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Festival du cinéma français d’Aix-les-Bains : Thierry Baumann, animateur hors compétition

Par Laura Campisano • Publié le 29/03/22

Alors que les coulisses du Festival bruissent de bonnes nouvelles en cascade, la première a été celle de découvrir le maître de cérémonie, celui dont la voix, le visage et le talent ne sont pas inconnus du grand public, l’artiste multi-facettes Thierry Baumann. Tout le monde le connaît, et tout le monde se dit « mais oui, mais où ? » parce qu’il n’est pas seulement animateur, pas seulement comédien, pas seulement musicien, il est aussi journaliste et la radio reste son média de cœur. Avant et pendant cette première édition du cinéma français d’Aix-les-Bains, il faudra donc compter sur le charisme et le professionnalisme d’un animateur hors compétition.

Beaucoup l’ont découvert pendant l’élection de Miss France au côté de l’inénarrable Jean-Pierre Foucault, pourtant peu connaissent le parcours flamboyant de Thierry Baumann. S’il le décrit comme une suite d’opportunités, il ne fait aucun doute qu’il a su les saisir et que sa présence au cœur de cette première édition d’un festival du cinéma, dans sa région d’origine, est tout sauf le fruit du hasard.

Le journalisme ouvre des portes…

Thierry Baumann – Crédit photo Karin Swenson

C’est bien connu, le métier de journaliste, pourtant tant décrié de nos jours, demeure un tremplin hors-normes pour les rencontres. C’est ainsi que le cinéma a été présenté à Thierry Baumann, qui a su dégainer sa botte secrète, indispensable à tout bon reporter : la curiosité. Car son parcours, lui, n’est pas lié au cinéma, mais plutôt à la musique, au sport et à la radio. « C’était une époque bénie », se souvient-il avec nostalgie, « celle des radios libres. Nous avions un espace de liberté totale, pour faire connaître des artistes, des chansons qui nous faisaient vibrer. C’est comme ça que je pouvais faire connaître des disques qui n’étaient pas exportés en France, de musique espagnole par exemple, que j’avais découverts en suivant ma curiosité et cette forte attirance pour l’Espagne. Et puis, avec la voix, je pouvais transmettre ce qui me plaisait, et c’était principalement la musique. » Diplômé de sport-études, il arrive sur Radio France Isère avec une idée, celle de se faire l’intermédiaire entre les auditeurs et le monde. « Ce n’était pas dans le cahier des charges de la station », sourit-il, « j’intervenais sur une émission quotidienne de jeu, et j’ai eu l’idée d’un magazine musical européen, avec un réseau de correspondants à travers l’Europe, pour beaucoup il s’agissait d’autochtones qui parlaient français. Je partais de rien, je n’avais pas de réseau à l’époque. Puis, finalement, en 1988, je suis » monté à Paris «. Et c’est le début d’un autre chapitre de la vie de cet artiste autodidacte qui s’écrit, motivé par sa passion pour la musique et son envie d’exercer le métier pluriel d’auteur-compositeur-interprète. Parallèlement à quelques petits boulots en radio, notamment chez OFM, station toute neuve qui recherchait un animateur, Thierry Baumann a eu l’opportunité de rejoindre un groupe de musique. Dans sa tête, trottait toujours l’idée de ce magazine européen, permettant de rapprocher les différents pays grâce à la musique.  » Le programme se voulait un reflet de tout cela «, reprend Thierry Baumann, » je souhaitais vraiment que nous allions plus loin, avec des sujets plus légers et d’autres plus profonds et une idée de divertissement, pour montrer nos différences, avec la Suisse, la Suède, le Danemark, l’Italie, l’évolution des mœurs, des caractères, la culture également. Ce magazine s’est mis en place en quelques années avant que je ne bascule vers la télévision, grâce à une boîte de production j’ai pu tourner des images en Suisse, en Italie, et de l’audio on est passé à l’audiovisuel, aux images qui étaient complémentaires de la narration. « A partir de là, tout s’enchaîne en télé pour Thierry Baumann, qui aura l’opportunité de présenter des sujets dans » Thé ou café « puis l’émission » CD’aujourd’hui «, liée à la musique, toujours, suivie de » Comme au cinéma «, grâce à laquelle il a pu interviewer réalisateurs, acteurs, actrices  » C’était très intéressant «, sourit-il, » car beaucoup d’entre eux sont très sensibles à la musique, j’ai le souvenir d’Alan Parker, par exemple, avec lequel j’ai eu des échanges incroyables. «  Voix-off des Victoires de la musique et des Molière, connu pour être l’acolyte de Jean-Pierre Foucault depuis 2011 à l’élection de Miss France, le Thierry Baumann animateur n’a jamais pour autant lâché sa carrière de journaliste, qu’il poursuit notamment en écrivant des documentaires. Multi-cartes, nous le disions.

Et puis, la comédie…

Crédit photo Karin Swenson

C’est finalement assez naturellement que ce touche-à-tout passionné de musique attire la lumière sur lui, et qu’il passe de l’autre côté de la caméra en devenant comédien. Depuis 17 ans maintenant, Thierry Baumann incarne des rôles à la télévision, dans des séries et des téléfilms. « Ce métier de comédien arrive sur le tard, commente-t-il, ce n’était pas une priorité pour moi, d’abord, c’est la musique, puis l’infotainement, en devenant animateur de jeux. Je ressentais le besoin de faire ces métiers et de pouvoir en vivre, c’est agréable et me laisse du temps pour faire ce qui me plaît. » Très humblement, le journaliste explique avoir des « capacités à » faire tout ce qu’il entreprend depuis ses débuts, opérant une distinction entre ceux qui ont du talent, qui réussissent à partir d’une page blanche à écrire une chanson intemporelle, et ceux qui ont des capacités. A demi-mots, il reconnaît que sa personnalité peut jouer, un peu, cette empathie qui lui permet de s’adresser à chaque téléspectateur, quel que soit le plateau d’où il officie. Y mettre de soi, sa sensibilité, son regard, sa voix, Thierry Baumann le fait, naturellement. Pourtant, si tout le monde s’accorde à le reconnaître, peu connaissent son parcours « davantage dans l’ombre que dans la lumière », comme il le définit, « c’est volontaire, tous les métiers sont à leur place. Mon projet de vie, j’espère pouvoir le montrer, l’écouter, un jour. Il y a plein de choses que j’aurais plaisir à faire. Si j’ai été journaliste dans la musique, c’est parce qu’il est parfois important de pouvoir incarner ce que l’on fait sans être en première ligne, d’avoir le recul nécessaire, d’accompagner, de mettre en avant la musique des autres, c’est cela qui m’a touché. » L’accompagnement, Thierry Baumann le traduit sous toutes ses formes, y compris en média training, en aidant ceux qui doivent prendre la parole à se sentir à l’aise « c’est mon devoir de journaliste », tel qu’il a pu le voir au cours de ses innombrables interviews. Transmettre, aider, accompagner, mettre en lumière les autres : une philosophie de vie, en somme. « Je prends beaucoup de plaisir à transmettre, pas seulement la musique et les émotions, mais aussi ce que j’ai en moi, naturellement. Quand on est autodidacte, on ne voit pas les embûches, on perd du temps parfois, on apprend, et dès lors on a envie de transmettre les raccourcis, sourit-il, Ce faisant, on se sent utile, on se nourrit les uns des autres, ce sont les principes même de la communication. On parle de ce que l’on a connu, on est légitime quand on peut parler de faits qui concernent notre propre expérience, pas des phrases génériques de gens qui détiennent la vérité. Et je me sens libre également, de faire ma musique, ce qui me plait, c’est l’essentiel : faire ce qui nous anime, ce dont on a besoin. » 

Présent pour écrire une nouvelle histoire : le Festival

Passionné, investi, il est également toujours très curieux de nouvelles aventures et celle d’une première édition de festival du cinéma ne pouvait lui faire plus plaisir. Lui qui a toujours aimé raconter des histoires, leur contexte, leur environnement, qui en tant que comédien verra forcément les choses sous un angle intérieur, saura s’adresser aux acteurs dans une langue qu’il maîtrise, grâce à l’ensemble de ses expériences sera au Festival du Cinéma Français d’Aix, comme un poisson dans l’eau. « Je suis très sensible à ces nouvelles aventures, à l’énergie, la passion, l’élan c’est unique à vivre, ce sont de très bons ingrédients. » Lui-même directeur artistique et programmateur du Festival Generason du Réservoir à Paris, permettant de découvrir de nouveaux artistes, il connaît les contraintes et les moyens dont disposent les organisateurs de tels événements. « Quand Valérie Thuillier et Franck Presti m’appellent, quand on entend leur passion et leur envie particulière d’écrire une nouvelle histoire, le principe est le même : celui de révéler de nouveaux talents, de célébrer le cinéma, catalyseur d’émotions. Le cinéma, comme la musique, peut souffrir du manque d’exposition, le plus important est que les grands groupes qui génèrent des blockbusters laissent la place, que les médias relaient toute cette matière, afin de distinguer les vrais talents, c’est ça l’enjeu. » Enfant de la région, il souhaite contribuer à la transmission d’un art de vivre, de l’environnement qu’il qualifie d’écrin « Aix-les-Bains va être un écrin, vecteur d’émotions. Cela se ressent dans la création du Festival tel qu’il est présenté, relayé. Ce festival va permettre de découvrir des acteurs, ouvre de nouvelles opportunités multiples et incroyables. Ma démarche sera la même que lorsque j’interviewe des artistes, celle d’aller déceler la part authentique, d’aller chercher la vérité du partage. Ce n’est pas tout de le dire, il va falloir le faire. Et c’est un grand plaisir de pouvoir partager ces métiers satellites, aussi en tant que comédien. La notion d’accompagnement est très importante ici, le festival, c’est aussi tout ce qui se passe autour, le crédit qui lui sera accordé, la façon dont cela sera critiqué. Je souhaite longue vie au festival, exposer de nouveaux talents est une très bonne nouvelle. »  Il semble donc que cette première édition du Festival bénéficiera d’une présentation aussi flamboyante que le lac du Bourget sous les rayons du soleil aixois…

 

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