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Yenne : la tournée de Titoune a pris ses quartiers en Savoie

Par Laura Campisano • Publié le 06/01/22

C’est une de ces initiatives qui démontrent que la détermination paie : Léane Laupin, 20 ans, avait l’idée depuis petite de monter son commerce ambulant de bons produits locaux. Depuis septembre 2021, c’est chose faite, avec une tournée démarrée il y a maintenant deux mois, principalement dans l’Ain, dont elle est originaire. Puis, depuis le premier jeudi de décembre, la Tournée de Titoune a traversé la « frontière » et s’est posée à Yenne, pour le grand plaisir des papilles Savoyardes. 

Quand elle a une idée en tête, Léane va jusqu’au bout : originaire de Belley, la jeune femme avait en tête ce projet fou de monter un commerce et n’a rien lâché, ne cédant jamais face aux formalités administratives, aux formations ou aux recherches qui peuvent entourer une telle création d’entreprise. Du haut de ses 20 ans elle est déjà connue de ses clients, de l’Ain à la Savoie. A croire qu’une bonne étoile veille sur elle.

Vingt ans et un camion ambulant

Quand on lui demande si tout se passe bien, la jeune cheffe d’entreprise a le sourire jusqu’aux oreilles, celui qui parle à sa place, quand elle-même a encore du mal à réaliser « Ça se passe mieux que je l’attendais », explique-t-elle, « je suis fière et en même temps, j’ai du mal à réaliser que c’est vraiment en train de se passer. » Les journées à rallonge, les semaines interminables de travail, la manutention, la préparation et les kilomètres ? A côté de la satisfaction qu’elle retire de faire plaisir à ses clients, ce n’est visiblement pas une difficulté. Depuis l’obtention de son BTS Management commercial opérationnel en juin 2021, Léane n’a pas perdu de temps, puisqu’elle a enchaîné avec une formation HACCP, obligatoire pour ouvrir un commerce de bouche, la préparation de son business-plan, la recherche du camion, ainsi que les formalités d’usage pour la création d’une entreprise. Résultat, en septembre c’était monté, et dès novembre, la tournée de Titoune pouvait démarrer.
Pour cela, bien sûr, il a fallu utiliser l’huile de coude et se faire aider financièrement, même si grâce à sa détermination, la jeune femme avait économisé « J’ai emprunté 5 000 euros pour avoir un fond de trésorerie au cas où les débuts seraient difficiles », précise-t-elle, « parce que j’avais 15 000 euros d’apport personnel que j’ai économisés pendant mes 5 ans d’apprentissage, ce qui m’a permis d’acheter le camion. » Et fort heureusement, les débuts ont été plutôt cléments, elle qui pensait devoir attendre quelques mois pour pouvoir tout au moins payer ses charges ; dès le premier mois, c’était chose faite. Il faut dire que la crise sanitaire, que nous traversons depuis deux ans, a mis un gros coup d’accélérateur aux initiatives locales, « les gens ne veulent plus s’agglutiner dans les commerces classiques, et privilégient les produits locaux », souligne Léane, « d’autant qu’avec mon service ambulant, je peux me garer au plus près de mes clients, ce qui est un avantage non négligeable. »

Des produits du terroir : le local avant tout

Avec sa partie traiteur, elle livre non seulement des produits à la coupe, mais aussi des plateaux de charcuterie, de raclette et de fondue, directement du fournisseur au consommateur : les produits à base de chèvre viennent d’une chèvrerie de Vions, près de Chanaz, la charcuterie et les autres fromages de Drumettaz, d’autres fromages sont issus de la cave d’affinage de Rognaix et le pain est pétri à Culoz… C’est donc ce qui explique son succès, principalement lors des fêtes de fin d’année ce qui l’a particulièrement surprise : « Je livre surtout dans des villages, où les gens sont plutôt traditionnels, surtout pour les fêtes : dinde au repas et bûche en dessert, sourit-elle, mais je n’avais pas réalisé qu’en réalité, ils ne veulent plus s’embêter comme avant, alors j’ai été débordée de commandes ! L’an prochain, je vais devoir embaucher. » Raclette, tartiflette, fondue, sandwiches, plateaux de charcuterie, les plaisirs du terroir sont au rendez-vous des gourmands et les clients ne s’y sont pas trompés, plus nombreux chaque semaine sur chacun de ses points de vente, bien qu’elle se lance également dans la livraison à domicile.

Un bel hommage à son père

Nous parlions de bonne étoile, c’est cette étoile qui a donné son nom au projet : « Titoune », c’est le surnom que lui donnait le père de Léane, disparu prématurément alors qu’il était totalement associé au projet de sa fille. « Il était très bricoleur », précise la jeune femme, « et quand je lui ai parlé de ce projet, il m’avait proposé d’aménager le futur camion que je trouverai. Forcément, maintenant qu’il est parti, ça prend une nouvelle dimension. » C’est comme ça que Titoune part en tournée chaque semaine, et tous les jeudis à Yenne, avec sur le camion, un autre hommage à son père. « Le logo, c’est le Grand Colombier qui est dessiné, et c’est là où ses cendres ont été dispersées, j’ai voulu y ajouter les couleurs de la Savoie, sous la forme d’une fleur, pour changer de la croix de Savoie, et rester bien ancrée au local. »  Grâce à sa détermination et à son envie de réaliser ce projet, en partie en mémoire de son père, Léane a donc vu ce rêve d’enfant aboutir. Avec ses trois emplacements fixes, à Culoz, Béon et Yenne, elle reste sur le territoire qui l’a vu grandir et peut compter sur le soutien de sa famille maternelle, toujours résidente de l’Ain, où elle est née et a vécu avec ses parents.
Bien entendu, elle ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle pense déjà à la saison d’été, afin d’aller du côté des campings, et que des Ehpad locaux l’ont également contactée, sans parler des stations, où ses sandwichs raclette risquent de faire des émules. « Honnêtement, je ne pensais pas que ça marcherait si vite et si bien », s’enthousiasme-t-elle, « c’est surtout grâce au bouche-à-oreille, bien sûr, mais là, ça fait deux mois et les gens continuent à arriver. »  dit-elle, presque surprise. Un succès qu’elle doit à elle-même, puisqu’elle a tout créé de ses mains, sous l’œil attentif des étoiles, tout en haut du Grand Colombier.
La Tournée de Titoune, tous les jeudis matin à Yenne. 

Tous les commentaires

3 commentaires

Unknown

06/01/2022 à 09:51

Oui c'est une très belle réussite pour Léane, je suis fière de son projet et surtout de sa détermination
Longue vie au camion de titoune sur nos belles routes de l avant pays savoyard

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Unknown

06/01/2022 à 12:32

C'est une fille courageuse qui mérite sa réussite. Papa serait fier de toi bisous de tes grands parents qui te soutiennent.Gros bisous

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Unknown

09/01/2022 à 05:39

bravo leane, très courageuse et bel hommage ....

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