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Savoie : à quoi sert le conseil départemental ?

Par Laura Campisano • Publié le 14/05/21

Alors que les candidats démarrent leur campagne électorale, peaufinent leurs propositions pour convaincre les électeurs, il apparaît nécessaire d’expliquer à quoi sert le conseil départemental. Si pour beaucoup d’habitants, il rime avec gestion des routes, des collèges et action sociale, il apparaît que le Département est un acteur bien plus omniprésent dans le quotidien des Savoyards que ces seuls secteurs d’action, sans pour autant que cela ne leur soit connu. Vu par beaucoup comme un outil de mise en valeur du territoire, à quoi sert vraiment le conseil départemental ?
Nombreux ont tendance à occulter l’aspect solidarités de l’action du conseil départemental, alors même qu’il représente le tiers du budget annuel de l’institution. Assistantes maternelles, protection maternelle infantile, accompagnement des personnes en situation de handicap, de dépendance pour les seniors, et paiement du RSA par exemple, le département a des compétences assez larges, que les citoyens ignorent bien souvent. Pourtant, en Savoie, la participation en 2015 à ce scrutin était de 42,51 % au premier tour, la moyenne nationale tournant autour de 51,7%. Les électeurs sont donc intéressés par cet échelon territorial, sans pour autant délimiter avec certitude les contours de l’action des 38 conseillers départementaux, au quotidien.

Proximité, échelon local et gestion du quotidien de la population

Deuxième échelon de proximité avec les habitants, après la commune et la communauté d’agglomération, le conseil départemental est l’une des chevilles ouvrières des solidarités. Pour le définir, nous avons interrogé ceux et celles qui y siègent, comme ceux qui souhaitent y entrer. Pour le président du Conseil départemental de la Savoie depuis 2008, Hervé Gaymard, « le Département protège les Savoyardes et les Savoyards, leur permet de s’épanouir à tous les âges de la vie, et construit la Savoie de demain ».« Il a pour vocation essentielle de gérer le quotidien des gens, par le biais des solidarités, des collèges et des routes », ajoute Christelle Favetta-Sieyès, conseillère départementale de la Savoie depuis 2015. C’est aussi la proximité, qui est la valeur cardinale de l’institution pour Hasna Mahiouz, candidate au siège de conseiller départemental, issue de la société civile. « Il s’agit est une institution plus que nécessaire, au service de tous et de toutes », souligne-t-elle, « c’est un maillon central. Cela signifie que pour que les citoyens se sentent représentés, que le conseil départemental est là, pour eux, il faut qu’ils connaissent son action au quotidien. Le mot qui le définit le mieux, c’est la proximité. Pour moi c’est comme une mairie, le conseil départemental et les conseillers défendent les intérêts des citoyens. » 

Les solidarités, le pôle phare du CD 73 

Collèges et rénovation des routes, les deux autres compétences majeures

Outre le champ assez large des solidarités, le conseil départemental est davantage connu par le grand public par ses compétences en matière de gestion des collèges et d’entretien des routes. Ouvrir des classes sport-études, notamment en lien avec les sports de montagne, rénover et aménager les établissements secondaires, en construire de nouveaux, tout se fait sous l’égide du Département et ce depuis 1982. C’est lui qui gère le bon fonctionnement des 46 établissements dont 38 sont des collèges publics – pour un total de 21 000 collégiens. Il en va de même pour la restauration scolaire au sein des collèges, qui à l’instar de certaines communes de Savoie, a fait le choix des circuits courts et du bio pour quelque 12 500 demi-pensionnaires. 

Le tunnel du Chat a fait l’objet de fermetures récentes pour maintenance
Enfin, la gestion du réseau de routes départementales est la troisième compétence majeure du Conseil départemental. « La particularité du territoire est qu’il est traversé de routes tant rurales qu’urbaines ou de montagne », détaille Christelle Favetta Sieyès, « il est évident que l’usure d’une route départementale à 1 500 mètres d’altitude, soumise à des variations de températures importantes, ce n’est pas la même difficulté que des routes en PACA, par exemple. » En effet, en Savoie, sur les 3 143 kms de routes du réseau départemental, 899 km sont situés au-dessus de 1 000 mètres. Des contraintes tout à fait spécifiques au territoire, qui requièrent des investissements particuliers, puisque près de 2 000 sites sensibles sont recensés par les techniciens dont la mission au quotidien est d’être opérationnel pour sécuriser ces lieux, concernés par des éventuels éboulements, chutes de pierres, glissements de terrains et coulées de boue. Les nombreux tunnels font aussi l’objet de surveillance accrue, et de rénovations régulières comme le tunnel du Chat qui a fait l’objet très récemment de nouveaux travaux de maintenance de ses galeries, ou des sites régulièrement concernés par des difficultés climatiques, tels que les gorges de l’Arly. Pour mémoire, le 9 février 2019, 8 000 m3 de roches ont provoqué un éboulement sur ce secteur, qui a donné lieu à des opérations fastidieuses par les services du département, occasionnant une dépense de 21 millions d’euros, dont 4,4 millions inscrits au budget du département de la Savoie et à laquelle ont concouru l’Etat, la Région AURA et le département de la Haute-Savoie voisins. « Face à la grande instabilité de la zone des Cliets, deux priorités ont prévalu dans nos choix d’aménagement », expliquait alors Hervé Gaymard, « la sécurité, celle des usagers comme celle des personnels mobilisés pour les travaux, et la pérennité des aménagements. Si la fermeture totale de la route pendant de longs mois représente une lourde contrainte, elle nous permet aussi de réaliser des travaux colossaux dans un délai réduit et de conduire en parallèle un programme complémentaire de sécurisation sur les secteurs les plus exposés de l’itinéraire. » Après deux ans de travaux, il semblerait que l’ouverture de ce tunnel soit plus proche que jamais. 

Environnement et développement durable, des actions concrètes

Acteur de la protection de l’environnement, signataire du plan climat 2018-2022, le Département dit s’engager pour relever le défi climatique et tenter de faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 14%. Pour ce faire, le conseil départemental a renouvelé son parc automobile en acquérant une trentaine de véhicules électriques, bien que l’environnement ne soit pas une compétence spécifique de l’institution. « Le Département de la Savoie a une politique volontariste de développement durable : circuits courts pour les cantines scolaires, développement des pistes cyclables, isolation des bâtiments, soutien aux énergies non carbonées, vigilance sur les concessions hydroélectriques, soutien à l’Institut National d’Énergie Solaire à Savoie-Technolac », expose Hervé Gaymard, « mais aussi une politique en faveur des mobilités douces, qui prenne en compte notamment les trajets domicile-travail, dans l’espace Albens-Aix-Chambéry-Montmélian, dans l’Avant-Pays Savoyard et dans les vallées. De plus, nous apportons notre soutien au projet de RER Savoyard » , a-t-il conclu.. 

Tourisme, culture, valorisation du patrimoine 

Loin d’une logique de partis, de la même manière que le maire administre sa commune et l’ensemble de ses habitants, le conseil départemental s’oblige à veiller sur les 19 cantons et ses 446 332 habitants avec la même équité. Si certains estiment qu’il soit préférable pour mener une action concrète sur les communes, d’avoir en amont des responsabilités locales, d’autres pensent au contraire que le conseil départemental gagnerait à renouveler ses membres hors mandats locaux. En tout état de cause, l’institution créée en Savoie en 1860 et forte de 2 500 agents, est en passe de connaître un renouvellement, les 20 et 27 juin prochains. 

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