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Avec Bikle, la révolution du vélo électrique sera-t-elle annécienne ?

Par Jérôme Bois • Publié le 31/08/21

Entre Annecy et le vélo électrique, une idylle est née. Les fabricants rivalisent d’ingéniosité et proposent des gammes élargies de cycles à assistance électrique, pour le plus grand bonheur des usagers, jaloux de leur environnement et de leur santé. Bikle s’est engagé avec délice dans ce sillon préalablement creusé par la concurrence, avec la double ambition de proposer un outil à la fois local et modulable. Au prix du marché, ce qui ne gâche rien…


A 30 ans, c’est le bon moment… Ils l’auront entendue, cette formule. Tristan et Cédric se connaissaient, exerçaient chacun de leur coin et ne songeaient encore pas à unir leurs compétences pour se lancer dans la grande aventure de l’entrepreneuriat. Ce n’était pas faute d’avoir une idée en gestation. Formé en carrosserie, Cédric Collao est par la suite passé par le prototypage et le bureau d’études de Lazareth Auto moto. Tristan Burgaud, lui, est passé par l’industrie auto et sera licencié économique lorsque la crise sanitaire pointa son nez. Complémentaires, à n’en pas douter.Au détour d’un événement, le start-up weekend Annecy, les 19 et 20 octobre 2020, germera en eux l’esprit d’entreprise. A 30 ans, c’était le bon moment. « Lors de ce weekend, notre idée de créer un vélo qui ressemble à une moto, entièrement modulable, personnalisable, qui dure dans le temps, a été retenue » , rembobine Cédric. En 54 heures, un groupe de travail se forme autour d’eux, graphistes, ingénieurs, développeurs web… afin d’affiner le projet. Ils en sortiront auréolés du prix coup de cœur du jury et du meilleur esprit d’équipe. « On n’a pas dormi durant ces 54 heures, ça a été une grosse claque pour nous ». 54 heures pour faire basculer deux existences, rien de plus, rien de moins. Le lundi suivant, Cédric présentera sa démission, qu’il obtiendra ; son vélo électrique est viable, dans le week-end, cinq précommandes lui sont parvenues, il fallait se mettre au travail sans attendre. Son employeur ne fera aucune difficulté.

« On cherchait à suivre les codes de la moto »

Cela fait donc 10 mois que Bikle (né de la contraction de bike et motorcycle) existe, non sans quelques menues sueurs – ah, les banques et leur hermétisme ! – mais bénéficiant de l’accompagnement du Grand Annecy, pour la fourniture de locaux, d’un appui juridique etc. Les commandes sont arrivées vite, la production tourne rond, les retours d’expérience attestent de la réussite de ce vélo à nul autre pareil. Parce qu’il faut en parler, de ce vélo : l’œil le plus perçant se sera avisé du caractère « hypertrophié » du véhicule, que ne renieraient (presque) pas les afficionados du fat bike, ces VTT aux pneus gros format. Car les gommes des vélos Bikle, en 20×4, détonnent au pays du VAE. Le cadre, le gros phare avant, l’assise ne sont pas, quant à eux, sans évoquer aux nostalgiques les mythiques 103 et Solex. Clairement, du Bikle au motorcycle, il n’y a qu’un pas, son gabarit est à s’y méprendre, à ceci près qu’il s’agit bien d’un vélo, avec pédalier, batterie, vitesses, tout ce qu’il y a de plus classique. « On cherchait à suivre les codes de la moto » , révèle Cédric, « aujourd’hui, les vélos électriques se ressemblent tous, on dénombre environ 200 constructeurs rien qu’en Europe, on a fait le choix de se distinguer, nous ne sommes pas là pour concurrencer Décathlon ou Intersport ».  Qu’on se le dise, ce vélo est le leur, unique en son genre. « En fait, il manquait un segment, les vélos électriques ne se différencient pas par leur esthétique » , soutient Cédric. A l’essai, le véhicule démarre pied au plancher, « c’est un véhicule pour fainéants » , plaisante-t-il. « En fait, on joue avec. Ceux qui en ont un nous l’ont dit, ils font toujours un peu plus de distance, testent la batterie… C’est ça, ils jouent avec ». Puissant, solide, presque durable, serait-on tenté d’écrire car ses composantes sont, pour la plupart, fabriquées dans un rayon de 50 kilomètres, un petit plus de nature à faire la différence.

« Voilà à quoi va ressembler la mobilité urbaine »

« Une dizaine d’entreprises locales travaille avec nous, à l’usinage, à la découpe laser, à la soudure, la sellerie, la peinture… Seuls les moteurs batteries viennent d’Asie, nous n’avions pas le choix, on tient à rester dans les prix du marché, il fallait en passer par là. Ça évoluera peut-être avec le temps ». Sur son site internet, le duo explique ces choix : « Les vélos sont en général devenus jetables et souvent fabriqués très loin de chez nous. Ils sont de plus en plus sophistiqués et par conséquent de moins en moins réparables ». C’est pourquoi la modulabilité est primordiale, dans le plan d’attaque de Bikle. « Chez nous, on peut ajouter des garde-boues, changer les pneus, la fourche, la selle, ajouter des accessoires comme le porte-surf, le panier avant ou arrière… » , confirme Cédric. Chaque composant a été soigneusement choisi pour durer, voici leur valeur ajoutée. C’est peut-être cela, « enclencher la prochaine révolution du vélo » , comme ils le clament, « voilà à quoi va ressembler la mobilité urbaine ». Quoi de mieux que la vox populi pour mesurer l’intérêt grandissant de ces vélos Bikle : « On a eu des retours, des gens les ont poussés au maximum ». Les premières réflexions ont pointé quelques menus défauts dans la cuirasse, « tout a bien été réglé depuis ». Lorsqu’un acquéreur commande 12 vélos pour lancer son activité de loueur sur Oléron, c’est presque une consécration : « Ses vélos ont tous plus de 3 000 kilomètres, pour nous il valait mieux que tout marche » , sourit Cédric. Et tous les jours, les locations s’enchaînent. Parce que mine de rien, le choix des pneus grand format n’est pas anodin, il permet aux vélos de se déplacer sur le sable sans effort, « la cible de la côte Atlantique, on la travaille sérieusement ». Quant aux autres acquéreurs, on est littéralement noyé sous leurs dithyrambes…Idéal pour la ville, les moyennes distances, les terrains plus chahutés, le vélo Bikle a donc cette force en plus, « il a de la gueule » , ce qui est quasiment devenu le slogan. « Il a été fait avec amour mais on n’oublie pas que ce projet appartient aux clients », conclut Cédric. Si l’objectif de commandes est rempli, il sera temps, pour Tristan et Cédric, de multiplier par deux leurs ambitions… Signe s’il en est, que se lancer à 30 ans avait du sens.

 

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