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Grand Lac met ses habitants à contribution, pour inventer l’avenir (proche) de son territoire

Par Laura Campisano • Publié le 04/03/22

C’était une soirée inédite, interactive, réunissant les élus du territoire Grand Lac et les habitants, au Centre culturel et des congrès André-Grosjean d’Aix-les-Bains ou derrière leur écran. Mercredi 2 mars 2022 avait lieu le lancement de la grande consultation « Inventons Grand Lac à l’horizon 2030 », pour réfléchir à la manière de vivre sur le territoire, l’impact des usages et de quelle manière réussir une transition écologique durable, dans les 28 communes qui le composent comme dans la nature. Pour cela, les habitants sont donc mis à contribution, tant pour trouver des axes d’amélioration et de préservation d’une qualité de vie que nombreux leur envient, que pour œuvrer à baisser l’impact collectif des activités humaines sur l’environnement.

Emplacement privilégié, qualité de vie, dynamisme économique : le territoire semble rassembler toutes les qualités manquant aux grandes villes métropolitaines. Cela a bien sûr un impact fort, en termes de démographie, et donc de mobilités, de transport, d’hébergement, d’économie…de pollution. Si tous s’accordent à dire qu’ils veulent préserver ce paradis, les élus ont la responsabilité de maintenir une qualité de vie pour tous, habitants, faune, flore et espaces naturels. C’est en ce sens que cette consultation est apparue nécessaire à l’ensemble des élus Grand Lac et à quelques centaines d’habitants, présents pour le lancement de ce projet de territoire.

Point de départ de la réflexion : explosion démographique et dynamisme économique

Selon un aphorisme répandu, il faut savoir d’où l’on part pour savoir où l’on va. L’Agence alpine des territoires (l’AGAT) s’est chargée de regarder à la loupe comment se présentait le territoire de Grand Lac, et quels étaient les deux grandes tendances évolutives qu’il convenait de surveiller de près. Sans surprise, il s’agit de la démographie et de l’économie. En effet, la population du territoire qui entoure le lac du Bourget a doublé en 50 ans, passant de 38 200 habitants à presque 80 000 en 2021, « si le taux de croissance se poursuit de cette manière, en 2030, nous atteindrons les 93 000 habitants », précise Jean-Marie Guillot, agent de l’AGAT, « cette croissance démographique est un peu spécifique au territoire Grand Lac, puisque le solde migratoire est élevé (78%) tandis que le solde naturel est faible (22%) ce qui est à l’inverse de la moyenne nationale, où le solde naturel est de 88%. Cela signifie qu’il n’y aurait donc pas de croissance démographique sur le territoire sans le solde migratoire, voilà pourquoi l’un des enjeux est d’accueillir davantage de familles et de jeunes. » Enjeux de taille signifient bien entendu associer les habitants à écrire une nouvelle page pour les années à venir : « Avec les collègues de Grand Lac, les maires des communes du territoire, nous sommes persuadés que de nos jours on ne peut plus bâtir seul des politiques publiques », exposait Renaud Beretti, président de Grand Lac et maire d’Aix-les-Bains, « Grand Lac doit être au service des communes et les habitants doivent contribuer à l’élaboration de ces politiques publiques, pour aujourd’hui, mais aussi en préparant l’avenir. » D’où l’horizon 2030, huit années pour se préparer au mieux en fonction du point de départ et des obstacles, tels que l’a rappelé le GIEC il y a quelques jours. Bien sûr, si certaines choses doivent être faites, tout n’est pas parfait, a reconnu Renaud Beretti, et c’est la raison pour laquelle Grand Lac compte sur le soutien, les idées et la motivation des habitants pour contribuer à ce que des choses aillent « encore mieux. Il faut que ce soit vous qui l’imaginiez avec nous, pour un territoire qui nous ressemble, parce qu’on y est attaché, et qui nous rassemble, car ces enjeux-là doivent être partagés, » a ajouté l’élu.

Un travail de concertation mené tambour battant, jusqu’à fin d’année 2022

Tout au long de la soirée, présentée par le journaliste Raphaël Sandraz, internautes et participants en présentiel pouvaient adresser leurs questions aux élus, sur un numéro dédié, par sms, interagir à un quiz, durant la conférence donnée par Walter Bouvais, ancien journaliste et spécialiste de la transition énergétique et écologique proposant de « réparer la Terre ». A l’issue de la discussion et de la présentation de ce projet de territoire, des ateliers attendaient l’ensemble des participants. Tout a donc été prévu pour que les habitants de Grand Lac soient le plus intégrés possible dans cette démarche et Florian Maitre, vice-président de Grand Lac en charge des mobilités, a donné le détail de la suite des travaux, après la soirée de lancement. D’abord, le lancement d’un site dédié à ce projet de territoire le jour-même de cette première soirée :« Ce temps de rencontre durera 120 jours, jusqu’en juin 2022 », a-t-il expliqué, « le temps suivant sera dédié à l’écriture et à l’adoption de ce projet de territoire, de juin à octobre, et enfin le dernier temps s’étalera d’octobre à 2030. Bien sûr, il y aura une grosse partie numérique, une grande enquête, sur trois axes, territoire durable, territoire attractif et territoire du quotidien. Dans les trois prochains mois, la population sera invitée à participer à trois soirées, à Vions, Voglans et Grésy-sur-Aix, des rencontres seront organisées avec les socio-professionnels et associations du territoire, les agents de Grand Lac et des communes qui le constituent, les élus, et cela a déjà commencé depuis fin 2021. De plus, un panel d’une cinquantaine de personnes, représentant la sociologie du territoire est associé à ces travaux. Et, ce qui nous a semblé incontournable et plus que primordial, était de rencontrer la jeune génération, avec les éco-délégués des collèges de notre territoire Grand Lac. » En tout, 15 temps de concertation auront lieu, un travail intense, d’une réunion par semaine en moyenne, qui devrait s’achever fin 2022 avec une autre soirée de retour des travaux vers la population. Parallèlement, un conseil de développement local sera créé, pour suivre la déclinaison de ce projet de territoire. « Ce ne sera pas une coquille vide », a prévenu Renaud Beretti, « c’est une obligation légale pour les élus de créer ce conseil, mais nous avons besoin de citoyens motivés. Ce projet de territoire n’est pas un gadget pour nous faire plaisir, c’est un travail commun. » « Nous avons besoin du plus de participants possible, car plus il y aura de participants, plus l’engagement moral sera fort pour les élus de Grand Lac », a plaidé Florian Maitre, « c’est un rare temps de respiration démocratique, pour faire en sorte que les habitants deviennent des citoyens-acteurs. » Avec un budget de 96 millions d’euros investis sur quatre ans, déjà budgétés, ce projet de territoire n’a rien d’une coquille vide, comme le souligne Walter Bouvais, saluant une démarche assez « exemplaire, tant sur le fond que sur la forme. » Au cours de sa conférence, il a rappelé qu’à l’échelle de la planète, le poids que représentaient les humains n’était « que » de 0,01% et qu’il était important de prendre conscience de l’impact des activités humaines sur la planète. En seulement 3 millions d’années de présence sur Terre, les ressources de la planète existant depuis 4,5 milliards d’années ont été totalement dévorées, dépassées. A la lumière de cette réflexion, en prenant davantage de hauteur, on comprend l’importance de la préservation des espaces naturels de nos territoires. Le territoire Grand Lac, d’une superficie d’environ 35 km², et couvert à 75% d’espaces naturels, fait partie de cette équation, qui nécessite que l’on s’y intéresse, vraiment, maintenant.

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