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Régionales 2021 : Andréa Kotarac, celui qui voulait remettre de l’ordre dans la région

Par Jérôme Bois • Publié le 12/06/21

Un « pur produit régional », originaire d’Evian-les-Bains en Haute-Savoie, se présente face à l’ogre Wauquiez pour la tête de la Région Improbable ? Pas tant que ça car, du haut de ses 32 ans, le jeune homme affiche une confiance à toute épreuve, adoubé qu’il a été par Marine Le Pen en personne. Transfuge de la France Insoumise, Andréa Kotarac n’aura pourtant pas hésité à réaliser, en 2019, ce grand écart.
En 2019, à l’aube des élections européennes, il appelle à soutenir Jordan Bardella, lui, le membre de la France Insoumise. Impensable et pourtant… Une histoire qui a fait les choux gras des médias, curieux pour ne pas dire interloqués par ce franchissement abyssal. Impossible de passer outre, même nous, cédons au besoin de comprendre : « J’ai seulement constaté que les concepts indigénistes, islamogauchistes avaient gangréné cette gauche. Et encore, on me qualifiait de menteur, pour l’avoir clairement dénoncé » , explique-t-il sobrement. Par « respect pour les électeurs » , il choisira de ne pas faire voler la vaisselle et démissionnera. Un grand écart vraiment ? « Si l’on considère que le clivage gauche-droite existe encore » , sourit-il, « mais il est dépassé ».

Dans le sillage de Nikolic et de Bardella

Qui est Andrea Kotarac ? Un météore, sans aucun doute. Natif d’Evian-les-Bains, d’origine serbe, scolarisé à Thonon, il se définit comme « un pur produit régional ». Il filera étudier le droit public international et les relations internationales à Lyon 3. Élu parallèlement en 2015, il accède au conseil régional à seulement 26 ans, pour quatre ans, avant sa démission. Et trois ans seulement après son arrivée au Rassemblement national, le voici positionné comme dauphin de Laurent Wauquiez d’après tous les sondages. Et le voici candidat sur décision de Marine Le Pen en personne, après qu’il ait fait acte de candidature. « C’est un honneur qu’elle m’a fait » , s’enthousiasme-t-il « et je crois que les défis à mener sont les mêmes en région qu’à l’échelle nationale ». Sa jeunesse a probablement joué dans ce choix : « Au RN, nous avons des listes assez jeunes, des têtes de listes aussi » , Aleksandar Nikolic (34 ans) au Centre, Jordan Bardella (25 ans) en Île-de-France. Et les départementales font montre de cette envie de rajeunir les cadres
Sa campagne, faite de localisme, de sécurité, de lutte contre l’islamisme, ne passe pas inaperçue, pas plus que sa « kotamobile », le véhicule à son effigie qui sillonne les routes régionales. Andrea Kotarac semble déjà faire partie des meubles du RN, sûr de son discours et porté par un vent national ascendant. Dans la lutte entre mondialistes et localistes, il se pose en défenseur « des valeurs, du génie français, de notre savoir-faire, de notre identité ». Être patriote, « c’est défendre le patrimoine naturel et culturel » de la France, des principes édictés en haut lieu qu’il décline allègrement sur la région. Tourisme, thermalisme, montagne sont au cœur de sa campagne, tout autant que l’artisanat de Thiers, la sauvegarde des industries (Ferropem), les AOP et AOC, « tous ces emplois non délocalisables » , détaille-t-il. Et aucun doute ne l’assaille, son départ de la FI est assumé quand à droite comme à gauche, il constate « énormément de paradoxes par rapport à la question de l’islamisme et du racialisme, paradoxes entre les paroles et les actes ». 

Avec Marie Dauchy, conseillère régionale et élue de Saint-Jean-de-Maurienne.
Il cite Audrey Pulvar, candidate socialiste en Île-de-France aux propos qu’il juge « tendancieux et flirtant avec un islamogauchisme de saison », il cite aussi Pierre Bédier, président LR des Yvelines, « qui lui va prêcher durant les périodes électorales » et parce que « l’islamodroitisme existe aussi ». Par conséquent, « le seul rempart aujourd’hui est le Rassemblement national » quand les deux camps historiques rivalisent d’insuffisances. 

C’est déjà 2022

Car si le candidat sait ce qu’est un dossier local, il connaît malgré tout ses classiques. On le sait, les deux échéances électorales à venir portent un espoir plus lointain, celui de 2022 et d’une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle. C’est pourquoi le programme d’Andrea Kotarac épouse de près les contours du discours national. « Mes trois priorités sont la sécurité, celle des personnes, des personnels, des professeurs, dans les trains… L’islamisme et le combat pour une nation unie et contre ces subventions aux associations qui fracturent le pays » et enfin « le localisme et le développement de ce qui fait notre fierté ». Face au « mois décolonial » de Grenoble, il enrage, comme il l’a exprimé pour Lyon Mag, le 10 juin : « La sécurité, ça passe par la culture. On ne peut pas, voir demander de soutenir des professeurs quand, dans le même temps, la Région subventionne une association qui organise le mois décolonial à Grenoble, qui explique que les professeurs sont islamophobes » et qui assure que « nos policiers sont racistes de manière systémique. Il faut une politique cohérente ». 

En compagnie de ses colistiers savoyards.
En définitive, le jeune homme souhaite « allier enracinement et compétence » , en défendant l’agriculture et les agriculteurs, ces « héros » du quotidien qui « font vivre nos terres ».  Le discours volontariste, il tonne : « Il faut se réapproprier la collectivité, nous sommes prêts à travailler sérieusement, à avoir un calendrier d’action précis ». Sa liste se nourrit de la présence d’un général à la retraite, de profs, d’économistes, d’artisans, d’éleveurs, il se vante de « rassembler » et promet « du changement » parce qu’il a « toujours été comme ça ». Le capitaine, c’est lui, il est celui qui fixe le cap pour « remettre de l’ordre et de la cohérence ». Cette cohérence se traduit par la promotion du Lyon-Turin, par le désenclavement de la ligne Clermont-Ussel visant « à relier les zones thermales d’Auvergne ». Il dit son engagement total ; ainsi, lorsque Laurent Wauquiez « pense Elysée » , lui, il pense « habitants ». Élu président, Andrea Kotarac s’attellera à « travailler avec tout le monde » , sans distinction de couleur politique quand le sortant, « dès qu’il évoque les problèmes de sécurité à Lyon, exclut les maires qui ne sont pas de son bord ».C’est un peu tout le RN ; un renouvellement des cadres qui se poursuit, une Marine Le Pen « toujours première chez les jeunes » , des principes nationaux qui se déclinent lors de toutes les campagnes, une défiance généralisée dont il se nourrit. 2022, les voilà ! 
Retrouvez nos entretiens et portraits des têtes de liste engagées de cette élection sur www.lepetitreporterdu73.com

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1 commentaire

Unknown

12/06/2021 à 19:39

Transfuge de la France Insoumise... l'ambition n'a pas de limite ?

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