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« Crétins des Alpes », la comédie dont les Savoyards raffolent

Par Laura Campisano • Publié le 09/10/21

Il fallait oser appeler une comédie savoyarde « Crétins des Alpes » et la jouer à Challes-les-Eaux, en Savoie : c’est fait et force est de constater que la toute jeune Comédie des Alpes de Thomas Caruso a su convaincre son public : complet le soir de la première, complet à trois jours de la deuxième représentation et déjà des réservations sur les dates de novembre et décembre… A croire que la Savoie a trouvé la comédie qui lui manquait.


L’accent savoyard, les Bauges, le génépi, quelques clichés, des vannes bien senties et les punchlines qu’on se ressort à la sortie du spectacle : il y en aurait des choses à dire mais surtout, les rires du public, qui attestent, si nécessaire, que le pari de Thomas Caruso est réussi. Ce spectacle qu’il a écrit, mis en scène et qu’il aura finalement également joué sur deux représentations, prouve que les Savoyards avaient vraiment besoin d’une comédie qui les fasse se moquer d’eux-mêmes, des autres, tout en étant fiers d’être ce qu’ils sont, tout sauf des monchus, vindieu !

Thomas Caruso sur scèneCrédit photo : Nadine Court Photographie

Vous avez joué à guichet complet le soir de la première, le 10 septembre dernier, la date du 9 octobre affiche déjà complet à quelques jours de la représentation, le spectacle est plébiscité, comment vous sentez-vous ?

« Je suis content ! C’est extrêmement agréable de voir que ce spectacle parle aux gens et qu’ils ont autant plaisir à le voir que nous à le jouer. Et on est d’autant plus heureux que depuis le début du projet de la compagnie, on sent bien le fond de notre démarche. C’est vraiment une pièce avec beaucoup d’amour, beaucoup de tendresse pour notre territoire, pour les gens, et une envie profonde de rigoler, de se détendre ensemble et de passer un bon moment. Ça se ressent je crois, enfin c’est ce qu’on m’a beaucoup dit. Ça veut dire qu’on est dans le vrai, et ça nous encourage à continuer.

Tant et si bien qu’après avoir écrit et mis en scène le spectacle, vous vous êtes finalement glissé dans la peau d’un de vos personnages pour quelques représentations, ce qui n’était pas prévu au départ*…

En effet, le comédien qui devait jouer ce rôle nous a finalement fait faux bond au dernier moment, alors il a fallu que je reprenne le rôle dans l’urgence. Mais je dois avouer que cela m’a dynamisé, motivé. J’ai joué la vraie première et je serai sur scène le 9 octobre, mais à partir de novembre, c’est Nicolas Truffet qui va prendre le rôle. Il est hyper bon, il fait des propositions différentes des miennes, qui en ai fait un rôle doux, avec un fond de sympathie et de tendresse. Lui est beaucoup plus franc du collier, le joue beaucoup plus « savoyard bourrin », qui n’est pas là pour être copain quoi. C’est intéressant, le spectacle évolue. Quant à moi, je suis très content de reprendre le rôle que je souhaitais avoir, un rôle extérieur.

Quel est l’ingrédient qui séduit autant le plus le public, selon vous ?

Le rythme de la pièce qui est très soutenu, les punchlines et les mots en patois savoyard, dont on donne les codes pour que tout le monde comprenne bien, même si à certains moments, ce n’est pas nécessaire. La pièce, c’est comme un tunnel qui dure 1h30, on sait quand on commence que c’est parti jusqu’au bout à fond. C’est ce qui plaît, on s’en rend vachement compte quand on arrive à remplir la salle à J-4 de la 2e représentation.

Justement, comment on se sent quand à deux reprises, 300 personnes sont au rendez-vous de sa propre création et semblent en redemander ?

C’est une victoire de fou ! Parce que s’il y avait des affiches sur la première, on savait aussi qu’il y aurait pas mal d’amis et de famille dans la salle, ce qui fait plaisir évidemment. Mais là, la deuxième : on ne connaît personne et on n’a même pas eu le temps de faire d’affiches (rires) ! Ça veut dire que le bouche-à-oreille fonctionne super bien. En Savoie, les gens sont hyper entiers, s’ils aiment quelque chose, ça se sait très vite. Là, le spectacle est porté par les gens, la vie du spectacle dépend des gens.

Quand on voit les chiffres de fréquentation, on se dit que vous n’êtes pas prêts de vous arrêter, vous avez déjà prévu une tournée ?

En effet, maintenant qu’on est lancé, on est prêt à jouer partout en Savoie ! En station, dans les communes, via les comités d’entreprise aussi. A partir du moment où les gens en entendent parler et sont intéressés, on est prêt. Et même à Challes, il est fort possible qu’on rallonge des dates de représentation. Imaginez qu’il y a déjà des réservations pour novembre, décembre ! C’est dans cinq semaines ! C’est incroyable ! On prend tout cela comme un cadeau.

Une ascension assez…ubuesque Crédit photo Nadine Court Photographie

N’est-ce pas surtout le signe que les gens avaient besoin de rire, de revenir au spectacle ? Comment ça se passe côté scène, de jouer sans voir les réactions du public, après tant de temps sans monter sur les planches ?

Pas besoin de voir pour sentir l’énergie du public. On a tellement souffert de ne pouvoir jouer, là on est super heureux, en plus de jouer à pleine jauge, on peut tout faire, même s’il y a des masques. On entend, on ressent l’énergie. Quand j’ai pris la parole à la fin de la première, et que j’ai expliqué le projet de création d’un lieu, à Chambéry, pour monter un café théâtre, j’ai ressenti dans les réactions des gens que « ce serait génial ! » C’est encourageant, on sent que c’est important que ce spectacle existe, que ce projet existe dans notre département. De toute évidence les gens ont envie de se marrer, de passer des soirées divertissantes, ailleurs qu’au théâtre au sens plus classique qui existe ici depuis toujours. Il y a toujours ici une très belle programmation culturelle, mais c’est davantage du vrai théâtre conventionnel. Le côté théâtre comique, théâtre de boulevard je n’en ai jamais trop vu par chez nous, le fait qu’il y ait autant de gens aux deux premières représentations, c’est encourageant, pour poursuivre dans cette lancée.

Les élus sur le terrain, ont l’air plutôt enthousiastes, à cette proposition qui semble en bonne voie…

En effet, le projet avance très bien, les politiques sont très sympas avec nous sur cet aspect-là. Ils ont conscience que ce serait utile pour tout le monde que ce lieu existe, c’est vachement bien. Après pour le moment il n’y a pas d’aide concrète, mais par contre, ils sont avec nous, ils cherchent avec nous et c’est super. Si en plus de cela, des mécènes se présentaient à nous, ce serait vraiment chouette.

Sur scène, comme dans le public, on sent une forme de complicité autour de ce spectacle, est-ce que vous la ressentez, vous aussi ?

Oui, c’est qui nous réunit déjà dans l’équipe, le fait d’avoir dû y aller sans le troisième comédien, ça nous a soudés, déjà. On était en galère, mais on y est allé, ce qui fait qu’il y a une très grande complicité dans notre équipe. Et aussi, pour le public, qui se rend compte que nous avons tous la même histoire finalement, quand il assiste aux scènes que l’on joue. C’est ce que j’aime dans l’art, il a cette force unique de nous unir, de nous rendre vivants «.
A la création de la compagnie théâtrale, nous avions annoncé les différents rôles retenus après un casting très précis de Thomas Caruso… qui a finalement repris un des rôles.

Le blues des moniteurs de ski… une création inéditeCrédit Photo Nadine Court Photographie

« Crétins des Alpes » une pièce originale de La comédie des Alpes. A l’Espace Bellevarde de Challes-les-Eaux. Réservations conseillées au 07 66 73 12 68. Plus d’informations : La Comédie des Alpes – Compagnie théâtrale savoyarde (lacomediedesalpes.com) Tarif plein : 12 euros, tarif réduit : 8 euros.

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