Aix-les-Bains – Chambéry : pourquoi une telle disparité de navettes vers les stations du mont Revard ?

Un dimanche de janvier, grand soleil, neige en abondance sur les pistes des stations de moyenne montagne du Revard et de la Féclaz, il était fort prévisible que les locaux s’empressent d’aller prendre un bon bol d’air. Ils étaient visiblement nombreux à avoir la même idée, puisque très vite, les parkings ont été pris d’assaut, et que, stationnés en bord de route, certains automobilistes ont été verbalisés et ont manifesté leur colère sur les réseaux sociaux. « Prenez la navette » , leur a-t-il été suggéré, sauf que deux cars à 8h30 et 11h45 pour monter et un à 17h pour descendre… cela semble insuffisant et surtout inadapté.

Sur le terrain, ça grince…

Une ligne dépendant de la Région, avec des horaires pouvant être aménagés selon les besoins

Nous avons donc cherché à comprendre qui gère la ligne S11 vers le Revard et la Féclaz au départ de la gare d’Aix-les-Bains. Il s’avère que la ligne qui relie Aix-les-Bains aux deux stations dépend de la région Auvergne Rhône-Alpes, puisqu’elle est à cheval sur deux communautés d’agglomération, Grand Lac et Grand Chambéry, et qu’elle est cofinancée par Grand Lac. C’est une question de compétences administrative et territoriale. C’est ce qui explique en effet, qu’à quelques kilomètres de là, Grand Chambéry se soit entièrement emparé de la question, et ait déployé une nouvelle offre – après deux ans de travail sur la question de son nouveau vice-président, Alain Caraco. Ainsi, l’agglo chambérienne a mis en place 3 trajets quotidiens vers les stations et six trajets les week-ends et jours fériés, avec un tarif concurrentiel. « Autrefois, il y avait trois ou quatre trajets depuis Chambéry, maximum 5 », se souvient Alain Caraco, « aujourd’hui il y a plusieurs autorités organisatrices de transport, et les politiques de mobilité qu’elles souhaitent avoir. A Grand Chambéry, nous avons pris le parti de l’améliorer, en baissant le tarif des aller-retours, en mettant en place plus de navettes, avec trois trajets supplémentaires les week-ends et vacances scolaires avec des horaires plus pratiques, ainsi que des solutions alternatives comme le covoiturage. » Alternative mise en place également par Grand Lac, puisque désormais depuis le mois de décembre, trois bornes de covoiturages sont présentes au Revard, vers Aix-les-Bains, Grésy-sur-Aix, Pugny Chatenod et Trévignin, ainsi que l’implantation de 24 casiers sécurisés au Revard à l’attention des skieurs alpins. Mais concernant la fréquence des trajets vers le Revard et la Féclaz, « c’est la Région qui gère », nous a expliqué Florian Maitre, vice-président à Grand Lac, en charge des mobilités et de l’intermodalité, « et ce qui nous a été reporté est que ces navettes ne sont pas remplies à 100%, mais plutôt entre 30 et 50%. » Peut-être en raison des horaires proposés, le premier départ à 8h30 avec une arrivée autour de 9h45 en station et un second départ à 11h45, pour un retour unique à 17h, en week-ends et périodes de vacances scolaires, peut-être aussi par habitude, voire par méconnaissance de l’existence de cette navette. Toutefois, rien n’est gravé dans le marbre, comme nous l’a confirmé Marie-Pierre Montoro-Sadoux, conseillère régionale et première adjointe à Aix-les-Bains : « En fonction des besoins, il est toujours possible de doubler les cars, s’il y a un afflux d’usagers », explique l’élue, « il est toujours possible d’effectuer sur place, au Revard et à la Féclaz, des enquêtes, pour voir quels sont les besoins, les usages, ces éléments d’enquête permettraient de définir des besoins pouvant déboucher sur une expérimentation sur des plages horaires supplémentaires. Nous souhaitons tous pousser les gens à prendre davantage les transports en commun, et s’il est sûr qu’il n’y aura pas, dans un espace que l’on souhaite préserver, de construction de nouvelles places de stationnement, si on peut répondre au mieux à la demande et aux besoins, nous le ferons, naturellement. » L’autre question, vu les deux années complexes qu’ont vécu les stations avec la fermeture des remontées mécaniques et la levée de boucliers quasi-unanime des élus régionaux et locaux, tient de la cohérence de l’offre de transport avec la reprise de l’activité économique de montagne. Cette offre ne gagnerait-elle pas être harmonisée sur l’ensemble du territoire, permettant ainsi aux locaux et aux touristes, de profiter pleinement des stations sans polluer l’air des gaz d’échappement ? « Il est certain que nous ne pourrons pas continuer longtemps de cette manière, chaque autorité décidant pour son territoire », souligne Alain Caraco, « il y a un besoin d’harmonisation. » rejoint sur ce point par Marie-Pierre Montoro-Sadoux, qui compte en discuter avec son homologue à Grand Lac. Comme quoi, une petite question peut déboucher sur une recherche de solutions concrètes.