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Chambéry : l’action « cœur de ville » prolongée jusqu’en 2026

Par Laura Campisano • Publié le 22/09/21

Initiée fin 2017 pour redynamiser les centres de 222 villes moyennes, entre 20 000 et 100 000 habitants, au travers d’un plan gouvernemental de grande envergure (près de 5 milliards d’euros de budget prévisionnel), l’action « cœur de ville » avait permis à Chambéry de tirer son épingle du jeu. Ce programme devant s’achever en 2022, a finalement été prolongé jusqu’en 2026 à l’initiative du gouvernement Castex, afin de ne pas casser « la belle dynamique mise en place ». 

 
« Notre travail commun de reconquête des villes de France est à l’œuvre. Mais nous n’allons pas nous arrêter en chemin » déclarait le Premier ministre au Congrès des maires de villes de France, le 8 juillet dernier. C’est donc reparti pour 4 ans, pour le programme « Action cœur de ville » destinée à recréer une synergie entre les français et les villes moyennes, dont la Cité des Ducs. Pilotée par un manager de centre ville, agissant en concertation avec les élus et les commerçants, cette action semble porter ses fruits à Chambéry, et sa prolongation a été accueillie avec soulagement.

Des effets positifs à souligner : vacance commerciale en baisse, fréquentation à bon niveau à Chambéry-centre

En dépit des confinements, liés à la crise sanitaire, il apparaît au travers d’une étude menée au premier trimestre 2021, que le centre ville de Chambéry a retrouvé ses piétons dès l’été 2020, et cette tendance ne s’est pas démentie. En effet, s’il est analysé une baisse de 15% entre 2019 et 2020, compte tenu du contexte évoqué précédemment, ce sont près de 24,3 millions de visiteurs qui ont foulé les pavés du centre ville, les zones commerciales des Landiers et de Bassens et le quartier de la gare. Et concernant les bonnes nouvelles, cela ne s’arrête pas là : le taux de vacance commerciale dans le cœur de ville est passé de 11,7% en 2020 à 9,50 % en 2021, et si l’on exclut le faubourg, de 9,1 à 7,4%. Cette baisse semble liée au programme « Action cœur de ville », ainsi que l’expliquaient les élus lors de la visite du préfet Rollon Mouchel-Blaisot, directeur de l’action, vendredi 18 septembre. Sur le périmètre « d’opération de revitalisation du territoire » (ORT) un travail de fond a été mené, dans le prolongement de la précédente équipe municipale : observation de la vacance commerciale, acquisition immobilière, accompagnement des porteurs de projets dans leur recherche immobilière, entre autres actions. C’est dans ce contexte que des investisseurs privés ont pu acquérir un immeuble rue d’Italie, et qu’un lieu destiné à l’art culinaire sera bientôt marrainé par la célèbre Mercotte, « cookshop », dans la même rue dont se félicitait Raphaëlle Mouric, adjointe en charge du développement de l’économie locale et de l’attractivité à Chambéry.

Des chantiers de rénovation de l’habitat ancien en cours de réalisation

Pour garantir l’attractivité des centres-villes, il faut outre la venue de commerces, la remise en état de l’habitat ancien, principalement dans les enceintes historiques, comme c’est le cas dans la vieille ville de Chambéry. En 2019, alors que nous interrogions Xavier Laurent, manager du centre ville de Chambéry, il expliquait déjà « Il y a des actions à mener, tant sur l’habitat que sur la lutte contre la vacance commerciale pour permettre à la commune d’aider l’implantation de nouveaux commerces, avec des boutiques à l’essai et des boutiques éphémères, dont les loyers seront à des prix accessibles. Notre objectif, par exemple sur la rue Croix d’Or et la rue d’Italie, est un projet à 360° : une idée d’attractivité globale, faire venir de nouveaux habitants, qui fréquenteront les commerces de centre-ville en bas de chez eux, restructurer les immeubles, pérenniser la présence des nouveaux commerces etc. »  Force est de constater que ses prévisions, malgré la période qu’il a fallu essuyer pour les commerçants du centre ville, ont été les bonnes : depuis, les travaux engagés ont déjà permis la réalisation de 21 projets, notamment faubourg Montmélian et rue Dessaix, ainsi que la mise en place de 51 autres projets en cours, au titre de l’amélioration de l’habitat urbain, aux côtés de copropriétés et de propriétaires individuels. En outre, le programme a permis des études préalables concernant 12 îlots, 91 immeubles et 521 logements, parmi lesquels Lans-Sénat (en ce compris la place de l’hôtel de ville) et Italie-Montmélian. Au cœur de ces îlots, des commerces, mais surtout des habitations dont certains se trouvent dans des immeubles en péril, inhabitables ou inaccessibles aux services de secours en cas de difficulté. Pour avancer dans la réalisation des travaux, la concertation, la pédagogie, l’écoute sont les maîtres-mots de ces opérations préalables, qui nécessitent le concours des habitants, ou tout au moins leur adhésion aux projets de réhabilitation. Sans l’épée de Damoclès d’une fin de projet en 2022, l’action « cœur de ville » a encore du temps pour conquérir d’autres cœurs.

Les villes moyennes, toujours plus attractives pour les Français, et encore plus depuis la crise sanitaire

Ce qui est certain, c’est que ce programme de redynamisation des centres-villes est renforcé par l’attrait des Français pour les villes moyennes qui, comme déjà constaté en 2019, ne cesse d’augmenter. Selon un nouveau baromètre des territoires 2021 de villes de France, il est démontré que près d’un tiers des actifs vivant dans des villes de plus de 100 000 habitants envisageaient de déménager de leur logement actuel, encouragés par le développement du télétravail et les nouvelles organisations du travail. Cette tendance est forte chez les jeunes de moins de 35 ans (44%) tout comme chez les actifs les plus proches de la retraite. Mais la donnée la plus intéressante est que ces personnes candidates au déménagement envisageraient de le faire dans des villes moyennes dans un rayon de 30 km autour de chez elles à 42% contre 33% dans la même ville.En outre, 87% des Français préfèrent déménager dans une ville moyenne plutôt que dans une grande métropole, ce qui constitue une hausse de 3 points par rapport à 2020. Ainsi 48% des habitants de grandes villes de plus de 100 000 habitants souhaiteraient, selon ce baromètre, vivre dans une ville moyenne s’ils en avaient l’occasion (29% dans une grande ville). Les raisons sont multiples pour les personnes sondées : la proximité des services et commerces, la proximité avec la nature (ce qui est particulièrement vrai à Chambéry, par exemple), la mobilité aisée, autant d’atouts qui ne contrebalancent néanmoins pas le manque d’accès aux soins  relevé par les participants. Les accès à la culture, aux études supérieures et aux autres régions sont d’ailleurs des atouts majeurs des villes moyennes aux yeux de leurs habitants. Si l’on ajoute à cela que la qualité du cœur de ville est un sujet sensible pour 74% des Français et 78% des habitants des villes moyennes, même si peu d’entre eux ont entendu parler du programme, on comprend la volonté de l’Etat de les mettre en valeur et de les redynamiser.Pour 45% des habitants de villes moyennes où l’action « cœur de ville » est active, celle-ci a un impact positif sur leur centre-ville. A suivre dans les prochain mois.

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