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Même plus petit, le festival des Nuits de la Roulotte enflammera Chambéry

Par Laura Campisano • Publié le 26/01/22

C’est un des événements majeurs de la vie culturelle chambérienne depuis 20 ans, et depuis deux ans, il prouve qu’il sait s’adapter contre vents et marées : le festival de musiques et cultures nomades sera bien présent en 2022, du 24 février au 12 mars, tant au carré Curial qu’auprès des publics éloignés. Cher au cœur des Chambériens, de l’équipe comme du public, varié et bigarré, le festival a dû se contorsionner pour faire en sorte de proposer une programmation colorée et festive, bien que revue et corrigée, compte tenu des circonstances actuelles.

Le monde de la culture est sur un fil : quelle dextérité et que de patience il faut pour organiser des festivals sans savoir s’ils auront lieu, avec ou sans jauge, debout ou assis, depuis deux ans maintenant. Mais c’est sans compter sur l’opiniâtreté des organisateurs des Nuits de la Roulotte : pas question de louper cet anniversaire si important : d’une nuit de la roulotte en 2002, organisée par des étudiants pour leur projet tutoré, les voici 20 ans plus tard, avec 13 jours de festival. Unis dans la fête comme dans la prise de décisions complexes, notamment celle de réduire la programmation initiale, bénévoles et membres du bureau sont toujours debout.

Une programmation réduite compte tenu de la baisse de fréquentation des festivals

Quelques-uns des membres fondateursdu Festival

La programmation était pourtant bien lancée, teasers et dépliants étaient flambant neufs, mais voilà, la crise sanitaire n’avait pas encore dit son dernier mot charriant son lot de restrictions et de baisse drastique de fréquentation des festivals : entre moins 30 et 50% de baisse sur des événements du même type sur les trois derniers mois, c’est un risque bien trop grand pour une organisation comme celle des Nuits de la Roulotte. Alors, la mort dans l’âme, il a fallu raboter le programme. « En observant ces chiffres nous avons eu peur que cela nous touche, et cela n’était pas tenable, ni financièrement, ni moralement » regrette Magali Coutaz, vice-trésorière de l’association Nuits de la Roulotte, en charge de la programmation du festival « Nous avons organisé cette session en 6 mois, contre un an, en temps normal », reprend Julie Da Silva, chargée de production et de la coordination du festival « la programmation elle, avait été préparée en juillet dernier, le visuel était beau, tout était bien, mais les mesures sanitaires, les incertitudes et le constat que nous avons fait sur le plan national et départemental, nous ont contraints à prendre une décision. » Une situation que déplore également Jean-Pierre Casazza, adjoint à la culture à la ville de Chambéry « Le festival des Nuits de la Roulotte occupe une place très particulière dans la vie culturelle de la ville », a-t-il expliqué, lors de la conférence de presse de l’événement, « non seulement en tant que projet artistique, en tant que projet coopératif et associatif, qui respecte l’esprit de la Loi de 1901, avec les bénévoles et le renouvellement des énergies, mais aussi en tant que projet éthique, puisqu’il a tissé des liens très étroits avec les publics éloignés, tels que le CHS ou les centres pénitentiaires, pour mettre en avant le partage de cultures. En tant que partenaire, nous voyons aussi que ce système est fragile, il suffit de pas grand chose pour faire disparaître un festival et c’est une responsabilité en tant que collectivité publique pour que cette belle initiative perdure. La Ville a à cœur d’accompagner ce projet par un appui financier mais aussi technique et grâce aux services, et il va falloir le conforter un peu plus. C’est une de mes préoccupations que de préparer la 21e édition très en amont. » Edition tronquée, certes, mais édition festive tout de même : faute de pouvoir tenir la programmation initiale, les organisateurs ont souhaité mettre les bouchées doubles.

Temps fort au carré Curial et événements maintenus auprès des publics éloignés

La durée du festival n’est pas modifiée, c’est son contenu qui change. « Nous avons mixé les deux week-ends ensemble, » explique Julie Da Silva, « en faisant quatre jours de temps forts sur le carré curial et en proposant le concert d’un groupe local, Elastik Circus, et des soirées-concerts au prix incitatif de 5 euros par soirée pour pouvoir maintenir le festival, sinon on tenait pas les 15 jours, » a-t-elle souligné. Pour autant, la nouvelle programmation promet d’envoyer du lourd : des concerts tous les soirs dans différents lieux de la ville, un stage de chants polyphoniques, une projection de film, et en apothéose un dj set pour clôturer le festival. Du 2 au 5 mars, c’est une kyrielle de concerts qui attendent les festivaliers sous le « chapicurial », chapiteau dressé au milieu du carré, qui accueillera notamment le concert du groupe originel « La Roulotte », en concert le 5 mars à 22 heures, formé dès les débuts de cette aventure humaine hors du commun, où l’on « s’investit personnellement, à l’image du peuple tzigane » .« Le point de départ de cette démarche culturelle, c’est le talent des étudiants de l’IUT Gaco Musique », relate Pierre Chemarin, responsable de cette section « musiques-études », « ce qui était un festival de musique sur le campus a pris de l’envergure, grâce au talent, à la camaraderie, puis de promotion en promotion, le festival est sorti de ce cocon. » Professionnalisé depuis 2018, ce festival qui avait donc démarré à petite échelle a continué à se développer pour devenir celui que l’on connaît aujourd’hui, avec des membres fondateurs toujours actifs, des partenariats extérieurs, porté avant tout par « l’énergie du public, qui dansait sur la glace », se souvient Christophe Chatel, musicien venu d’Orléans devenu régisseur du festival de 2012 à 2018. Alors, avec ce public fidèle, cette chaleur humaine qui se révèle « même quand il pleut, il y a des gens », comme le disait Sarah Morvillier, présidente de l’association en 2011, c’est peu de dire qu’il est attendu du 24 février au 12 mars. Et pourquoi pas en tant que bénévoles*, puisque chaque édition en accueille 150, et que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ? Enfin, cerise sur le gâteau d’anniversaire, Malraux Scène Nationale s’associe au festival en accueillant Goran Bregovic, accompagné de son orchestre des mariages et des enterrements le 11 mars 2022, point d’orgue de « la chaleur, marque de fabrique du festival », comme le définit Marie-Pia Bruneau, directrice du théâtre chambérien. Alors, plus petit certes, mais toujours présent au rendez-vous des cultures nomades, de l’ouverture, du partage de valeurs, sans coup férir.

* Pour retrouver les informations pratiques et participer en tant que bénévole, les inscriptions se font sur le site de l’événement ici 

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1 commentaire

gerard Blanc

26/01/2022 à 14:32

Ouf, une bourrasque musicale bienvenue de liberté, d'égalité, de fraternité, de générosité, de diversités sans frontières ... dans cette période masquée, repliée, haineuse, fracturée, obscurcie par les relents mauvais de l'extrême-droite et des surenchères identitaires.

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