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Régionales 2021 : Shella Gill, celle qui voulait rendre la politique « essentielle »

Par Jérôme Bois • Publié le 01/06/21

A chaque scrutin son candidat surprise, ces Régionales ne feront pas exception à la règle. Ce candidat est une candidate, sortie de nulle part ou presque sinon née d’une vague silencieuse, faite de déception et de besoin de changement. Shella Gill, naturopathe, est tête de liste de l’Union essentielle, un mouvement qui comptera du reste une autre tête de liste en Occitanie. Avec pour ambition portée, celle de ne plus laisser la politique aux technocrates mais de la mettre entre les mains du peuple.

Shella Gill
Ils sont « déçus » , « peinés » , les politiques menées ont abouti à « un constat d’échec » , on la connaît, cette rhétorique, elle avait été jadis portée par les Gilets jaunes lorsque cette lame de fond n’était alimentée que par lassitude et rejet, plus que par idéal politique. Pourtant, même s’il n’a plus fait les gros titres, ce mouvement vit encore, son cœur bat, dans les tréfonds de la France. Avec l’Union essentielle, si elle n’a aucune parenté, l’élan semble naître de nouveau. « Nous sommes une bouteille à la mer » , lance Shella Gill, « nous avons rapproché des milliers de gens sans passer par les réseaux sociaux, simplement parce que nous avions tous le même dessein, celui de défendre nos libertés ». Shella Gill, 48 ans, est naturopathe. C’est elle qui a initié ce mouvement, dont la génèse ne remonte pas à des années en arrière sinon quelques semaines, courant avril. « Un soir, à 4h du matin, j’ai écrit un appel à la démocratie, je voyais une urgence à défendre la démocratie et à faire de nos enfants des hommes et des femmes libres ». Une aspiration qui ne devait pas avoir convaincu les médias, la plupart ne comptant pas la candidate de l’Union essentielle parmi les prétendants au titre suprême. Or, les listes ont bien été déposées en Occitanie et en Aura et petit à petit, l’UE gratte, gagne des adhésions en plus de s’être invitée à la table des grands. Sans crier gare. « Nous avons en outre déposé une trentaine de listes aux départementales sur ces deux régions » , un succès. L’UE compte 230 candidats sur Auvergne Rhône-Alpes, 180 en Occitanie. « Et avec plus de temps, nous en aurons d’autres » , prophétise-t-elle. L’intéressée, elle, n’a jamais « fait de politique » , lance-t-elle dans un grand éclat de rire, elle n’aura pas davantage l’intention d’en faire. « C’est pourtant essentiel à la vie mais c’est devenu un gros mot, ce ne devait être qu’un outil ».

« L’autoritarisme est une preuve de faiblesse »

Réenchanter la politique, un vœu aussi pieu qu’éculé. Ce qui différencie l’Union essentielle de tous ceux qui se définissent comme les nouveaux enchanteurs ? « Nous sommes tous volontaires pour construire un nouveau monde, fait de la démocratie directe, tenant compte de la parole de la base, fait d’union entre les hommes et de respect de notre écosystème ». Bien sûr, ils ne pourront compter sur quelque « appui médiatique » , les membres d’UE se satisfont néanmoins de « l’énorme victoire » que constituent ces deux listes aux Régionales. Poil à gratter, vraiment ? « Cette déception du quotidien, je l’ai lue chez beaucoup de gens » , soutient Shella Gill, « comment voulez-vous voir des décrets apparaître qui nous disent quoi faire de nos vies et de notre quotidien sous prétexte de Covid ? Je n’ai pas voté dans ma vie pour donner tout pouvoir à quelqu’un qui va décider seul ». Les confinement successifs ne trouveront pas grâce à ses yeux, « c’était même n’importe quoi, on peut sortir, mais pas totalement, on peut aller dans des commerces, mais pas les non essentiels » … Comme si la politique avait fini par se déshumaniser : « Nous sommes des déçus du système » , insiste Shella Gill, « la politique a perdu le contact avec le peuple. La pandémie a mis ses imperfections en lumière : pas assez de lits, de personnel, de coordination : le fonctionnement de l’Etat a été déficient ». En définitive, « ils auraient dû se rapprocher du peuple ». C’est le peuple qui compte le lui rappeler. « L’autoritarisme est une preuve de faiblesse, on impose une direction au lieu de chercher ensemble la réponse ». Les dirigeants ? « Ils pensent avant tout intérêts personnels ». Reste à savoir pourquoi avoir choisi le scrutin régional pour se faire connaître, a priori pas l’élection la plus prisée des Français. La réponse nous revient comme un boomerang, « c’est ce qui se présente à cet instant ». Lapidaire. La tête de liste précise, « il est toujours possible que les prochaines échéances sautent et avant, je ne ressentais pas cette maturité qui nous pousse aujourd’hui, tant les retours ces dernières semaines ont été fulgurants. La révolution passera par les urnes. On souhaitait une liste aux Régionales il y a six semaines, nous en avons deux. Gagner une région ? Nous y sommes prêts ». L’Union essentielle, son bébé, son objet, n’est pourtant pas un parti et ne participera pas à l’éternelle guéguerre des egos, « notre règle » , affirme-t-elle, « c’est d’être libéré de toute orientation. L’Union essentielle, c’est l’union de toutes les personnes libérées de leurs étiquettes pour défendre des droits fondamentaux » , les droits essentiels. 

La colombe vers la gauche

Pour symboliser cette union sacrée, la colombe de l’alliance, « tournée vers la gauche » , non pas pour indiquer une direction à suivre (le retour en arrière, le poids du passé) ou une quelconque coloration politique, mais pour sa symbolique ; « c’est le cœur, le créatif, la construction » , explique Shella Gill, « elle est le signe que nous allons construire quelque chose de nouveau ». Tête de liste, elle semble assumer sans problème une posture pas simple à endosser, « j’ai déjà servi de punching ball et personne ne veut ma place. Je suis celle que l’on va tenter de perturber en public ». Et si personne ne la prend au sérieux, elle s’en moque, « on va le faire quand même ». Grâce à une campagne faite de rencontres, d’écoute, « de compréhension, de bienveillance, d’indulgenceÇa existe, il y a de l’espoir, il est partout ». Elle ne se dit « pas seule » et promet être « prête à prendre des coups ». Et fait cette promesse, « notre soulèvement demeurera, le feu et la volonté resteront. Nous n’avons aucune ambition à faire carrière, nous n’avons pas de projet personnel ». Ainsi, d’autres prendront le relais et ainsi de suite… jusqu’à mettre en route un mouvement de masse transcende les clivages et qui n’est pas sans rappeler celui de novembre 2018…
Retrouvez nos précédentes rencontres avec les autres candidats à ces Régionales 2021 : Bruno Bonnell, Najat Valaud-Belkacem, Chantal Gomez et Laurent Wauquiez.

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2 commentaires

Unknown

02/06/2021 à 19:35

Bonjour, il faut faire connaitre cette dame et son programme. a t elle un site ?

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LC

03/06/2021 à 09:34

Bonjour : il est en lien dans l'article, premier paragraphe

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