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Savoie : la majorité présidentielle mise sur le rassemblement, le débat et les idées pour lancer 2022

Par Jérôme Bois • Publié le 08/10/21

Ils étaient 120, au Hub des Alpes, restaurant l’Altitude, pour écouter les différentes voix de la majorité présidentielle présentes, jeudi 7 octobre, en soirée. Ces cinq voix – Patrick Mignola, Christophe Pierreton, Christian Saint-André, Marina Ferrari et l’invitée d’honneur, Prisca Thévenot, porte-parole d’En Marche – devaient rapprocher les militants, sympathisants et élus locaux vers un objectif commun, la création d’une « maison commune » entre les composantes de cette majorité. A une période charnière de l’histoire politique de notre pays, où les partis n’ont plus la cote, ce sont les idées qui devront primer.

Toute proportion gardée, il convient de rapprocher cette soirée challesienne du campus des territoires qui s’est tenu en Avignon, le weekend dernier.  Pas tant pour le nombre de personnes présentes – ils étaient 4 500 dans le Vaucluse – mais pour l’idée force à propager. Ce campus des territoires s’inscrivait dans une ambition claire, dévoilée à quelque sept mois de l’élection présidentielle, « lancer le bal » , selon l’expression de Marina Ferrari, présidente du MoDem Savoie.

Christian Saint-André, Christophe Pierreton, Prisca Thévenot, Marina Ferrari et Patrick Mignola.

« Nous avons posé les fondations d’une maison commune, même si je n’aime pas le terme, pour préparer l’échéance présidentielle mais aussi unifier nos forces. Nous réfléchissons à l’élaboration d’un courant central afin de poser les bases de l’avenir ». Nous ? Le MoDem, certes, mais aussi En Marche, Territoires de progrès, les Jeunes avec Macron, les Jeunes démocrates et Agir, un spectre allant du centre gauche au centre droit.

« Notre leader, nous l’avons déjà »

Christian Saint-André, référent En Marche en Savoie, se disait très honoré d’avoir rassemblé autant de monde autour de ce projet commun et ce, en dépit « des cicatrices laissées par les dernières échéances électorales ». Cette émulation a conduit à voir 120 personnes, environ, se mobiliser, jeudi 7 octobre, autour des grands responsables locaux, exception faite de Bruno Bonnell, député du Rhône et candidat malheureux à la présidence de la région. Tous se réjouissaient d’être « les seuls à mobiliser autant » tandis que les adversaires politiques « éclatent ». Dernier arrivé au sein de cette maisonnée, Christophe Pierreton, maire de Barby et nouvellement désigné délégué départemental de Territoires de progrès, dont la trésorière n’est autre que Bernadette Laclais, se félicitait de « lancer un important mouvement de fond. Les gens veulent des projets, des idées » , ce qui tombe assez bien puisqu’avec la décrépitude bien amorcée des partis politiques, il n’en faudra pas moins pour remobiliser une population désenchantée qui a massivement déserté les urnes. « Enfin, nous repartons en campagne, sur le terrain, avec le même esprit qu’en 2016/2017, à savoir sans être dans les ordres établis. Nous ne sommes pas comme les autres » , assénait Prisca Thévenot, porte-parole d’En Marche et invitée d’honneur de cette rentrée challesienne. « Notre leader, on l’a, il est clairement identifié ». Toujours pas déclaré mais un président en exercice est-il seulement pressé de le faire ? Unis, soudés autour d’un homme, le président Macron, et désormais rassemblés « pour faire quelque chose collectivement, pour parler aux Français. Nous sommes la seule force sur le terrain » , soulignait-elle. « 90% des promesses de campagne de 2017 ont été ou sont en cours de réalisation ». Elle n’oubliera pas, entre deux saillies à l’encontre des adversaires, de prôner « le devoir d’humilité ». « Nous croyons en quelque chose » , poursuivait Patrick Mignola, député et président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale. Il insistait sur « deux éléments positifs » dont les Français doivent prendre conscience, « le niveau de croissance inespéré (7%), un chiffre presque logique compte tenu de la chute observée avec la crise, et le niveau de chômage revenu au niveau observé avant cette crise ». Quoi de plus beau que de tordre le cou aux pessimistes et aux esprits chagrins qui tapent fort sur le gouvernement et le président ?

Les partis ? « Des étoiles qui ne brillent plus »

Le parti présidentiel a été plus que contesté, depuis 2017 : des gilets jaunes aux manifestants anti pass sanitaire, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Lors des municipales 2020, la République en Marche avait perdu les deux villes de plus de 100 000 habitants qu’elle possédait (Besançon et Lyon, où Gérard Collomb ne se représentait pas). Dans les communes de plus de 1 000 habitants, son score était édifiant : 624 sièges au total, une misère. Faillite confirmée lors des départementales 2021 – où seules l’Eure et la Seine Maritime ont été acquis – et lors des régionales (7 sièges). Bref, il fallait tirer un trait sur ces « cicatrices » , celles-là mêmes qui on eu le don de masquer le travail accompli. « Nos militants et élus en ont pris plein la gueule » , avançait Patrick Mignola, « ça a été très dur pour eux de perdre les élections intermédiaires. Notre message de ce soir, nous devons nous remettre en marche, revoir les gens sans nourrir le conflit ni opposer les gens. Laissons les autres parler d’eux-mêmes ».

Prisca Thévenot, porte-parole d’En Marche.

Cette maison commune ne sera pas pour autant un parti commun, « le but n’est pas de gommer nos différences mais de créer une structure commune avec des chemins différents. Je crois davantage aux convergences de pensée qu’aux partis politiques, qui ne sont plus que des structures mortes, des étoiles qui ne brillent plus. Je crois aux associations de personnes engagées » , entre gens « qui se font confiance ». Toutes les bonnes volontés, de gauche comme de droite, sont les bienvenues au sein de ce nouvel attelage. Outre les sujets classiques tels que la santé, la sécurité, l’emploi, la majorité souhaitera cibler la jeunesse en particulier, celle qui s’intéresse à la politique, aux idées, aux projets, « celle qui s’inquiète de la dette » , pour faire que « nos enfants aient un avenir meilleur que le nôtre » , insiste le député savoyard. Et promis, elle ne présentera qu’un candidat unique aux prochaines législatives en Savoie. D’ici à cette échéance, on saura si cette alliance de bonne foi sera aussi solide que les promesses de chacun de ses membres.Est-ce que les egos parviendront à s’effacer au profit du collectif ? Est-ce qu’à sept mois de la présidentielle, le train pourra effectivement se remettre en marche ? Comment va se concrétiser cette union des forces centristes en termes de propositions ? On se revoit en avril…

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