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Chambéry : au Mouvement citoyen, l’action après l’introspection

Par Laura Campisano • Publié le 18/10/21

L’alliance du second tour des municipales 2020 entre Thierry Repentin et la liste portée par le Mouvement citoyen n’avait pas manqué de faire parler, tantôt de réjouir et d’autres fois d’inquiéter. Pour autant, 14 mois se sont écoulés et derrière le brouhaha de l’actualité, de la vie quotidienne, de la période Covid, l’attelage est toujours en place à la mairie de Chambéry. Samedi 16 octobre, militants et élus se sont retrouvés pour dresser une forme de bilan d’étape : ce qui a marché, ce qu’il reste à accomplir, et ce qu’il faut améliorer…

Une matinée chargée et studieuse à Chambéry, samedi 16 octobre, alors que plusieurs événements avaient lieu concomitamment en plusieurs points de la cité des Ducs. Pour autant, cinq élus non estampillés « Mouvement citoyen » étaient présents autour de la table avec leurs collègues et les militants du mouvement. Enfin, ils se retrouvaient en chair et en os, et enfin, ils pouvaient ensemble faire le point. Du travail, de la bienveillance aussi, même si les critiques – constructives – n’ont pas manqué d’être remontées, et surtout, l’envie réaffirmée de poursuivre ensemble, quoi qu’on en dise.

Quatorze mois de gouvernance comme un « passage initiatique » pour de nombreux nouveaux élus

On ne trahira pas leur sentiment en disant que les 14 premiers mois en poste, dans leurs nouveaux habits d’élus, n’ont pas été de tout repos pour ceux qui du jour au lendemain – et bien que prévenus – sont passés de citoyens à conseillers municipaux ou adjoints. C’est une des remarques qui a été semble-t-il la plus marquante, au cours de cette matinée de travail. « Ça n’a pas été simple, cette première année, sur fond de Covid, non seulement l’exercice de la politique, mais aussi le travail avec les services : il y a près de 1 500 agents à Chambéry », relate une militante, « mais finalement, il y a eu des avancées », rebondit Gérard Blanc, « et l’exercice du jour est de voir comment il est possible de conjuguer les ambitions de campagne avec la réalité de terrain. » Sur les murs, de grandes affiches reprenant point par point le programme du 2e tour, afin de voir ce qui a pu être fait, ce qui est en cours et ce qui a été, par la force des choses, abandonné. Une matinée qui devait également servir à expliquer « le travail de l’ombre » celui sur lequel les élus ne communiquent pas. Et justement, c’est bien ce qui leur était reproché : « Les élus ne doivent pas donner l’impression de rester dans un château protégé en attente des élections », fait remonter cette militante au moment de la mise en commun des travaux par table, « le Mouvement citoyen doit continuer à vivre, pour poursuivre la progression des idées, le lien social, et pour cela il faut plus de transparence de la part des élus. »

Communiquer davantage, entre élus et citoyens : cap ?

La communication, point faible de cette majorité ? Une raison à cela : « Le sens de la communication est d’asseoir l’adhésion et le soutien des usagers du territoire », tempère Jimmy Baabaa, adjoint au développement durable, non-issu du mouvement citoyen, « il y a bien sûr un enjeu d’exemplarité de la ville, qui doit montrer qu’elle agit. On ne peut pas communiquer tous les jours, les enjeux de transition écologiques prennent du temps. Mais il y a une certaine forme de bienveillance de la part des militants du Mouvement citoyen, ils comprennent que la ville ne peut pas tout faire mais que la ville peut quand même agir. Sur certains sujets, les citoyens peuvent avoir l’impression que l’on n’avance pas assez, comme sur la réduction des déchets, ou sur la pollution lumineuse, par exemple. »
A l’instar de ses collègues issus de la liste de Thierry Repentin, Jimmy Baabaa assure être « venu de [son] plein gré, pour expliquer ce que l’on fait, cela permet aussi de revoir des connaissances, ce que le rythme de la campagne n’a pas forcément permis. Cela permet également d’entendre, de se nourrir des débats proposés et d’expliquer les difficultés que l’on rencontre dans l’exercice de nos fonctions. Nous sommes aussi des humains », sourit-il, « conscients de la responsabilité lourde que les citoyens nous ont confiée, celle de faire prendre à la ville le bon tournant, de mettre en place les transformations qu’il faut. Ce qui nous a également fait défaut, c’est l’absence pendant toute la période de crise sanitaire de relais d’opinion, pour sentir l’avis de la population. » Son souhait a été entendu, puisque les conseils de quartier reprennent lundi 18 octobre, après une bonne année d’interruption. Toutefois, déjà au cours de la matinée du 16 octobre, les remontées des différents ateliers ont été constructives, pour poursuivre l’action commune de la majorité plurielle.

« Le stade, l’événement qui a marqué les esprits durablement »

Le retour sur expérience, c’était un engagement du Mouvement citoyen, et Aurélie Le Meur n’aurait pu en faire l’économie. La première adjointe, cheffe de file du mouvement aux élections municipales, affichait un sourire qui n’était pas juste de circonstance. Au travail, avec chacun de ses camarades, Aurélie Le Meur se montrait fière de « l’innovation de la méthode de travail mise en place progressivement tout au long de l’année. Après ces 14 mois de travail ensemble, cela se stabilise. Le pacte de gouvernance, ciment de notre équipe municipale, a vécu deux sujets énormes, qu’étaient Ravet et le Stade. Mais c’est encadré, nous avons assumé nos désaccords », résume-t-elle. D’ailleurs, le débat sur le stade, initié par le Mouvement citoyen, qui avait donné lieu à un vote à bulletin secret au conseil municipal, où chacun a pu exprimer sa voix, a « été vécu comme un événement qui a marqué les esprits durablement, au sein du mouvement, comme nous l’a expliqué Gérard Blanc, ainsi que d’autres militants. Une preuve d’ouverture pour le Mouvement, de la part de Thierry Repentin, aguerri de politique contrairement aux élus issus du MC, qui eux n’avaient jamais exercé de responsabilités. Un maire présent, par ailleurs, au moment de la restitution des ateliers, attentif, prenant des notes, réagissant parfois sous cape, à ce qui était remonté par les militants. Tout comme un bon nombre de ses adjoints, dont Gaëtan Pauchet, Claire Plateaux, Claudine Bonilla ou encore Marielle Thievenaz.  » Il était évident pour nous d’inviter tous les élus à participer à cette assemblée du Mouvement citoyen, explique Aurélie Le Meur, tout comme il était évident pour les élus d’en être.

Des couacs aussi, mais un mouvement toujours actif

Bien sûr, il y a eu aussi des remous, des déçus « de l’apprentissage de la vie d’élu » et dont le souhait « de rester en phase avec les idées et les valeurs du mouvement qui les avaient portés en responsabilité » n’avait pas été exaucé, durant ces 14 mois de mandat. Bien sûr, les attentes importantes sur Ravet pour une « modification succincte ont pu créer une certaine déception », comme l’exposait Gérard Blanc, qui animait la journée et en était maître du temps, Bien sûr, quand cette équipe municipale est arrivée « il y avait un existant lourd, notamment en matière d’habitat, où sur Vétrotex et Cassine, par exemple, nous avons réalisé qu’il n’y avait pas de logement social de prévu, et il a fallu exercer un rétropédalage, avec toutes les conséquences que cela implique », comme le faisaient remarquer le rapporteur de cet atelier. En effet, « il y a un décalage entre le temps des élus et le temps des citoyens. » mais cela n’a pas entamé l’envie du Mouvement citoyen de continuer le travail amorcé. Avec les Etats généraux de la démocratie locale dévoilés le 4 décembre prochain, la rénovation des instances en cours au sein de l’hôtel de ville, les conseils de quartiers rénovés qui redémarrent, on sentait moins de lassitude que d’envie, comme si le plus « dur » était désormais derrière eux. Même si le plus vif les attend, tous élus confondus : se confronter -enfin- aux habitants  « On a hâte ! » se réjouissait Aurélie Le Meur. Il y a fort à parier, qu’eux aussi.

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1 commentaire

gerard Blanc

18/10/2021 à 23:09

Article honnête, assez complet, qui soulève des questions politiques de fond et ouvre des débats, sans complaisance ni simplisme. Cela honore ce journalisme local. Ça mérite d'être souligné, à la veille d'une campagne présidentielle qui s'annonce détestable et violente du fait aussi des pratiques et luttes d'influence de certains médias nationaux.

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