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Présidentielle 2022 : le parti radical s’invite dans la campagne avec ses 101 propositions remises à Emmanuel Macron

Par Jérôme Bois • Publié le 22/03/22

A quelques jours du terme d’une campagne qui n’a jamais décollé, le parti radical avance ses pions et a produit un manifeste de 101 propositions, remis au président – candidat Emmanuel Macron en février. But de la manœuvre, apporter du fond quand cette campagne s’enlise dans un affrontement d’hommes et de femmes. Certaines propositions ont d’ores et déjà été reprises par le chef de l’Etat.

« De la densité » , voilà bien ce que souhaitait apporter le parti radical à une campagne de forme, d’invectives et désespérément creuse, montrer que ce parti qui a fêté ses 120 ans l’année dernière possède une colonne vertébrale qui lui a permis de franchir les époques, les gouvernements et de placer des pions à lui sous de nombreuses présidences. Pierre Mendès-France, Edouard Daladier, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jean-Michel Baylet, Jean-Louis Borloo et aujourd’hui Laurent Hénart, Sylvia Pinel et Annick Girardin ont fait les beaux jours de ce mouvement, parfois dans la discrétion.

Joël Giraud, ministre de la cohésion des territoires, et Ludovic Vulliermet, président de la fédération de Savoie du parti radical

C’est dans la même discrétion que le PR resurgit aujourd’hui « pour faire passer un message » , avance Ludovic Vulliermet, président de la fédération de Savoie, « nous ne sommes pas là pour espérer une place derrière mais pour apporter du fond. Il faut que la majorité présidentielle redevienne ce qu’elle était. Clairement, nous ne sommes pas là pour chercher une gamelle ».

Des « vigies de la République »

En effet, le parti radical s’est inséré dans la majorité au même titre qu’Agir, Territoires de progrès, En Marche,  le MoDem et Horizons, réussissant à placer deux de ses serviteurs dans le gouvernement (Joël Giraud, ministre de la cohésion des territoires et Annick Girardin, ministre de la mer), et veut faire entendre sa voix et mettre ses valeurs au service de l’agrégat présidentiel.Le parti radical lanceur d’alerte ? Il y a de ça, à vrai dire, « et il n’est pas trop tard pour le faire » , signale Ludovic Vulliermet, « ce manifeste de 101 propositions, nous l’offrons à la majorité présidentielle, on préfère agglomérer sur des valeurs clairement identifiées. Notre démarche vise à asseoir un ancrage fort plutôt qu’à faire du ralliement de flux » , tacle appuyé à celles et ceux qui jouent des coudes pour se faire une place au soleil, à la droite du président Macron. Les récents ralliements de Bertrand Delanoë et de celui, hypothétique mais évoqué, de Nicolas Sarkozy sont de nature à brouiller les pistes pour des électeurs en quête de sens. « Nous nous voyons comme des vigies de la République, cette campagne est trop axée sur les personnes. La majorité doit se structurer autour d’une ligne claire ». Ce manifeste est aussi l’occasion pour le parti radical de revenir un peu à la lumière, « nous devrons nous montrer plus communicatifs à l’avenir » , atteste Daniel Lardenois, en charge de la communication de la fédération, « nous allons nous faire connaître un peu plus ».

Moins de bac, plus de laïcité et d’Europe

« Fruit de trois années de travail » , selon Laurent Hénart, président du parti radical, ce manifeste, auquel a participé Ludovic Vulliermet « est né de la base, fruit d’une intelligence collective, nous n’avons pas eu besoin d’embaucher des penseurs ou des gourous intellectuels pour le bâtir ». Entériné lors du congrès du parti le 2 décembre 2021, il a été remis en mains propres par Laurent Hénart à Emmanuel Macron le mois dernier.

Laurent Hénart, président du parti radical, s’est vu remettre ses insignes de chevalier de la Légion d’honneur par Edouard Philippe le 12 mars

Socle idéologique de ce vieux parti, la laïcité, son moteur, sa mamelle, élément prépondérant d’une colonne teintée de social-libéralisme, de fédéralisme et d’Europe, comme en témoignent les 101 points de ce document. Parmi les propositions phares qui le composent, la limite des mandats dans le temps, avec un retour au septennat non renouvelable. Le PR se dit aussi favorable aux fusions de communes plus que des intercommunalités, au vote électronique, « un tabou en France » et la limitation du nombre de mandats locaux successifs à trois. Par ailleurs, les radicaux ont toujours été attachés à une Europe plus forte, plus fédérale, avec l’élection au suffrage universel direct du président de l’UE, l’instauration et l’harmonisation d’une fiscalité européenne, la création d’une police fédérale européenne… Sur le plan national, la proposition 33 suggère la création de centres et maisons de santé supplémentaires sur les quartiers prioritaires, la 39 indique vouloir faire de la rue « un espace public protégé » tandis que le terme « laïcité » s’ajouterait à la devise de la République. Une laïcité qui devra être enseignée dès le plus jeune âge. Choc de simplification administratif, développement du système de consultation des citoyens sur le modèle des votations suisses, promotion du handisport, suppression du baccalauréat, investir dans une filière nucléaire innovante figurent également dans ce rapport minutieux, étayé, de 26 pages, témoin d’une idéologie forte de 120 années d’existence.

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