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Savoie : l’association « les Jeunes de la majorité présidentielle », créée pour réactiver l’envie de s’engager
Par Jérôme Bois • Publié le 29/10/21
La jeunesse de France est-elle prompte à l’engagement ? Est-elle prête à prendre son destin à bras le corps ? Peut-il y avoir un effet durable aux initiatives de cette jeunesse, nées de la crise sanitaire ? C’est à ces interrogations que les jeunes de la majorité présidentielle Savoie veulent répondre, association dont le lancement officiel se fera le 4 novembre à Cognin. Politisée par la force des choses, elle veut avant tout faire émerger, chez celles et ceux qui adhéreront, la notion d’engagement.
Il y a bien, à travers cette initiative, un bilan à défendre, celui d’Emmanuel Macron, ce « président des jeunes » , celui grâce à qui « la représentation de la jeunesse a été la meilleure » , se réjouissent ses créateurs. Les membres de la majorité présidentielle se targuent de mutuelles pour les étudiants, de pass culture, de « tout ce qui a été fait pour les jeunes pendant le Covid » , rapportait François Patriat, président du groupe LREM au Sénat, ou encore de l’initiative « un jeune – une solution » imaginée par Sarah El Haïry… Ce bilan-là, tous souhaitent le défendre ardemment et ce pour « cinq ans de plus », peut-on lire sur les affiches de campagnes. « En 2017, c’était déjà les Jeunes avec Macron qui avaient apporté leur soutien quatre ou cinq mois avant » , insistait le sénateur, en septembre dernier. C’est donc cette jeunesse qui pourrait faire basculer le scrutin présidentiel en avril prochain et les Savoyards se sont déjà mis en marche pour ne pas louper le train de 2022.
Les jeunes et la politique, le point de rupture
La mobilisation jeune sera-t-elle seulement palpable ? C’est à souhaiter pour le président de la République (toujours pas candidat) et pour les autres engagés car un chiffre interpelle ; il date de 2017 et il est effrayant sur l’état de délabrement électoral du pays : sur les quatre échéances électorales de 2017, moins d’un jeune de moins de 29 ans sur cinq a voté, selon une enquête réalisée par l’Insee. « Aux Régionales et Départementales, on a relevé 82% d’abstention chez les 18-25 ans » , soupire Victor Worms, président des Jeunes Démocrates de Savoie. Cette rupture avec la politique ne se vérifie pas pour autant sur les volets associatifs ou syndicaux. « Les jeunes en ont simplement marre des structures et des mouvements, ils veulent s’engager pour des combats plus que pour des personnes et des partis ». Une assertion qui fait écho à l’un des messages martelé lors de la rentrée de la majorité présidentielle à Challes-les-Eaux, le 7 octobre dernier, à savoir que les partis politiques n’étaient plus que « des étoiles qui ne brillent plus » , selon la poétique formule de Patrick Mignola. La maison commune, née du rassemblement d’Avignon quelques jours auparavant, symbolisait déjà « cette majorité de projets ». Les jeunes ne pouvaient donc pas être en reste.De ces constats est née l’association loi 1901 des « Jeunes de la majorité présidentielle » parce que la Savoie ne voulait pas s’en tenir au strict bilan de la « Macronie » envers cette jeunesse qui, rarement, aura été autant mise à mal ces derniers mois tandis que l’épisode Covid s’étire. « Ça n’existait pas avant, ni en Savoie ni en France » , avance, non sans fierté, Victor Worms, « nous rassemblons les Jeunes avec Macron, les Jeunes Démocrates, Agir, Territoires de progrès et tous ceux qui ne souhaitent pas s’encarter ». Pour réactiver la notion d’engagement, érigent-ils en valeur cardinale. Le 4 novembre, au château de Forezan, sa création sera officialisée au milieu des militants et sympathisants. Et comme pour marquer le coup, Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat en charge de la jeunesse et de l’engagement, sera de la partie. Un sacré coup de pub…
Diagnostic, rédaction, remontée
Clément Coral, référent des Jeunes avec Macron en Savoie, coprésident des jeunes de la majorité présidentielle, a l’expérience des quartiers. Candidat sur les Hauts de Chambéry lors des récentes Départementales, il avait pu effectuer son propre état des lieux sur la vigueur de cette jeunesse. « Je me souviens que leur première préoccupation était l’emploi et venait ensuite le besoin de ne plus être stigmatisés ». Leur méconnaissance des dispositifs d’aide est aussi réelle. « Mais surtout, ils étaient demandeurs pour représenter les associations ». Les confinements avaient été l’occasion de constater les diverses et nombreuses prises d’initiatives, en matière de solidarité notamment.Ensemble, les coprésidents des JMP useront des bonnes vieilles méthodes pour tenter de satelliser cette jeunesse autour de leur structure: « Nous irons voir ces jeunes dans les lycées, si les proviseurs nous l’autorisent, dans les associations, les missions locales, pour les entendre, dresser un bilan à partir de leurs remarques et de leurs souhaits. Ce bilan, nous le ferons remonter au plus au niveau de l’Etat ». « Nous organiserons un grand débat sur les Hauts, nous serons sur toutes les circonscriptions, dans tous les quartiers » , là où l’on dénombre le plus d' «invisibles ». Puis, des groupes de travail seront créés en vue de rédiger un recueil qui remontera jusqu’aux ministères de l’Education nationale et de la Jeunesse et de l’engagement. « Il n’y a jamais eu de consultation des jeunes » , rappelle Victor Worms, « il nous faudra donc aller les chercher et ne pas attendre qu’ils viennent à nous ». Forcément, la colorisation politique de l’association interpelle, au moment d’évoquer un rassemblement d’idées et de volontés d’engagement, « mais les problématiques de la jeunesse n’ont pas de couleurs » , tranche Victor Worms, « nous voulons faire le contraire de la verticalité inhérente à la vie politique. Je ne pense pas que l’on soit freinés par les idéologies politiques ».Mais n’est-il pas un peu tard d’effectuer un tel rassemblement dans la perspective de la Présidentielle où la question des jeunes est pour le moment restée sous silence ? « Il faut que la jeunesse soit rapidement associée à cette campagne, notamment à travers des sujets transversaux qu’elle porte en elle, comme l’insertion ou le dérèglement climatique. Les jeunes sont des accélérateurs en politique » , avance Victor Worms. « Notre association veut faire en sorte que leurs voix soient prises en compte dans ce qui fait la société ». Le diagnostic devra donc être établi d’ici début 2022 pour aussitôt commencer le travail de rédaction. Entre temps, la communication devra être « la plus large possible » , via les réseaux sociaux, bien sûr, mais surtout en direct. « Je crois davantage au contact physique » , avance Clément Coral. Pour que jeunesse se fasse…
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