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Aix-les-Bains : avec la vidéo-verbalisation, le ton monte d’un cran au conseil
Par Jérôme Bois • Publié le 13/09/21
Un débat sur la sécurité ne laisse jamais de marbre, ici bas. Encore moins quand il s’agit de vidéo, encore moins dès qu’il est question de verbalisation. Alors imaginez un peu l’association des deux !!! Lundi 13 septembre, en séance du conseil municipal, la mise en service de la vidéo verbalisation a fait débat, comme de bien entendu. Entre nécessité, volonté et dogmatisme, les échanges ont été animés. C’était la moindre des choses.
Une petite heure de jeu aura suffi à faire que les débats s’enveniment. Un sujet a suffi, la sécurité, que l’on va englober avec la tranquillité publique. En jeu ? La vidéo verbalisation, à savoir un dispositif de caméras visant à verbaliser les comportements routiers déviants, les infractions à la sécurité routière, les stationnements dangereux ainsi que les dépôts sauvages et intempestifs. Samedi 11 septembre, un mariage bruyant avait grandement contribué à l’animation de la ville, ce n’était qu’un exemple parmi tant, après un été agité en termes de sécurité. « Nous allons le faire avec discernement et dans le cadre légal » , a précisé le maire Renaud Beretti. Il répondait ainsi à Dominique Fié, auteur d’un « manifeste » haut en couleurs, selon le terme du maire, contre la vidéo-verbalisation.
« Nous ne voulons pas vivre dans une société totalitaire »
Il faut dire que l’élu de l’opposition n’y est pas allé de main morte à l’évocation de ce nouveau dispositif, complétant l’existant – la vidéo-protection – « qui n’a pas porté ses fruits » , annonça-t-il, avec un centre de supervision urbain (CSU) « qui n’a qu’une faible efficacité ». « Tout cela n’est pas un constat personnel » , a-t-il ajouté, « mais le fruit d’une enquête de Laurent Mucchielli qui affirmait que ces dispositifs représentaient un gaspillage d’argent public ». Laurent Mucchielli, ce sociologue récemment retoqué par le CNRS, fin août, pour s’être livré à des analyses critiques sur l’épidémie de Covid, sujet jugé éloigné de ses compétences. Il a également été l’auteur de nombreuses analyses (très) critiques sur le développement des systèmes de vidéo-surveillance, de reconnaissance faciale, sur le pass sanitaire etc. Mais Dominique Fié appuya : « Vous êtes dans la fuite en avant. D’abord, vous allez vers la vidéo-verbalisation et pourquoi pas, jusqu’à la reconnaissance faciale ? C’est vous qui gérez la ville depuis des dizaines d’années, qu’avez-vous fait face à ces constats ? » A savoir de hausse des cas de mauvais comportements, des incivilités voire des comportements carrément dangereux, notamment observés cet été (les rodéos, des dépôts sauvages, le bruit…) « Et là, vous présentez la vidéo verbalisation comme la solution miracle ! Vos choix ne sont pas les nôtres, faire baisser la vitesse, le bruit, les incivilités, la pollution, ça ne passe pas par le recours aux caméras. Nous ne voulons pas vivre dans une société totalitaire » , a-t-il asséné, « comme l’est la Chine aujourd’hui ». Une conclusion qui fit sourire Renaud Beretti, « je croyais que ça vous plaisait, justement, la Chine, la Corée du Nord… » L’élu d’extrême-gauche goûtera fort peu à l’allusion mais son temps de parole venait alors d’expirer.
Un déploiement sur quatre secteurs-clefs
Il est utile de revenir sur le concept du soir, la vidéo-verbalisation qui, exprimée comme telle fait craindre une pluie de procès-verbaux sur la tête des automobilistes aixois. A priori, et selon Jean-Marc Vial, adjoint à la sécurité, il n’en est rien. « Ce dispositif n’a pas vocation à verbaliser le non-acquittement du stationnement mais à réguler, contrôler, verbaliser les comportements dangereux ». Il les a définis de la façon suivante : les infractions à la sécurité routière, le stationnement gênant voire dangereux, les mauvais comportements occasionnels type mariages et les dépôts de déchets aléatoires voire sauvages. La procédure de vidéo-verbalisation des infractions routières existe depuis 2008, détaille la sécurité routière, elle permet à un agent assermenté de constater sur un écran de contrôle une infraction au code de la route filmée par une caméra de vidéo-protection implantée sur la voie publique. L’image du véhicule incriminé est capturée, son immatriculation enregistrée, un procès-verbal est ensuite adressé à l’automobiliste. « L’objectif de ces mesures est de lutter efficacement contre des causes majeures d’insécurité routière, notamment en agglomération, et d’influencer durablement le comportement des usagers de la route en les incitant au respect strict des règles du code de la route, partout et tout le temps » , ajouta l’élu.Quatre secteurs seront concernés par ce nouveau dispositif : la zone hypercentre (avec la place de la Gare, l’avenue Charles-De-Gaulle, la place du Revard et l’avenue Lord-Revelstoke), la zone piétonne (les places Maurice-Mollard, des Thermes et Carnot, le square du Temple-de-Diane et la rue du Dauphin), la zone dite de rencontre (la rue du Casino, la rue de Genève et le square Alfred-Boucher) et enfin les bords du lac (Boulevard Barrier, l’esplanade Jean-Murguet, le boulevard du Port-aux-Filles et l’avenue du Petit-Port). Une signalétique particulière sera ajoutée à l’entrée de chacune de ces zones. « Il ne s’agit pas de verbaliser en permanence » , soulignait Renaud Beretti, « mais d’agir sur des zones où les délits sont les plus fréquents. Des phénomènes nouveaux sont apparus, c’est simplement complémentaire ». André Gimenez et Dominique Fié auront in fine voté contre, le sujet étant validé par l’ensemble du conseil, y compris la minorité menée par Marina Ferrari : « Je craignais la verbalisation du défaut de stationnement, j’ai été rassurée par les propos de M. Vial, c’est un vieux dossier qui aboutit, je me réjouis de ce nouvel instrument juridique » , nota l’élue.
Un chien à disposition des effectifs de la police municipale
En définitive, le plus virulent, suite aux propos de Dominique Fié, fut Alain Mougniotte. « En tant que résident des bords du lac, je peux le certifier, ce dispositif est attendu de tous les riverains. De 21 heures à 2 heures du matin, on ne peut pas mettre des agents en service partout. Ceux qui comme moi l’acceptent n’ont rien à se reprocher. Ceux qui le refusent, par contre… » Le maire rappela que ce sujet était un argument de campagne, il s’ajoutait à l’augmentation des effectifs de la police municipale, déjà effective, ainsi qu’à la création d’une brigade nocturne (lire notre article du 7 mai 2021). Un autre point de cette thématique « sécurité et tranquillité publique » avait, pour l’occasion, été validé à l’unanimité juste avant, la création d’une brigade cynophile. Un agent de la brigade de nuit « a la qualité de maître-chien » , rappelait Jean-Marc Vial, « il est propriétaire d’un chien et a travaillé avec dans une commune de Haute-Savoie. Son chien sera donc à disposition de la ville » qui en échange, s’acquittera des frais d’entretien, d’alimentation, de soins vétérinaires ainsi que de la formation continue des agents. « C’est un agent qui figure déjà dans nos effectifs » , a expliqué l’adjoint à la sécurité, quand Thibaut Guigue insistait, lui, sur le coût « déjà inscrit au budget primitif 2021 ».
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