Chambéry : Eric Zemmour « n’est pas le bienvenu en Savoie et Haute-Savoie »

Eric Zemmour n’est pas le bienvenu en Savoie, ils sont nombreux à le dire et ils le feront savoir, vendredi 25 février, avant et en marge du grand meeting de campagne du journaliste polémiste. Près de quarante organisations diverses*, des partis politiques (EELV, Cap à gauche…) aux associations (collages féministes Chambéry, Youth for climate…), des collectifs aux organisations syndicales (CGT, Sud…), seront rassemblés devant la mairie de quartier de Bissy, à partir de 18h30 pour entamer une marche vers le Phare. La couleur est farouchement annoncée : « En pleine campagne pour l’élection présidentielle, l’extrême-droite française a choisi de venir en Savoie et Haute-Savoie les 25 et 26 février prochains. Comme dans tous les départements depuis le début de cette campagne, nous aurons le sens de l’accueil ! Nos organisations syndicales et politiques, nos associations, nos collectifs, et la population des deux Savoie ne laisseront pas de place à la haine ! Ni dans la rue, ni sur nos lieux de travail ni dans nos vies » , indique le communiqué appelant à l’événement.

« Il fédère, ça dit quelque chose de notre époque »

Une mobilisation venant de Haute-Savoie, de Savoie et d’Isère** semblable à toutes celles qui ont eu lieu en marge des différents meetings donnés par Eric Zemmour, garantie sans infiltration parmi ses militants pour celui du 25 février. Parce que « si on ne fait rien, quel message va-t-on envoyer ? » s’interroge Bénédicte Courtois, co-secrétaire de l’union syndicale Solidaires Savoie. « Un meeting de Zemmour ne peut se tenir sans riposte de notre part pour exprimer notre désaccord avec ses idées et lui dire à quel point il n’est pas le bienvenu ». Un désaccord avec « le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, l’islamophobie, le sexisme et la LGBTphobie » perceptibles dans son discours, complète le communiqué. « Il ne représente pas le projet de société que nous défendons, il ne répond pas à nos valeurs » , renchérit Bénédicte Courtois. Une mobilisation qui n’a pas non plus vocation à se substituer au travail des concurrents politiques d’Éric Zemmour, qui consiste « en des débats de fond et d’idées avec lui ». C’est bien l’extrême-droite dans son ensemble qui est visée par ce mouvement de masse, une extrême-droite montée en flèche « grâce à la surmédiatisation de ses représentants et à la banalisation de leurs idées ». Il y a bien une dynamique, symbolisée par l’engouement suscité par « Reconquête » en Savoie, ses 800 adhérents, ses près de 2 000 sympathisants. « Ça semble coller avec les chiffres que nous avons sur la Haute-Savoie » , explique Bénédicte Courtois, « où on estime le nombre de ses sympathisants à 3 000. Il fédère, ça dit quelque chose de l’époque que nous vivons, on est sur un glissement de terrain, les idées racistes et fascistes prospèrent, et même dans le monde, on a vu l’émergence d’un candidat médiatique, Donald Trump, chose que l’on pensait impossible ».

Thierry Repentin sans équivoque

Thierry Repentin sera également monté au créneau et allé dans le sens de cette mobilisation, via un communiqué sans appel, indiquant qu’Eric Zemmour n’était « pas le bienvenu à Chambéry » et qu’il « ne bénéficiera d’aucun accueil républicain de la part du maire ». Le maire a ainsi souligné « sa rhétorique dangereuse » qui fait fi de la réalité sociale autant que de l’histoire et de la science, repose sur les haines et la peur« . » En guise d’arguments, il provoque, insulte, méprise à longueur de discours. Il n’a ni la stature, ni l’éthique d’un homme d’Etat. Les maires et les élus locaux ont le devoir de promouvoir la concorde et les valeurs de la République, qui sont à l’opposé de ses déclarations« , a-t-il poursuivi. Il appelle de fait celles et ceux qui iront écouter le candidat à pondérer son message, » son combat est une impasse« . » A Chambéry «, conclut-il, » 12% de la population est de nationalité étrangère. A Chambéry, 30% des logements sont des logements sociaux. Nous en sommes fiers. Face à l’impasse de l’exclusion et du repli identitaire, nous choisirons toujours l’ouverture et la concorde républicaine. Eric Zemmour ne nous représente pas« . Sur place, vendredi, il ne faudra pas s’attendre à de gros affrontements, » il n’y aura pas de dialogue, nous n’avons pas pour habitude de dialoguer avec l’extrême-droite« , confirme Bénédicte Courtois, » aucune action précise n’est encore envisagée, tout peut évoluer d’ici là« . On imagine sans peine un dispositif de sécurité assez dense, autour du Phare, un lieu pas facile à sécuriser compte tenu de l’espace et du nombre d’accès. Mais un lieu qui pose questions à toutes les organisations présentes demain, » comment ont-ils réussi à l’obtenir ? Ça pose la question de la délégation de service public du Phare, confiée à une société privée«. Confiée depuis 2018 à l’association Savoiexpo, via une société par actions simplifiée (SAS).Précisons que le rassemblement et la marche en direction du Phare ont été déclarés en Préfecture de Savoie.

*Action Antifasciste Grenoble, Cap à Gauche, CNT 73, CNT 38, CGT Chambéry, CGT Savoie, Collages Féministes Chambéry, EELV pays de Savoie, Fédération Anarchiste Chambéry, FSU 73, LDH Chambéry, La Lessiveuse, Mouvement Citoyen Grand Chambéry, MNL Isère, NPA 73, NPA 38, PCF Savoie, Poing levé Chambéry, Ras l’front Isère, Révolution Permanente 73, SOLIDAIRES Haute-Savoie, SOLIDAIRES Savoie, SUD PTT 73-74, SUD santé sociaux 74, SUD éducation 73, SUD Rail Alpes, SUD santé Sociaux 73, UDIRS 73, UNEF 38, Youth For Climate Chambéry figurent parmi les premières organisations recensées.

** Le candidat avait donné, le 21 février, une réunion publique à Domène, en Isère, devant plus de 100 personnes sur la place de la mairie.