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Savoie : pour faire tenir les équipes municipales sur la durée, les élus doivent s’adapter
Par Laura Campisano • Publié le 20/12/21
Élues en mars et juin 2020, dans le contexte que l’on ne rappelle plus, les équipes municipales ont dû faire face, tenir bon et gérer les affaires des communes aussi bien que possible. Seulement, dans les nouvelles équipes principalement, les réalités familiales, professionnelles, humaines ont parfois demandé une réadaptation. C’est le cas à Barberaz et à Bourget-du-Lac, où il est important « de faire tenir l’équipe sur la durée » en trouvant des solutions pour poursuivre une bonne administration des communes.
Parallèlement au départ remarqué de Dominique Fié du conseil municipal d’Aix-les-Bains et à la démission de Marie-Françoise Hérédia avec l’ensemble de son conseil à Rognaix (entraînant l’organisation d’un nouveau scrutin et la réélection de Patrice Burdet), la vie politique en Savoie est assez mouvante en cette fin d’année 2021, avec des départs, des remplacements, des jeux de chaises musicales et les contraintes administratives qui en découlent, notamment concernant la parité. Explications.
Être élu et actif, l’équilibre difficile
Il ne s’agit nullement de « rififi » comme on a pu en voir dans certaines communes avant le renouvellement des équipes en 2020. A Barberaz et Bourget-du-Lac, les départs ont été concertés avec les maires respectifs et ont pour origine les fonctions professionnelles. En effet, la plupart des élus sont actifs, principalement dans les équipes jeunes fraîchement installées : il faut donc composer avec la vie familiale, les aléas professionnels et parfois même la santé. Pas une surprise sans doute, puisque quiconque se présente à une élection sait qu’il s’agit d’un engagement. Toutefois, le contexte étant celui qu’il est, il apparaît parfois préférable de s’adapter plutôt que de forcer, en témoignent les changements opérés lors de la séance du conseil du 15 décembre dernier. « Notre adjointe aux finances, Sylvie Selleri s’est rendu compte que le poste n’était pas fait pour elle », expose Arthur Boix-Neveu, maire de Barberaz, « étant déjà directrice des services dans une autre commune, elle a réalisé que cela devenait trop compliqué et a démissionné de son poste aux finances, en accord avec moi. Elle reste toutefois membre de la majorité, et assure le tuilage avec un conseiller délégué aux finances qui sera en binôme avec moi sur ce poste. »
Au Bourget-du-Lac, c’est lors de la séance du 11 décembre que l’adjointe à la culture, parallèlement psychologue dans le privé, a remis sa démission à grand regret. En effet, elle a dû faire face à un surcroît d’activité, lié à la crise sanitaire et a préféré se retirer totalement « Nous avons d’abord essayé de trouver des solutions », souligne le maire Nicolas Mercat, « comme celle de la garder dans l’équipe en fin de liste, mais elle ne concevait pas de ne s’engager qu’à moitié. Ce n’est pas facile de gérer l’activité en parallèle, moi-même j’ai cru pouvoir continuer à travailler à mi-temps*, mais c’est impossible, surtout en début de mandat, avec tous les dossiers d’urbanisme qu’il faut mettre en place, la réglementation. Le temps municipal est long mais en même temps très rapide. » explique-t-il. C’est donc à regrets qu’il a fallu à cette nouvelle équipe, se séparer de son adjointe « engagée, motivée très impliquée dans le domaine culturel », remplacée par Michel Lopez, précédemment conseiller municipal délégué aux animations, au comité des fêtes et au jumelage. L’autre cas de figure bourgetain, prévu dès le début du mandat, celui-ci, a été le départ de l’adjoint au sport Damien Noël, dont c’était le 4e mandat, qui avait souhaité démarrer celui-ci avant de passer la main à un nouvel arrivant, Olivier Malègue, suivant sur la liste élue. « L’importance de l’engagement est une réalité également pour les élus retraités : certains ont par exemple des parents âgés à prendre en charge, comme notre élu à l’urbanisme, ce n’est pas toujours évident non plus, c’est vous montrer la force de l’engagement. »
S’adapter pour éviter le burn-out
Car être à la tête d’une équipe municipale requiert aussi la capacité de manager : en cela, comprendre que bien qu’engagés sur un mandat de six ans, bien que volontaires au poste de premier adjoint, parfois il faut savoir lever le pied, à temps. « Nathalie Ratel-Dussolier m’a fait part de sa situation, de la charge mentale qui était la sienne tant personnelle que professionnelle, et notamment au poste de 1ere adjointe », souligne Arthur Boix-Neveu, « le premier adjoint est le bras droit du maire, on s’occupe de tout, c’est comme être mère au foyer, ça demande un investissement permanent. Elle a accompli un travail remarquable durant un an et demi et je préfère une adjointe qui a le courage de prendre cette décision, que de risquer le burn-out parce qu’on l’aurait poussée à bout, ça ce n’est pas envisageable. » Bien sûr, à cela se mêle le sentiment de culpabilité « d’avoir fait une promesse » et de ne pas s’y tenir finalement, mais pour le maire « au bout d’un an et demi de mandat, l’organisation est soumise au principe de réalité » c’est semble-t-il salutaire. Il a donc fallu réorganiser les choses : c’est François Mauduit, qui passe de 2e adjoint à 1er adjoint, et ainsi de suite, Nathalie Ratel-Dussolier ayant démissionné de son poste de 1ère adjointe avant d’être réélue en 8e position, ne pouvant pas descendre dans le tableau des adjoints. Elle reste en charge des ressources humaines, qu’elle partage avec le conseiller délégué à la santé actuel, ainsi que de l’administration générale. Une réorganisation de ses délégations a également été mise en place, concernant la commande publique « D’un commun accord, nous avons retiré à Nathalie la délégation de la commande publique, celle-ci n’étant pas obligatoirement prise en charge par un élu, mais pouvant l’être par un directeur de service par exemple. » Comme le précise Nicolas Mercat, au Bourget-du-Lac, « l’objectif, c’est vraiment de faire tenir l’équipe sur la durée, pas de s’attacher particulièrement à tel ou tel poste. » Pour cela, il faut être capable d’accepter le changement.
Le casse-tête réglementaire
Changer et s’adapter, cela allait donc de soi pour ces maires, qui ont par ailleurs dû composer avec le casse-tête réglementaire. « Le plus compliqué, ça a été de remplacer une adjointe femme, par un homme, pour respecter la parité. » précise Nicolas Mercat. Même problématique à Barberaz**, ce qui a contraint les nominations. « Il a fallu renommer une adjointe, mais Monique Le Chêne, qui était conseillère déléguée au logement, ne souhaitait pas particulièrement prendre les finances », expose Arthur Boix-Neveu, « elle est donc à présent 6e adjointe au logement et à l’accueil des nouveaux habitants. Pour les finances, délégation dont avait la charge Sylvie Selleri, c’est Jean-Marc Princé qui la récupère en étant conseiller délégué, puisque pour respecter la parité il ne pouvait être élu adjoint. » Au Bourget-du-Lac, Ginette Secco a été élue conseillère déléguée au patrimoine, à la citoyenneté et au conseil municipal des jeunes, faisant comme son collègue au sport, son entrée dans l’équipe municipale. Le travail se poursuit donc dans ces deux communes comme partout ailleurs, sans rupture ni anicroches au sein des majorités, mais plutôt une indispensable adaptabilité.
* Le maire du Bourget est actuellement en disponibilité quasi-complète de son emploi, travaillant une journée et demi par semaine. Son indemnité d’élu est de 1 350 euros mensuelle, les adjoints perçoivent 633 euros, puisque la commune est classée « commune touristique », et chacun des membres du conseil, y compris issu de la minorité perçoit une indemnité de 133 euros mensuels.
** A Barberaz, l’indemnité des adjoints s’élève à 450 euros nets par mois (563 euros bruts)
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1 commentaire
Unknown
20/12/2021 à 11:39
Voilà une mise au clair et au point nécessaire aux concitoyens .