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La Motte-Servolex, un petit pas de plus pour la biodiversité en ville

Par Laura Campisano • Publié le 12/01/22

Déjà impliquée en faveur d’une meilleure qualité de vie et de l’air, précurseure sur la mise en place des espaces sans tabac en Savoie, la commune de La Motte-Servolex vient à nouveau de se distinguer de ses voisines en recevant deux nouveaux labels : celui de territoire engagé pour la nature et celui de meilleure petite ville pour la biodiversité 2021 décernés par un jury, parmi lesquels l’Office français de la biodiversité. 

La Motte-Servolex n’en est pas à ses premiers pas en matière de défense de l’environnement et de facto, du cadre de vie de ses administrés : depuis 2008, la commune s’est emparée de sujets d’ampleur, comme la rénovation thermique, la réhabilitation des espaces humides, et la réduction des gaz à effet de serre. C’est cette action, volontariste plus que « dans l’air du temps » qui lui vaut aujourd’hui d’être saluée et reconnue par les instances, les plus exigeantes qui soient.

Meilleure petite ville pour la diversité et territoire engagé pour la nature

Par exemple, avant la création d’un éco-hameau sur les carrières des Granges, à quelques encablures de Technolac, de 560 habitations pour les humains, la biodiversité a été mise en valeur avec la création d’une mare, la remise en état des espaces permettant à la nature de proliférer. Innovant ? Oui, mais pour autant, il n’est pas question de tirer la couverture et s’attribuer tous les honneurs, quand bien même il démontre son réel intérêt pour les questions environnementales, faisant de sa commune un exemple, que désormais ses voisines consultent pour emprunter le chemin. « Sûrement avons-nous jeté les bases d’une politique volontariste en matière de protection de la biodiversité », poursuit-il, « si c’est le cas, il faut s’en réjouir. Si je peux, humblement, semer de petits cailloux pour que d’autres s’en saisissent, ce sera tant mieux. Notre action démontre surtout que la présence humaine ne doit pas exister au détriment de la biodiversité, tout ce que nous avons développé depuis dix ans, est aujourd’hui opérationnel sur notre territoire. C’est particulièrement pour les générations futures, mais avec la situation du réchauffement climatique, aussi pour nous, qu’il faut rechercher des résultats le plus tôt possible, sans se lamenter dans son coin. Chacun doit faire ce qu’il peut selon sa taille, dans les communes nous pouvons ainsi faire bouger nos propres concitoyens et créer ainsi une chaîne de solidarité. Nous avons un territoire extraordinaire, sur lequel on pourrait vivre sur nos acquis. Mais si on ne bouge pas, le vivant ne s’en relèvera pas. » C’est pourquoi à La Motte, tout le monde s’est mis au travail.

Plan de biodiversité de la ville, ABC de la diversité communale, habitants associés

Les services de la ville, techniciens, chargés de projet et des espaces verts, mais aussi les habitants, ont pris part à cet important travail en faveur de la biodiversité en ville.« Nous avons cherché à associer la population, en la sensibilisant par rapport à ce que certains appellent les » mauvaises herbes «, plutôt favorables à la biodiversité », explique Luc Berthoud, « c’est sûr que nous pouvons faire tous les efforts que l’on veut, si chaque jardinier du dimanche met du roundup dans son jardin, ça aura de facto un impact sur les cours d’eau, le lac, les jardins avoisinants. Pour avancer, il faut donc de la pédagogie renouvelée, en faisant participer les habitants. Pour la grande majorité, ils sont très contents du développement de ces initiatives, d’autres font confiance, se laissent volontiers entraîner, se disant que cela va dans le bon sens. Nous n’avons pas d’opposition farouche. » Et si on le qualifie bien souvent, au sein même de sa commune de « maire écolo », il a la répartie adéquate « je ne fais pas tout ça pour faire de la mousse, je n’ai pas attendu que ce soit tendance pour surfer sur la vague, je fais surtout attention à ce que nous ne soyons pas contredits par nos propres comportements, en économisant 45 % d’énergie sur nos bâtiments, pour la rénovation énergétique desquels nous investissons 3 millions d’euros, en isolant les écoles, par exemple. Nous avons encore une vingtaine de bâtiments de ce genre, du temps des maires bâtisseurs », poursuit-il, « aujourd’hui, les maires sont plutôt gestionnaires et visionnaires. Cette labellisation vient d’experts, qui voient comment se développe La Motte, avec un recul, et un regard propre à leur domaine d’expertise. » 
Cinquante organismes font partie de l’office français de la biodiversité, qui depuis 10 ans, décerne aux petites villes françaises de moins de 20 000 habitants, le fameux titre de « meilleure petite ville pour la diversité ». « La Motte-Servolex bénéficie d’un bon équilibre entre l’agriculture, la forêt et l’urbain », souligne Anthony Perrin, chargé de mission éducation au développement durable à La Motte-Servolex, « et la particularité de Luc Berthoud est qu’il est très sensible au cadre de vie des habitants tout autant qu’il considère l’écologie dans un sens fonctionnel, il aime sa commune et ses habitants et les prix que nous avons reçus sont les plus exigeants, reconnus par l’Office français de la biodiversité, ce ne sont pas de petites reconnaissances. »  Avec le plan de la biodiversité en ville qui a convaincu le jury (plantations de haies vives, semis de prairies fleuries, bacs de jardinage libre, zones de jardins partagés et éco-hameau précité, entre autres) , un futur ABC de la biodiversité communale, qui recensera toutes les actions mises en place, complétant déjà la filière bois énergie et l’accompagnement des habitants dans l’achat d’un vélo à assistance électrique, La Motte-Servolex démontre par l’action que le changement de pratiques est possible, bien que limitées par le champ de compétences communal.

L’action municipale en faveur de l’environnement, limitée mais possible

La Motte se place donc en précurseur dans l’action territoriale en faveur de la biodiversité et de l’environnement en Savoie, mais la commune ne peut faire « que » ce qui entre dans son champ de compétences. En effet « elle ne peut pas par exemple agir sur les grands enjeux de déplacement qui est une compétence de Grand Chambéry », précise Anthony Perrin, « en faisant un bilan sur l’échelle de la commune des émissions de gaz à effet de serre, on a pu constater que 70% sont liées au transport : l’autoroute, l’aéroport, notamment. Et sur cela, nous n’avons pas de marge de manœuvre. Grâce au plan de relance, il a été possible d’agir à certains niveaux, c’est une tendance positive, mais sans la dotation globale de financement et la taxe d’habitation, les communes perdent des ressources de financement conséquentes. Il n’est possible d’agir que dans le champ de compétences communale, par exemple si la commune voulait dire stop à tout pesticide sur son territoire, un arrêté préfectoral aurait tôt fait de nous barrer la route. On ne peut pas tout. »
Aussi, la ville continue à agir là où cela lui est possible en gardant à l’esprit que les labels décernés sont « un formidable encouragement » mais pas seulement « ce sont des labels nationaux et européens qui nous engagent, comme Cit’ergie, à travailler sur de nouveaux systèmes de transport, ou sur l’énergie avec GRDF », poursuit Anthony Perrin, « on ne se repose pas sur nos lauriers, au contraire, ces labels nous challengent, on fait le constat de ce qu’on a déjà réalisé, mais nous devons continuer à faire. Ce sont des labels exigeants qui portent sur un budget de 800 000 euros par an. » La tentation est grande d’imaginer dupliquer l’action d’une petite ville comme La Motte à l’échelle de l’Etat, même si « il y a une différence nette entre la politique d’Etat et ce que fait un élu local, qui est là avant tout pour le territoire, ce n’est pas la même approche. » Mais tout de même, puiser dans les bonnes idées des collectivités locales pour améliorer la qualité de vie d’un pays, ce ne serait pas une idée si farfelue…

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