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Grand Lac : le réseau de bus Ondéa entame sa révolution pour 2022
Par Jérôme Bois • Publié le 14/07/21
Le nouveau délégataire du réseau Ondéa est connu, il sera le même que sur la précédente période (2014-2022), à savoir RATP Dev. Seulement, ce dernier, qui a fait l’unanimité dans son offre de toilettage du réseau en général, a su apporter de nombreuses modifications au fonctionnement présent ; toutes les formes de mobilités seront prises en compte, la passerelle avec le réseau Synchro bus de Grand Chambéry va enfin s’opérer et le transport à la demande ira désormais au plus près du bénéficiaire. Rendez-vous en juillet 2022 !
RATP Développement a donc raflé la mise : prolongée d’une année pour permettre au conseil communautaire d’entamer l’étude du dossier de la prochaine délégation de service public, la présente DSP va prendre fin et faire place nette… au même délégataire jusqu’en 2028, fort d’un programme des plus séduisants à en juger par les retours des élus. A l’unanimité, selon le président de Grand Lac, les maires des 28 communes de l’agglo ont approuvé ce dossier, au détriment de ceux de Keolis et de Transdev, le conseil communautaire s’est chargé, quant à lui, de valider ce choix mardi 13 juillet, en séance.Les changements à venir, à compter du 4 juillet 2022, seront extrêmement nombreux car Grand Lac n’avait pas lésiné sur ses requêtes : « Nous souhaitions améliorer le service aux scolaires et conquérir d’autres publics » , résumait Renaud Beretti, président de l’agglomération. « Chaque maire a été rencontré dans le cadre d’une démarche associante avec les élus de l’exécutif ». Il énumère les objectifs à atteindre de cette nouvelle DSP : « Dans un premier temps, nous attendons une vraie prise de risque financier de la part du prochain délégataire, le développement du réseau en ciblant les actifs et en améliorant le service aux scolaires, qui représentent 72% des usagers et 58% des déplacements, un meilleur cadencement des lignes structurantes et le transport à la demande ». Sur ce dernier point, le président se montrait particulièrement satisfait, « ce que nous allons proposer est unique en France ».Avant de détailler les nouveautés 2022, Florian Maitre, vice président en charge des déplacements et de l’intermodalité, a présenté les éléments financiers de cette nouvelles DSP pour l’agglo ; pour les sept années conduisant jusqu’en 2028, Grand Lac s’acquittera de 5,4 millions d’euros chaque année soit un total de 38 millions d’euros sur la période, s’ajoutant « aux investissements de 10,5 millions sur les autres mobilités. » Il s’agit de la dernière pierre engagée dans ce dossier« , a-t-il souligné.
1 : les trois principales lignes renforcéesLa première étape pour le délégataire consiste à renforcer les trois lignes structurantes. La ligne 1, reliant le pont Rouge à l’Inseec à Technolac verra sa fréquence multipliée par deux, soit un bus toutes les 20 minutes hors été, 30 minutes en été et les samedis. « C’est un effort considérable qui va être fait » , notait Renaud Beretti. La ligne 2, allant du collège de Grésy à Savoie Hexapôle sera « extrêmement cadencée » avec un dernier départ retardé d’1h30, à 21h13 afin de permettre les prises de service de nuit à l’hôpital. Il est à noter que les deux principaux employeurs de la ville, l’hôpital et les thermes Chevalley, ont été consultés par RATP Dev. La troisième ligne structurante, la 3 (des thermes à l’avenue du Petit-Port), empruntera le boulevard Lepic, jusqu’ici oublié, en dépit de sa forte et récente urbanisation. « Il y a eu une demande de la part des habitants » , insistait le président et maire d’Aix-les-Bains. D’une façon générale, les zones d’activité seront bien mieux desservies.
2 : une meilleure connexion avec le réseau chambérienC’était un souhait qui remontait à loin et qui ne devrait plus se faire attendre ; en septembre prochain, la jonction avec le réseau de Grand Chambéry côté Bourget-du-Lac sera améliorée, via la ligne Chrono A jusqu’à la plage du Bourget. Le réseau sera sous surveillance jusqu’en décembre afin d’être éventuellement revu en janvier 2022. La connexion définitive se fera pour juillet 2022. Un travail commun a été réalisé sur la tarification « pour un ticket commun, des abonnements communs, une tarification unique pour le vélo » puisque l’ensemble du réseau Ondéa sera mieux arrimé aux réseaux environnants (TER, Sibra, vélostations…)
3 : Le transport à la demande « le plus innovant de France »Et c’est Renaud Beretti qui le dit. Que se passera-t-il demain ? « Vous pourrez réserver votre navette jusqu’à 20 minutes avant, on viendra vous chercher à l’arrêt de bus le plus proche de chez vous » , détaille le VP aux déplacements, « et vous choisissez votre point d’intérêt » , à savoir l’endroit où vous souhaitez être déposé, selon la liste fournie par Ondéa et fonction de votre zone d’habitation dans l’agglomération. Les dessertes sont assurées de 7h à 20h, du lundi au samedi et la flotte se dote désormais de 7 minibus de 9 places et d’un minibus PMR. Pour un investissement de 450 000 euros chaque année. « Le retour est garanti » , précise Florian Maitre. « C’est un service au plus près des gens, le système le plus innovant de France a priori » , abonde le maire aixois.
4 : des lignes de proximité plus directesOutre les trois lignes structurantes, le réseau Ondéa se distingue par une tissage formé de 57 lignes de proximité, aux tracés plus directs, aux horaires mieux calés sur les horaires des collèges et lycées et aux tarifs simplifiés, adaptés au quotient familial et au nombre d’enfants. « Nous allons gagner entre 5 et 27 minutes ; l’offre est la même mais nous gagnerons des kilomètres de roulage » , résume Florian Maitre, grâce à l’optimisation de chaque ligne. La nouvelle tarification conduira à une économie globale pour les usagers de 130 000 euros.
5 : vers un report modal « conséquent » ?Les projections jusqu’en 2028 montrent que le nombre de voyages effectué passerait d’1,7 million à 2,9, soit « une évolution au-dessus de la croissance démographique, ce qui fait qu’on aura du report modal, on gagnerait alors des parts de marché sur la voiture ». La plus grosse évolution se ferait sur les deux premières années de fonctionnement de ce nouveau réseau peaufiné (hausse du nombre de voyages de 24,2% entre 2019 et 2022, de 16,29% entre 2022 et 2023). Outre l’accroissement des recettes, donc, les habitants délaisseraient peu à peu la voiture. Grand Lac a imposé un versement mobilité supérieur aux entreprises, de 0,6 à 0,8% de la masse salariale, « soit 900 000 euros de recettes par an dans les caisses » , expose Florian Maitre. Ondéa deviendrait alors « un réseau des mobilités » et plus seulement de transport en commun.
6 : un financier effort maximumPour comprendre le coût général pour la collectivité que suppose la modernisation du réseau, il faut savoir que le coût d’exploitation pour un seul kilomètre s’élève à 3,21 euros ; en parallèle, le coût pour l’usager n’est que d’1,05 euro. En 2028, la part payée par l’usager sera de 22% du coût total. « Le bus coûte cher » , lançait Renaud Beretti, le risque financier pris par RATP Dev n’en est que plus important. De nouveaux bus arriveront, l’image du réseau sera toilettée, une grande stratégie de promotion va se mettre en place auprès des centres commerciaux, des entreprises, des curistes, des universités et même les services de paiement et d’abonnement vont être modernisés (il sera par exemple possible de payer par carte bleue dans les bus, faisant d’Ondéa le premier réseau des deux Savoie à le permettre). Enfin, Grand Lac a négocié avec le délégataire la possibilité de créer « un module de contrôle de gestion » pour que ce contrat « ne dépende pas uniquement du délégataire. Nous pourrons alors lui mettre la pression s’il venait à ne pas être respecté et assurer une meilleure lutte contre la fraude ».Alors, Ondéa, tout nouveau tout beau en 2022 ?
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