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Chambéry : issu des Etats généraux de la démocratie locale, le label POP fait son entrée

Par Laura Campisano • Publié le 13/12/21

Sitôt les Etats Généraux de la démocratie locale achevés (EGDL) au cours d’un temps fort du 4 décembre dernier, la municipalité annonçait la création du label POP, décerné aux projets participatifs issus de cette démarche d’envergure laquelle aura duré près d’un an. Voici donc les « projets ouverts au public » (POP) dont l’objectif est de concrétiser le travail effectué entre la ville et les habitants, de respecter les cinq engagements pris le 4 décembre et bien sûr, de mettre en avant la participation des citoyens dans la vie de leur cité. 

Les POP sont opérationnels : ils concernent tous les domaines, citoyenneté, l’environnement et la transition écologique, la culture… L’idée directrice de cette municipalité étant la co-construction, les « projets ouverts au public » en sont une illustration assez intéressante : permettre aux habitants de s’engager, en rencontrant les agents municipaux de tel ou tel secteur, pour mieux comprendre comment fonctionne leur ville, à la vie de laquelle ils participent. Point central des préoccupations des citoyens à l’heure actuelle, accentué par les confinements qui ont démontré que la nature était essentielle, la végétalisation et la transition énergétique, sujets qui font partie des projets ouverts au public.

Un label riche d’engagements

On le sait, les labels ne sont pas coercitifs, ils n’offrent pas de récompense mais ils permettent de certifier la composition d’un produit, son origine, sa qualité et bien sûr sa conformité aux engagements pris en la matière. C’en est ainsi du label « bio », ou cruelty free par exemple, qui renseignent immédiatement le consommateur sur le procédé de fabrication ou de culture, et l’absence de pesticides ou d’essais cliniques sur les animaux. De la même manière, le label « POP » permet d’attester que les engagements pris durant les états généraux de la démocratie sont respectés, tout comme les attendus des différentes parties y ayant participé. « Ce label donne également du sens au projet, c’est un outil de valorisation », complétait Jimmy Bâabâa, adjoint à la transition énergétique de la ville de Chambéry, « il y a une réelle dimension de reconnaissance de la participation des citoyens à la vie de la cité, de participation à l’intérêt général. Pour ceux et celles qui s’impliquent dans les projets, le label est un objet de fierté. » En matière d’environnement, d’écologie et de transition énergétique, l’élu a pu constater que nombre de projets ont vu le jour, notamment après la première édition de « la Nature en ville », au cours de laquelle des déambulations dans Chambéry ont permis à un panel d’habitants d’identifier des zones à végétaliser. Une manière d’aller plus loin que les permis de végétaliser mis en place en 2019 « qui n’ont pas atteint leur plein potentiel », regrette Jimmy Bâabâa « seuls vingt projets ont été déposés dans ce cadre et les délais d’instruction des dossiers étaient trop longs, car les services devaient anticiper tout un tas de contraintes administratives. Avec la semaine de la nature en ville, nous avons préciblé les zones et au cours de cinq déambulations dans différents quartiers de la ville, chaque groupe d’une bonne dizaine d’habitants s’est baladé avec une bombe à graines. » Une cartographie participative a ensuite été mise en place pour repérer sur les lieux qu’ils avaient sélectionnés, avant une instruction par les services de la ville à l’automne. En tout, ce sont 97 propositions de lieux étaient « instruisables » et une vingtaine « réellement faisables ». « Cela fait 20 % des propositions retenus : c’est aussi une des vertus de l’exercice, montrer les contraintes que la ville doit gérer en matière de voirie, de domaine public, des Architectes des bâtiments de France », explique l’élu, « cela montre aussi l’envers du décor, il y a une raison pour que cela ne se fasse pas et nous leur expliquons. Cela a bien fonctionné mais il faut reconnaître qu’il y a une marge d’amélioration à apporter, et nous le saurons pour la prochaine édition de l’opération. En effet, si nous avions retranscrit immédiatement sur place les propositions de lieux à végétaliser des gens, au lieu de les inviter à le faire sur la plateforme, il est quasiment certain qu’il y aurait eu beaucoup plus de propositions. La prochaine fois, nous le ferons en direct. »

Un travail de terrain, en commun

La semaine de la nature en ville a donc fonctionné comme un catalyseur, une traduction concrète des envies des habitants, nées de leur prise de conscience de l’importance de la nature, de la verdure, y compris dans les zones urbaines, si ce n’est plus que dans les zones rurales. Jardins partagés et lieux à végétaliser en sont donc une directe mise en œuvre. Une fois les espaces identifiés et préparés à être végétalisés, les habitants peuvent venir s’y atteler. « S’il s’agit de petite végétalisation comme des arbustes ou des pieds de tomates, par exemple, dans ce cas, c’est faisable assez rapidement, sur les parcelles de terre identifiées », reprend l’adjoint, « s’il y a une nécessité de retrait de bitume, de » décroutage «, dans ce cas, la ville se charge de préparer les sols. » Parallèlement, la ville cartographie les îlots de chaleur à traiter pour faire face au réchauffement climatique. « Cette étude servira de support à différents événements, ateliers et débats qui interviendront courant 2022 dans le cadre du projet » Ville perméable « qui vise à activer nos actions en matière de désimperméabilisation des sols », précise Jimmy Bâabâa « nous finalisons également l’atlas de la biodiversité communale, avec des inventaires naturalistes (avec l’aide des citoyens là encore) et des enquêtes de terrain pour mieux cibler les corridors écologiques à préserver ou consolider. »

Atteindre tous les habitants, un challenge

Cette démarche participative n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe : nous l’indiquions précédemment, l’importance que les Français accordent à la végétalisation grandit de mois en mois. « Au-delà de la végétalisation active, il s’agit de protéger le patrimoine, c’est un projet défensif, qui repose forcément sur l’implication des habitants », renchérit l’adjoint, « se retrouver ensemble, avec les agents, sur le terrain, entre habitants, c’est aussi une façon de se réapproprier la ville, le quartier, les enjeux alimentaires également. Et avant toute chose, ça crée du lien. » Ces déambulations, François Van Der Biest y a participé : avec les « incroyables comestibles », il travaille avec toute une équipe de bénévoles à montrer qu’il est possible de cultiver en ville des fruits, des légumes et de consommer autrement. « C’est une manière de reprendre en main l’espace public », abonde-t-il, « de le valoriser, main dans la main. Avec cette participation citoyenne on change d’échelle, cette labellisation encourage ces pratiques et montre que cela est possible. Le seul problème c’est qu’à ces déambulations ou même dans les jardins partagés ou familiaux, nous voyons toujours la même population, il faudrait trouver les moyens de le faire autrement, d’aller vers les habitants. Lors de la déambulation dans les Hauts de Chambéry, il n’y avait pas beaucoup d’habitants du quartier. C’est un gros challenge, il faut simplifier les démarches. » reconnaît-il. Et c’est un des engagements pris à l’issue des EGDL : aller vers ceux que l’on n’entend jamais. Pour cela, les projets « POP » prévoient d’inclure dans tous les domaines, le plus d’habitants possible. Il faut dire que les sujets sont variés : lancement du dispositif « question au conseil municipal », comité d’éthique de la vidéoprotection, semaine de la nature en ville, charte de l’arbre et concertations autour des arbres, conseils de quartiers, déploiement de la plateforme participons.chambery.fr, rencontres de la vie associative autour du partenariat avec la Ville, exploratoire de la culture, projet artistique et culturel du Scarabée, conduite de marches exploratoires dans les quartiers de la ville, lancement du conseil de la laïcité, expérimentations des chantiers participatifs, concertation sur les projets d’aménagements dans la ville, accompagnement à l’animation de la vie sociale, suite de la végétalisation des cours d’école, forum jeunesse, lieux ressources pour l’insertion et projet de reconversion des écuries de Boigne sont au programme. De quoi faire participer du monde, affaire à suivre.

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