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Aix-les-Bains : Patrick Liaudet, de la suite dans les idées

Par Jérôme Bois • Publié le 19/10/21

Étrangement, jamais Patrick Liaudet n’avait écrit de suite à l’une de ses histoires, pas plus qu’il n’avait créé de personnage récurrent comme Frédéric Dard ou le duo Child/Preston. Avec « Ne réveillez pas le loup qui dort », le prolifique auteur aixois signe pourtant la suite de « Neige de cendres », publié voici seulement un an. Parce qu’on le lui a demandé et parce que le challenge méritait d’être tenté. Promis, il n’y aura pas de tome 3…

Le loup n’avait pas dit son dernier mot. Arnaud Chambraz, ex-agent de la DGSE, les services secrets français, avait dû reprendre, contraint et forcé, du service au fil d’un périple le menant des montagnes alpines aux chaudes latitudes africaines. Un an plus tard, le voici de retour, parce que pour un ancien espion, de paix il ne peut être question. « Ne réveillez pas le loup qui dort » signe donc les retrouvailles entre ce bon vieux bauju et son auteur, Patrick Liaudet. Une rareté dans sa bibliographie puisque jamais il n’avait rejoué avec l’un des protagonistes de ses romans. Il faut dire que « Neige de cendres » prêtait le flanc à une deuxième aventure tant sa fin restait ouverte à toutes les interprétations. « Je n’avais pourtant pas prévu d’en faire une suite » , s’excuse presque l’intéressé, « quand je mets le mot fin, c’est que c’est terminé. Et là, beaucoup de lecteurs me disent qu’ils attendent la suite, mon éditeur s’y met aussi, » tu sais ce qu’il te reste à faire «, m’ont-ils dit… J’avoue, je n’étais pas vraiment enthousiaste ». Aussi, trois mois après la parution de « Neige de cendres », en octobre 2020 (lire notre article du 5 novembre 2020), au plus fort de la tempête Covid, Patrick Liaudet renoue avec Arnaud et les autres personnages de ce roman, à mi-chemin entre le polar et le livre d’aventure. « J’ai repris les personnages un à un, ils étaient tous identifiés », comme on revient sur des terrains connus, comme Arnaud Chambraz, de retour dans ses Bauges natales, « et j’ai subitement retrouvé la flamme » , explique-t-il.

Jack London, sa révélation

« Par respect pour ces lecteurs, je me suis senti obligé d’y retourner, parce que quelque part, c’était valorisant en même temps qu’il s’agissait d’un vrai challenge. J’ai donc refait un vrai livre et pas une simple suite, il fallait trouver des péripéties qui soient en cohérence avec le premier volet. J’avais un tableau avec dessus l’ensemble de mes personnages, pour ne pas me perdre ». A plus forte raison avec les protagonistes asiatiques qui abondent dans cet ouvrage, dont l’action se déroule en partie à Hong Kong. Ce goût du récit par-delà le monde est l’une des marques de l’écrivain, « j’essaie d’apporter quelque chose, de l’info au lecteur » à travers notamment des descriptions collant au plus près des pays qu’il a lui-même visités. « Sur le premier, le roman nous emmenait au Zimbabwe et en Afrique du Sud, des endroits que je connaissais, c’est plus facile pour moi » et Patrick peut alors au mieux confronter le lecteur aux couleurs locales.La fiction et lui, c’est devenu comme une évidence et ça remonte à loin. « On n’avait pas de livres à la maison, étant issus d’un milieu ouvrier » , se remémore-t-il. A quoi cette histoire d’amour avec l’écriture pouvait bien tenir, sinon à la générosité d’une mère qui lui offrit très jeune son premier roman, « Croc Blanc » de Jack London, une révélation pour Patrick, sinon à l’opiniâtreté d’un enseignant, René Boisset, qui n’hésitait pas « à nous pousser dans nos retranchements » , se souvient Patrick ? A la manière de Robin Williams dans « le Cercle des poètes disparus », l’homme bouscule les convenances et mène ses ouailles vers l’excellence. Patrick saura se souvenir de cet enseignement à nul autre pareil.

Surprendre, toujours

Le voici désormais lancé vers de nouvelles rencontres avec son public, lui qui avait subi de plein fouet confinements et annulation d’événements, l’an dernier. On le retrouvera ainsi à Livres en fête, à Brison, événement littéraire dont il fut l’un des initiateurs*. Et s’il vient à l’idée de certains de réclamer plus d’aventures d’Arnaud Chambraz, ils en seront pour leurs frais, il ne replongera pas. « J’ai lu tout San Antonio, j’adorais, mais à un moment, l’éditeur réclamait toujours plus et Dard pouvait écrire jusqu’à trois ou quatre romans par an ! On sentait alors qu’il forçait, il en faisait trop. Mon personnage est un ancien agent secret qui veut fuir son passé ; écrire un troisième volet dans lequel il cherche toujours à le fuir, ça me semble difficile ». Prolifique et surtout éclectique, Patrick Liaudet trouvera matière à rebondir, lui qui est autant capable de romancer l’histoire du magnifique Jean de Speroni, le fameux faussaire aixois, que de s’approprier le crash de cet avion de la Luftwaffe dans les tréfonds du lac du Bourget. Embrasser l’inattendu et surprendre ses suiveurs, c’est tout l’art Liaudet…
« Ne réveillez pas le loup qui dort », la Fontaine de Siloë. 248 pages, 19,90 euros.
* Livres en fête, du 5 au 7 novembre, salle Despine. 27 auteurs présents dont Jean Bertolino, parrain du salon, Stephen Clarke, auteur anglais de « God save la France », de Franck Piccard, de Jean-Claude Maritaud et de bien d’autres encore.
Patrick Liaudet sera en dédicace à la librairie Garin, à Chambéry, le 23 octobre, au salon du livre de Brison-Saint-Innocent, le 7 novembre, à la librairie Chemin-Faisant, à Aix-les-Bains, le 19 novembre, à Carrefour Grésy, le 20 novembre, à Livres en Marches, le 27 novembre, à l’espace Leclerc de Drumettaz-Clarafond, le 4 décembre, au marché de Noël de Yenne le 5 décembre et à la bibliothèque des Deux-Mondes, à La Motte-Servolex, le 12 décembre.

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