article

Grand Chambéry : et si on roulait tous à 70km/h entre le péage Chambéry-Nord et celui de Chignin ?

Par Jérôme Bois • Publié le 15/07/21

Il faudra au conseil d’agglomération un maximum d’efforts en matière de pédagogie pour faire accepter à tous une telle mesure. Car mardi 13 juillet, l’ensemble du conseil (moins une abstention) a approuvé le vœu exprimant l’inquiétude autour de l’augmentation du trafic routier dans l’agglomération chambérienne. Chacun y est allé de son amendement pour parvenir à un quasi consensus sur les points suivants : du péage Nord à Chignin, la vitesse serait réduite à 70km/h et de la sortie du tunnel de l’Epine au péage Chambéry-Nord, elle serait réduite à 110 km/h. Faisable ? 


Si ce vœu venait à être entendu par les services de l’État, nul doute qu’il ferait grand bruit auprès du grand public. Pourtant, c’est peu dire que les motivations du conseil communautaire à aboutir à un tel vœu sont réelles, elles partent d’un constat, les travaux prévus entre 2022 et 2023 sous le tunnel du Mont-Blanc vont conduire, de façon inexorable, à un accroissement du trafic sur la cluse de Chambéry et la vallée de la Maurienne, des perspectives fort peu engageantes alors que la circulation est en constante augmentation en temps normal.

Déjà 105 000 véhicules par jour sur la VRU

Philippe Gamen, président de cette institution, détaillait, mardi 13 juillet, le pourquoi d’un tel vœu. « Nous avons trois données à prendre en compte, les travaux sur la VRU, l’ouverture à la circulation du deuxième tube du tunnel du Fréjus, prévue pour le deuxième semestre 2021 et les travaux importants sous le tunnel du Mont-Blanc, programmés dans les années à venir. La conjugaison de ces trois phénomènes pourrait aboutir à une hausse de 5 000 véhicules par jour ». Actuellement, la VRU de Chambéry absorbe environ –  et avec difficulté – 105 000 véhicules par jour, dont 9 000 camions, des chiffres en augmentation de près d’1,5% par an. Pour mémoire, les experts ont défini qu’à 120 000 véhicules par jour, la VRU serait à saturation. « Clairement » , ajoutait le président, « la VRU atteint ses limites ». En conséquence, le conseil a exprimé le vœu suivant auprès de l’État : « Il exprime l’inquiétude du Conseil communautaire concernant l’augmentation du trafic routier dans l’agglomération chambérienne. C’est pourquoi nous demandons d’accélérer le report du fret sur le rail, le déploiement du dispositif de signalement intelligent sur la VRU et une étude sur des mesures de sécurité complémentaires ». C’était un premier pas mais on va le voir, chacun y est allé ensuite de sa suggestion.Alain Caraco, vice-président en charge de la question des mobilités, proposa ainsi un amendement à ce vœu, celui de voir la vitesse baisser – à titre expérimental – sur la VRU, de 90 à 70km/h. « Les travaux sous le tunnel du Mont-Blanc ne seront pas sans incidence sur le trafic en Maurienne et sur la cluse, or, il serait bon d’expérimenter la traversée de l’agglomération à 70km/h afin de limiter le nombre d’accidents, de baisser les nuisances sonores et la pollution atmosphérique ». Philippe Gamen s’estima favorable à un tel amendement, mais ce n’était pas fini ! Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex, proposa, lui, d’abaisser la vitesse en sortie du tunnel de l’Epine, sur l’A 43, à 110, en raison de la pente et de la courbe menant au péage Chambéry Nord. Jusqu’ici, les différents préfets s’y étaient refusés car cette portion était jugée peu accidentogène.

Le précédent de 2013

A ce moment-là, le vœu formulé par les élus collait juste avec celui déjà exprimé le 19 décembre 2013, alors que Louis Besson présidait encore cette assemblée. Celui-ci disait en substance que la baisse de la vitesse de 110 à 90km/h sur la VRU en 2003 avait conduit à baisser de 50% le nombre d’accidents. Avant que l’accidentologie ne reparte à la hausse dans les années qui suivirent. Deux graves accidents avaient notamment été à déplorer au cours de l’année 2013. A l’époque, l’assemblée avait déjà pointé la pollution atmosphérique du doigt, tout concourait à proposer l’abaissement de la vitesse à 70km/h « en conservant un différentiel de vitesse entre les véhicules légers et les poids lourds, ce qui aurait le double intérêt de baisser le nombre d’accidents et de diminuer la part de pollution dus aux transports ». On le voit, l’augmentation du trafic n’était pas le curseur sur lequel avait appuyé le conseil. Dans le même temps, le document proposait de baisser à 110km/h le secteur entre la sortie du tunnel de l’Epine et le péage Nord dans le même objectif sécuritaire. 67 élus sur les 94 présents avaient alors voté pour (22 abstentions, 5 contre).Un vœu qui n’était pas tout à fait tombé dans l’oubli puisque ressorti opportunément au moment où le trafic devient problématique dans l’agglomération. C’est pourquoi 8 ans plus tard, les membres du conseil sont allés plus loin. Thierry Repentin demanda à inclure dans ce document la possibilité d’effectuer la fermeture du tunnel du Mont-Blanc pour travaux aux périodes où la circulation est la moins dense sur les routes de Savoie, « ce qui limiterait une part du report sur Chambéry et la Maurienne ». Un amendement approuvé. Tout comme celui de Jean-Marc Léoutre, maire de Saint-Jeoire-Prieuré, qui suggéra que l’intégralité du tronçon (sous compétence de l’Etat) entre le péage Chambéry-Nord et le péage de Chignin soit à 70km/h, ce qu’Arthur Boix-Neveu jugea dangereux « car en entrant par Chignin pour emprunter la voie rapide, vous payez 90 centimes d’euro, pour rouler aussi vite que sur une quelconque nationale ». Il ne sera pas entendu car Alain Caraco rétorqua que sur les deux kilomètres séparant la sortie 20 de Saint-Baldoph (à partir de laquelle la vitesse passe de 90 à 110 km/h) du péage de Chignin, la différence ne serait que d’une quarantaine de secondes.Si tout cela venait à être validé par les services de l’État, nul doute que ça ferait du bruit auprès des usagers. Mais on n’y est pas encore…

Tous les commentaires

0 commentaire

Commenter