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Régionales et Départementales 2021 : pourquoi Brice Bernard (RN) se présente-il à la fois en Savoie et sur le Puy-de-Dôme ?

Par Jérôme Bois • Publié le 26/05/21

Le délégué départemental du Rassemblement national a pour lui d’avoir su impulser une véritable dynamique autour du RN en Savoie depuis son arrivée au poste en 2017. Candidat aux départementales sur le canton de Saint-Pierre d’Albigny, il a, depuis, été invité par Marine Le Pen à se présenter en qualité de chef de file aux Régionales aux côtés d’Andrea Kotarac…  dans le Puy-de-Dôme Au risque de brouiller le message du parti quand les électeurs se lassent des parachutages, du cumul et de la politique politicienne. Brice Bernard s’explique sur ce choix et sur cette drôle de campagne qui l’attend désormais.
C’est ce 26 mai que Brice Bernard doit officialiser sa présence dans le département du Puy-de-Dôme en qualité de chef de file pour la candidature d’Andrea Kotarac à la présidence de la Région. Un choix qui n’est pas le sien, au départ, mais celui de la patronne, Marine Le Pen, qui a salué le travail effectué par l’intéressé sur le département de Savoie depuis son arrivée en 2012. 

Deux départements « aux mêmes thématiques »

D’abord membre actif du FNJ, la section des jeunes du FN, il avait repris les rênes de la fédération savoyarde en 2017 et redonna peu à peu de la crédibilité au parti sur une terre jadis désertée. Cette force nouvelle est symbolisée aujourd’hui par la présence d’un binôme dans chacun des 19 cantons de Savoie (comme de Haute-Savoie, d’Isère et du Puy-de-Dôme). Le fruit du travail, donc, l’amène à conduire la liste Kotarac sur le Puy-de-Dôme (63). Mais ne s’agit-il pas d’un message difficile à faire digérer aux électeurs, de plus en plus tatillons sur la transparence dans la vie politique et enclins à rejeter le parachutage ? Depuis quelques temps, Brice Bernard apportait son aide à la fédération du « six trois » et faisait valoir son expertise savoyarde en matière de « dynamique ». « Nous avions été les premiers à candidater sur l’ensemble des cantons du département, je m’étais donc proposé pour aider les fédérations amies » , témoigne le secrétaire fédéral. Lorsque Marine Le Pen lui suggère de prendre les rênes du département auvergnat et d’y impulser la même dynamique qu’en Savoie, il n’hésite pas. « C’est un département qui a un peu les mêmes thématiques qu’ici, entre montagne, thermalisme et tourisme » , ce ne serait donc pas une hérésie, même si ce n’était pas du goût de tout le monde. Arthur Boix-Neveu s’était ainsi fendu d’un tweet peu amène, samedi 23 mai : « Il fallait le faire : le responsable départemental du FN en Savoie, Brice Bernard, est candidat aux départementales et aux régionales. Ça arrive, même si c’est rare. Mais alors, être candidat en Savoie et dans le Puy-de-Dôme en même temps, c’est du jamais vu. #tartuffe ». Il faut dire que pour se présenter aux Régionales, il suffit d’être domicilié dans le région, d’avoir 18 ans et d’être électeur… Et surtout, les deux mandats ne sont pas incompatibles, comme le définit l’article L-46-1 du code électoral : « Nul ne peut cumuler plus de deux des mandats électoraux énumérés ci-après : conseiller régional, conseiller à l’Assemblée de Corse, conseiller départemental, conseiller de Paris, conseiller métropolitain de Lyon, conseiller à l’assemblée de Guyane, conseiller à l’assemblée de Martinique, conseiller municipal ». Pas plus de deux. 

« Je reste savoyard… »

Seulement, le message risque d’être brouillé. « Pourtant, c’est de la mobilité à l’intérieur d’une même région, le message régional porté par Andréa Kotarac, je le porterai sur le Puy-de-Dôme et Marie Dauchy le fera sur la Savoie, le programme sera le même partout. Au niveau départemental, rien ne change, je reste savoyard, ça ne change rien à ma conviction sur le local ». Il cite volontiers la liste « communautaire » sur le département auvergnat, celle portée par Farid Omeir, (de l’union des démocrates musulmans français, UDMF), comme étant « d’origine lyonnaise » , une pratique qui tendrait à se généraliser. Brice Bernard ne craint pas « le risque de dispersion des dynamiques » , de privilégier une élection plutôt que l’autre, « tout est question d’organisation, je vais renforcer la dynamique là-bas comme je l’ai fait pour la fédération savoyarde, je vais lancer un mouvement, il faudra s’adapter, c’est sûr ». Sur Saint-Pierre d’Albigny et Aiton, « je ferai du porte-à-porte, du terrain et j’ai des candidats à manager » , donc quelques novices. 

Et du côté de Clermont-Ferrand et ses alentours, il aura pour mission de lancer un mouvement. « Nous avions prévu d’être sur 24 des 31 cantons, il nous manquait un peu de structure. J’ai été très bien reçu et finalement, nous lancerons un candidat sur tous les cantons. Ce n’était pas spécialement prévu parce que je suis un Savoyard et je me bats pour mon département mais j’espère bien construire une dynamique similaire dans le Puy-de-Dôme ». Et puis « si je suis élu à la Région, je choisirai les commissions communes aux deux départements » , conclut-il. « On se bat tous pour le même programme, à cette échelle ».Andréa Kotarac, en lice pour la présidence régionale, justifie cette double candidature par le souci « d’équilibre entre les territoires et les compétences. Brice fait partie de ces gens compétents, il a réalisé un gros travail sur la Savoie et les thématiques. Nous souhaitons ajouter les compétences, je l’ai chargé de travailler en particulier sur le tourisme, le thermalisme, la montagne et le patrimoine. On tend vers cet équilibre ». Pour poursuivre son renouvellement, le RN dit devoir compter sur des hommes forts, quelle que soit leur place sur l’échiquier régional. De nombreux noms devraient en outre apparaître prochainement sur les listes diverses du RN en Savoie et Haute-Savoie, « des surprises » , sourit Brice Bernard. Dont fait d’ores et déjà partie Stéphane Blanchon, ex-secrétaire général de l’Unsa. Au RN, on ne voit aucun problème à battre campagne sur deux secteurs distincts d’une même région*. Cela suffira-t-il à convaincre l’électeur qu’ils peuvent le faire avec la même ferveur et la même efficacité ?
* Manon Decorte, maire déléguée de Bonneval-Tarentaise, candidate aux départementales sur le canton de Moûtiers et également 4e sur la liste portée par Andréa Kotarac sur le département de la Loire.

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1 commentaire

gerard Blanc

27/05/2021 à 23:10

Comme le cumul des mandats, ces parachutages et dédoublements de candidatures (titulaires et remplaçant.es) devraient être portées à la connaissance des électrices et électeurs avant le vote. Afin de permettre de vérifier la sincérité des discours et engagements électoraux sur leur proximité, leur engagement total, leur disponibilité, leur attachement à leur territoire local,...

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