A Chambéry, le réseau de chaleur le plus vertueux de France

Étonnamment, ses vertus avaient été tues jusqu’ici et c’est pourquoi la SCDC, délégataire en charge du développement, de l’entretien, de l’exploitation et de la modernisation du réseau de chaleur*, avait choisi de rassembler élus, chambres consulaires, acteurs de l’économie chambérienne et clubs sportifs dont elle est l’un des partenaires, pour présenter la transformation du réseau de Chambéry ainsi que l’unité de valorisation énergétique et de traitement des déchets, nouvelle étape de sa restructuration. Il était juste de revenir vers ce chantier de rénovation de très grande envergure à l’occasion d’une soirée festive dans le club house du SOC rugby, stade Mager, club dont SCDC est partenaire.

Un réseau « exemplaire »

L’honneur revint à Albert Perez, directeur du territoire Sud et mobilités d’Engie Solutions, de présenter « un réseau exemplaire en matière de transition énergétique » , après deux années de travaux visant à optimiser la fourniture de chaleur. De fin 2019 et aujourd’hui, 6,2 millions d’euros ont été investis pour un total de 16 millions sur la période 2019 – 2024. Cinquième réseau de chaleur de France par sa taille, soit 55 kilomètres de réseau, le réseau chambérien alimente 27 500 logements et épargne à l’atmosphère la bagatelle de 56 400 tonnes de CO2 rejetées dans l’air chaque année. L’aspect rénovation, s’il s’entend aisément, ne peut être dissocié de la numérisation de tout un système, qui figure comme un élément essentiel en vue de détecter les éventuelles fuites et anticiper toute conséquence. On a déjà noté une diminution de 35 % du taux de fuite entre 2019 et 2020. « Le réseau de chaleur de Chambéry est précurseur des transformations apportées par le numérique à la fourniture de chaleur au cœur des territoires ». Pour parvenir à de tels résultats, 200 sondes ont été disséminées par la SCDC et dans 50 sous-stations, des capteurs permettent désormais de piloter à distance la fourniture de chaleur au pied des bâtiments. « Nous avons tenté d’appuyer sur tous les leviers de l’innovation » , concédait le directeur territorial. Ce n’est donc sans doute pas fini.

De la chaleur à prix stabilisé

Effectivement, ce n’était pas tout, car avec l’unité de valorisation énergétique et de traitement des déchets (UVETD), gérée par Savoie Déchets et raccordée au réseau, la quantité d’énergie renouvelable et de récupération s’en trouvera accrue. Un partenariat avec Savoie Déchets avait été conclu l’été dernier, de la chaleur sera donc produite à partir de l’incinération des déchets du territoire, faisant du réseau chambérien « le plus vertueux de France » , selon Albert Perez. Cette UVETD coûtera quelque 11,5 millions d’euros, financés par le gestionnaire, donc, mais aussi l’Ademe et Engie Solutions, les travaux débuteront début 2022, maintenant que la phase d’études est achevée. Fin d’année prochaine, le taux d’énergies renouvelables dans la production d’énergie globale s’élèvera donc à 80% contre 67% à l’heure actuelle, ce qui est significatif.

« Depuis plus de 70 ans cette société existe à Chambéry, c’est une activité qu’on ne voit pas beaucoup sauf lorsque vous ouvrez les entrailles des rues » , souriait Thierry Repentin. Il est vrai que la société a été créée en 1949, bien qu’elle ne soit exploitante du réseau local « que » depuis 1987. « Au moment où les prix du gaz, de l’électricité, du pétrole atteignent un niveau inquiétant » , ce signal est fort. « Grâce à cet investissement, Chambéry s’engage très concrètement dans la production d’énergies renouvelables et de récupération sur le territoire. Cela nous permet de proposer aux Chambériens une énergie de chauffage à un prix stable et abordable » , une donnée que soulignait également Estelle Ezzedine, directrice générale de SCDC. « A Chambéry, le réseau garantit une chaleur à prix stabilisé, décorrélé et indépendant des fluctuations des prix des énergies fossiles » , les habitants ne pourront que s’en réjouir. « On se doit d’être exemplaire, ce projet de chaleur fatale doit être partagé par l’énergie que nous produirons. Elle sera faite à partir de ce que nous jetons et on abaisse la part d’énergie fossile » , insistait le maire. Le futur écoquartier de Vétrotex devrait être raccordé à ce réseau, peut-être même Cassine. Le prochain défi pour la ville consistera à « améliorer l’efficacité thermique des bâtiments » , concluait Thierry Repentin. Au passage, la SCDC a profité de cette présentation en grande pompe pour dévoiler son nouveau logo, un logo vert, figurant une flamme, les montagnes ainsi que l’étoile tirée du blason de la ville. Alors que se tient à Glasgow la COP 26, avec des résultats jugés décevants, quelques semaines après la remise du fameux rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) qui démontrait par l’exemple à quel point le réchauffement climatique était une réalité plus qu’objective, quasi inéluctable, ce modèle de production de chaleur arrive à point pour prouver que les solutions en matière énergétique existent.
* Une délégation de service public qui s’achève, selon Thierry Repentin, en 2022, et qui fera donc l’objet d’un appel d’offres.