article • 3 MIN

Viviers-du-Lac : la fin annoncée du passage à niveau n°18, identifié comme le plus dangereux de la région

Par Jérôme Bois • Publié le 04/12/21

Les travaux ont commencé et d’ici fin 2022, le fameux et tristement célèbre passage à niveau 18 du Viviers-du-Lac ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Fin 2023, tous les aménagements voulus par l’agglomération Grand Lac seront même achevés. C’était un souhait vieux de vingt ans et moyennant quelque 12 millions d’euros, il sera exaucé. Gros plan sur un projet qui venait de loin.

Qui ne connaît pas ce passage à niveau ? Qui n’a jamais emprunté la route du lac, route en courbe et contre-courbe à fort dénivelé ? Et surtout, et c’est bien plus dommageable, qui n’a jamais vu de véhicules forcer quelque peu le passage au moment où le signal lumineux et sonore retentit ? Il faut le comprendre, le feu rouge clignotant impose l’arrêt total du véhicule. C’est ainsi et Thomas Allary le rappelait bien, vendredi 3 décembre, lors de la visite officielle du chantier, « un passage à niveau (PN) supprimé, c’est un danger de moins, mais en lui-même, un PN n’est jamais dangereux si l’on respecte les règles. Les problèmes viennent de comportements inadaptés de la part des usagers ».

« Un grand soulagement… »

Le directeur régional de SNCF Réseaux nous expliquait ainsi que « le signal lumineux préalable à l’abaissement des barrières prédomine sur toute autre considération. Seulement, ça ne semble pas bien compris, peut-être à cause du fait que ce signal est clignotant ». Entre le moment où il retentit et le passage du train, il ne faut compter que 28 à 33 secondes, le risque est donc clair, « surtout qu’à pleine vitesse, il faut environ un kilomètre à un train pour stopper totalement » , ajoutait le directeur régional. Deux accidents graves ont touché ce PN, en 1998 et 2012, deux accidents de trop mais qui symbolisent mal, à eux seuls, la dangerosité du site plus souvent caractérisée, donc, par des comportements douteux. Vingt ans de gestation jusqu’à cette année 2021, « et dans un an, on n’entendra plus la sonnerie du PN » , souriait Alain Robert, 1er adjoint au maire du Viviers, c’était donc le laps de temps nécessaire pour aboutir à ce qui est vécu comme la fin d’une anomalie. « C’est un grand soulagement pour votre commune » , estimait quant à lui Auguste Picollet, vice-président au département en charge des mobilités et des infrastructures. Un grand soulagement que seul un grand chèque pouvait apporter. 12 millions d’euros auront été mis sur la table pour la conduite d’un tel chantier, dont la moitié prise en charge par l’Etat (soit 6 millions d’euros), 18,25% par la Région (2,19 millions) et le Département (2,19 millions), 10,5% par Grand Lac (1,26 million) et 3% par la commune du Viviers-du-Lac (360 000 euros).L’agglomération, elle, se félicitait de l’avancée significative de ce dossier par rapport aux orientations prises en matière de mobilités douces : « Pour nous, c’est le début des grands travaux sur ce thème. Nous aurons deux parkings relais intégrés ainsi qu’une jonction cyclable reliant Technolac à Hexapôle, les deux principaux pôles créateurs d’emplois. Enfin, la seconde phase pour nous sera la mise en chantier du RER métropolitain devant utiliser cet axe ferroviaire » , détaillait Florian Maître, VP en charge de l’intermodalité et des déplacements.

Un impact neutre sur la circulation

Marie-Pierre Montoro-Sadoux, qui suppléait au pied levé Laurent Wauquiez pris par ailleurs, revenait sur le pacte d’octobre 2018 conclu par la région Auvergne Rhône-Alpes autour de la sécurisation des 13 PN jugés dangereux. Un plan à hauteur de 50 millions d’euros visant à améliorer la sécurité voire à supprimer les PN à risque* (à la condition sine qua non que l’Etat intervienne également dans le dossier), parmi lesquels, donc, celui du Viviers, premier à être « traité » dans le cadre de ce pacte. La conseillère régionale précisait qu’il « avait bien été identifié comme le plus dangereux de la Région ». Sur le passage circulent tout de même en moyenne 104 trains et 10 000 véhicules par jour. « Oui, ça a été long » , soufflait Thomas Allary, « il a fallu composer avec beaucoup d’éléments procéduraux et je suis extrêmement content d’en être à la phase de travail ». Les travaux, parlons-en. Ils consisteront en cinq grands axes (voir le plan ci-contre) : la construction d’un pont-rail routier (1), d’un pont-rail réservé aux piétons et aux cyclistes (2), la création d’une déviation routière (3), d’un giratoire à l’entrée du Viviers (4) et de deux aires de stationnement et d’équipements cyclables (5). La première phase, les travaux de terrassement effectués par le Département, est terminée. Depuis septembre 2021, la réalisation des deux ponts-rail a débuté, ils seront achevés en mai 2022. Durant le weekend de l’Ascension – seule période où le trafic ferroviaire sera perturbé, le temps de 86 heures – les deux ponts seront poussés et installés puis de juin à fin 2022, moment où la SNCF finalisera la suppression totale du PN 18, tous les travaux de chaussées, de voiries ainsi que la déviation routière seront assurés. A la toute fin 2023, tout devrait être clos. L’impact sur la circulation devrait, selon les maîtres d’ouvrage, être neutre, ce qui, au regard de l’intense circulation sur cet axe, est un exploit. Une page est donc en train de se tourner.

* Les autres passages à niveau concernés par ce pacte sont : dans l’Ain : Balan PN 19 et Saint-Denis-en-Bugey PN 34. Dans l’Allier : Montluçon PN 220Ardèche : Meysse PN 8. Dans le Cantal : Ferrières Saint-Mary PN 211. Dans la Drôme : Château Neuf Sur Isère PN 9. En Isère : Brignoud à Villard Bonnot PN 27 et La Verpillère PN 18. En Haute-Loire : Retournac PN 33. Dans le Puy-de-Dôme : Vertaizon PN 9. Dans le Rhône : Saint-Romain-en-Gier PN 337 et en Métropole de Grenoble : Fontanil-Cornillon PN 80.

Tous les commentaires

0 commentaire

Commenter