en cette période de campagne électorale, à l’exercice redouté des questions-réponses avec les internautes. En direct de chez lui, décontracté mais attentif aux interpellations de ses potentiels électeurs sur les différents réseaux sociaux, Laurent Wauquiez a réalisé une démonstration de rapprochement assez inédite, se présentant en bon père de famille, protecteur et attentionné, sans perdre de vue son objectif : gagner des points pour l’élection des 20 et 27 juin prochains. 
Faute d’avoir pu interviewer directement Laurent Wauquiez, malgré nos sollicitations, nous avons pris le temps d’assister à son live, lundi 24 mai. Une séance d’une heure, suivie par une centaine de personnes sur Facebook, durant laquelle le président de la Région s’est montré ouvert, concerné et attentif, exposant certains des points de son programme, répondant aux inquiétudes et sollicitations, sans jamais se départir de son calme et de son apparente sérénité. Sans trop développer mais en créant suffisamment de teasing pour que ses followers aient envie de lui faire confiance, le président-candidat a décliné ses grandes priorités pour le mandat à venir : sécurité, emploi, santé. 

La sécurité : la clé du programme de Laurent Wauquiez(en 2021)

Rien de surprenant pour ceux qui ont suivi la campagne de 2015, Laurent Wauquiez ne perd pas son appétence pour le thème de la sécurité. Celui qui a fait installer des portiques devant les lycées plaide aujourd’hui son envie de « restaurer l’autorité et la sécurité », comme il l’indique sur son site de campagne. Élu à 40 ans à la tête de la nouvelle grande région Auvergne-Rhône Alpes, son cap n’a pas changé sur ce point précis dont il fait sa priorité aujourd’hui. Il le sait, les critiques qu’on lui opposait il y a six ans sont les mêmes aujourd’hui « la sécurité n’est pas une compétence de la Région », mais visiblement et ostensiblement, le Président en fait fi. « J’ai toujours pensé que la sécurité était la première des libertés. Bien sûr que cela fait partie des compétences de l’Etat. Mais je ne vais pas faire comme certains élus et me défausser », a-t-il exposé dès les premières minutes de son intervention, « chacun peut faire quelque chose en matière de sécurité. […] S’il n’y a pas de sécurité on ne peut rien faire, il n’y a pas de vie en commun que l’on peut organiser, il n’y a pas de vie associative. L’insécurité touche souvent les classes moyennes, les plus fragiles, ceux qui n’ont pas forcément les moyens de se protéger ». Et estimant être le seul à porter cette priorité, Laurent Wauquier pense pouvoir faire la différence d’avec ses adversaires politiques. Revenant sur son bilan, estimant « n’avoir rien lâché, avoir mis beaucoup de moyens, sur la sûreté ferroviaire, sur le déploiement de 6 000 caméras de protection, sur le financement de police municipale et de matériel, sur le soutien aux policiers et aux gendarmes et la sécurisation de nos lycées »,  Laurent Wauquier a clairement indiqué que la sécurité était (encore) la priorité de son prochain mandat, excédé par « une vraie dégradation de la situation, avec une succession de faits divers […] qui révèlent une tendance lourde avec un vrai recul du respect, de la vie en commun, et un sentiment des délinquants d’une impunité totale » dans la région, en dépit des mesures précitées, ce qui le laisse « assez préoccupé ».  En détails, le candidat est revenu sur les derniers événements où des pompiers et policiers ont été la cible de « guet-apens, tirs de mortiers sur les commissariats de police, jets de projectiles » faisant l’impasse sur les « rodéos urbains en périphérie de Lyon. » Pour lui, partageant le sentiment des policiers sur le sujet « la peur a changé de camp », aussi leur a-t-il apporté leur soutien, tout comme à la police ferroviaire régionale dont il souhaite qu’elle soit directement rattachée à la Région, afin de « lui apporter les meilleures garanties. » 

Emploi, santé et préférence régionale 

Revenant sur la période écoulée qui a pu démontrer à tous à quel point la France était dépendante de la production extérieure, compte tenu de la délocalisation de certains savoir-faire, Laurent Wauquier a rappelé combien il était partisan de la préférence régionale, à tout point de vue mais surtout du point de vue économique. « Il faut que l’on ramène les emplois chez nous », a-t-il plaidé, « et surtout ce que je voudrais vous faire passer, c’est que c’est possible. En ce moment, nous avons plein de projets, pour relocaliser la fabrication de produits médicaux et pharmaceutiques dans le Puy-de-Dôme mais aussi dans la Drôme, des projets pour fabriquer à nouveau des projets électriques, notamment en Haute-Savoie, des chaussures de running, notamment en Ardèche, pour fabriquer des écrans, grâce à un ingénieur de Grenoble, on a la possibilité de les ramener. » Priorité à la relocalisation et à la fabrication locale des produits, voilà un autre chantier du candidat Wauquiez, qui s’est dit « très volontariste pour aider toutes les entreprises qui ont envie », exhortant son auditoire à « être fier de nos industries, de ce qu’on sait faire chez nous », thème qu’il avait développé, durant sa précédente campagne, concernant les marchés publics dans le cadre du pacte « une entreprise, un apprenti ». Concernant le domaine de la santé, c’est également le thème de la relocalisation et du maintien des forces vives du corps médical dans la région qui motive Laurent Wauquiez qui souhaite tenter l’expérience « d’ouvrir davantage de places de médecine pour les étudiants de notre région, avec un engagement de leur part, qu’ils restent sur le territoire, a-t-il fait valoir, allant jusqu’à indiquer vouloir payer des bourses supplémentaires pour les étudiants en médecine pour qu’ils viennent exercer dans les secteurs en souffrance. Se disant très sensible à la question des maisons de santé tout autant qu’aux grands centres hospitaliers, le candidat a rappelé avoir  » une grosse politique en matière d’hôpitaux de proximité, installer des maisons de santé. Nous avons également le projet de payer les étudiants en médecine, les médecins, pour qu’ils deviennent salariés et viennent exercer dans les secteurs où l’on a vraiment trop peu de monde. «  sujet qui n’avait pu être conduit à son terme, mais dont il s’était déjà fait l’écho en 2015. Purificateurs d’air, dont il s’est targué d’avoir fait la démonstration de l’utilité, avant que le ministre de l’Education nationale ne s’y mette à son tour, dispositifs pour les femmes prenant les transports en commun à des horaires atypiques, leur permettant de prévenir les services de police en cas d’agression, travail sur le harcèlement des jeunes dans les établissements scolaires, il semble que Laurent Wauquiez soit motivé à être présent sur tous les fronts, pour son prochain mandat, si les électeurs devaient lui renouveler leur confiance. 

Environnement et développement durable « la question de tous »

« Ma fille me dit toujours, l’environnement tout le monde doit en faire », asséna le candidat au moment d’attaquer les sujets écologiques, comme un tacle à ses concurrents. Ce ne serait donc l’apanage de personne en particulier, surtout pas de ceux qui « cherchent à imposer leur vision » ou « les extrémistes, qui créent des polémiques », suivez son regard. Lui se pose en innovateur, investisseur, à la recherche de solutions nouvelles. Et de reprendre son bilan : développement de l’hydrogène, de l’isolation énergétique, amélioration de la qualité de l’air dans la vallée de l’Arve, sujet par ailleurs qu’il place comme « le défi du prochain mandat ». Le développement durable, aux yeux du candidat Wauquiez, c’est avant tout « ne pas laisser de dettes à nos enfants, mais plutôt dans l’autre sens, pas un endroit où l’on a perdu notre identité, un pays ruiné dont on a pas su gérer l’avenir. »  En somme, le président de la région a prophétisé espérer un pays qui « fasse front, assume ses valeurs et idées de façon claire » rappelant en fin de propos que l’échéance prochaine était avant tout le choix du « chemin que nous souhaitons pour notre avenir ». 

Un exercice de séduction et de proximité qui lui est cher 

Enfin, sur la forme, apparaissant sans cravate, décontracté, accessible, Laurent Wauquiez a sans doute su convaincre son auditoire de sa capacité d’empathie, au vu des nombreux messages de remerciements affluant durant son intervention. Se présentant en protecteur, bon gestionnaire, avec une vision d’avenir, solide et sur lequel on peut compter, le candidat avait l’air plutôt détendu, alors même qu’il bat la campagne. Pompiers, policiers, police ferroviaire, sages-femmes, chercheurs, chacun dans son domaine a été salué. En bon père de famille parlant de ce qui lui tient à cœur. La figure paternelle est en effet revenue à plusieurs reprises dans le discours de Laurent Wauquiez, lequel a évoqué ses enfants dans certaines de ses réponses aux internautes. Rien de surprenant, donc, qu’il évoque Georges Pompidou, comme personnage historique qu’il souhaiterait rencontrer, quand on lui pose la question, mais aussi Louis XI. Agrégé d’histoire en 1997 dont il sort major de promotion, Laurent Wauquiez explique modestement « aimer beaucoup l’histoire », avant de souligner sa fascination pour ces grands hommes politiques, « grand visionnaire » pour Pompidou « qui avait un enracinement très fort dans notre région, le Cantal où il est né, expose-t-il, c’est ce que j’aime en politique, qu’on soit ancré » et « bon gestionnaire » pour Louis XI « qui a redressé le royaume avec une gestion diplomate. Il fait partie des rois que j’aime, parce qu’il prend un pays à un moment où il est fragile et il arrive à le redresser et à organiser une renaissance. » Qui sait lire entre les lignes comprend que Laurent Wauquiez se réfère non seulement à leurs bilans respectifs mais également au sien, et aux économies qu’il a réalisées depuis son arrivée à la tête de la région et qui lui sont reprochées par ses adversaires en lice pour l’élection. « Ces personnages en ce moment me fascinent parce que je pense que c’est la question de notre pays », poursuit-il, « je pense qu’aujourd’hui, nous sommes sur un toboggan, je pense que notre pays chute, et la situation m’inquiète, aussi bien sur le plan industriel que sur le plan de la sécurité. » Rassurant, rassembleur, combatif, il conclut que « l’âme française, c’est l’espoir […] quand tout semble perdu, on est capable de retourner la table, et j’aime ça. C’est ce que j’aime en politique, ce moment où on est capable d’arrêter la fatalité », rappelant au passage à son auditoire, principalement composé d’électeurs et de fidèles, qu’il avait besoin d’eux, les 20 et 27 juin prochains. Au vu de ce qui a été dit au cours de ce live, on ne peut qu’y entrevoir l’ambition plus grande de Laurent Wauquiez, au-delà de sa région, même c’est de ce scrutin qu’il s’agit, pour le moment. 

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